Alors qu’Evan Fournier venait d’égaliser (80-80) d’un (déjà) énorme shoot de loin, Matthew Strazel avait été sanctionné sur la remise en jeu. Les Bleus dans la pénalité, Yuki Kawamura pouvait redonner l’avantage à son équipe aux lancers-francs. Il restait alors une quarantaine de secondes à jouer dans cette rencontre.
Des ratés d’Evan Fournier et Victor Wembanyama plus tard, le meneur japonais donnait carrément quatre points d’avance à son pays (84-80). Avec 16 secondes encore à l’horloge, ça sentait alors très, très mauvais pour les Bleus…
Un 3+1 miraculeux
Tous les Bleus confessaient alors que, même si rien n’est jamais fini dans le basket, ils sentaient bien que le match leur filait entre les doigts, et que l’horizon s’obscurcissait. Mais c’était l’heure du miracle Matthew Strazel.
C’était l’heure de ce 3+1, un panier avec la faute de Yuki Kawamura à dix secondes de la fin. Pour égaliser !
« J’étais libéré, en confiance. Rudy a eu la lucidité de me sortir le ballon au bon moment, je me suis mis dans une position préférentielle parce que j’aime bien les tirs quand je sors de ma main gauche. Donc je suis content que ça tombe dedans et d’avoir pu arracher cette prolongation, qui s’est transformée en victoire » explique le héros.
Vincent Collet avoue avoir été surpris que le meneur adverse se jette autant sur le tir, alors qu’avec quatre points d’avance, il valait mieux ne pas contester les shoots. Mais la France ne s’en plaindra pas…
« Je l’ai déjà vu faire des trucs comme ça à l’entraînement » confie Guerschon Yabusele. « C’est quelqu’un qui a beaucoup de confiance en lui. Il peut encore améliorer beaucoup de choses mais il est sur sa lancée. »
« Même si je connais Matthew, c’est probablement, le meilleur shoot de sa vie », confirme Victor Wembanyama, qui évoluait à ses côtés lors du Mondial U19 où les Bleus avaient obtenu l’argent, en 2021. « C’est toujours une chance d’être témoin de ce genre de scénarios. C’est l’éloge de la lenteur. Il a pris un chemin long et compliqué jusqu’au niveau professionnel, gagnant chacune de ses minutes. Et ça paye. Je suis sûr que dans quelques années, et peut-être dans quelques mois, il aura un rôle majeur dans une équipe d’Euroleague. »
« Un jeune qui a vraiment envie »
Pourtant sorti du cinq majeur, remplacé par Andrew Albicy sur ce match, Matthew Strazel a gardé confiance.
« Je suis un joueur qui marche beaucoup à la confiance » explique-t-il, alors qu’il a fini le match avec 17 points à 5/9 au tir dont 4/7 de loin. « Quand je reçois de la confiance de mes coéquipiers et de mon staff, ça me procure des émotions. J’ai l’impression d’être bien meilleur et moi-même quand je vis le match. C’est un peu ma personnalité. »
Evan Fournier était ainsi fier de voir le joueur de l’AS Monaco ainsi mis en avant, alors qu’il était loin d’être assuré de faire partie de la liste des 12 de Vincent Collet pour ces Jeux olympiques.
« Je suis content pour lui. C’est un jeune qui a vraiment envie, qui a un parcours assez atypique. Je pense que c’est clairement le plus gros tir de sa carrière. C’était magnifique. Et puis il met le lancer derrière. Clutchissime. »
Est-ce le moment le plus fort de sa carrière en Equipe de France ?
« Après mes premières sélections pendant les fenêtres, ça va rester le plus grand moment de ma carrière. Pour le moment… » s’empresse toutefois de rajouter Matthews Strazel. D’autres miracles sont peut-être à venir.
Propos recueillis à Villeneuve d’Ascq