Comment se remettre d’un tel drame ? Il y a une semaine, les Warriors vivaient le pire : le décès d’un assistant, foudroyé en plein repas collectif d’une crise cardiaque. Deja Milojevic avait 46 ans et il était apprécié de tous. Ce soir, Stephen Curry et ses coéquipiers reprennent le chemin des terrains. Ce sera au Chase Center, face aux Hawks, et le meneur All-Star remercie Steve Kerr pour son soutien et ses mots pendant ces moments très compliqués.
« Il est tout simplement très humain. Ce que je veux dire, c’est que le basket est important, mais ce n’est pas et ça n’a jamais été la priorité quand il s’agit de sa capacité à gérer les gens, son staff, l’équipe, à gérer les hauts et les bas » rappelle Stephen Curry. « C’est cette raison, que dans une expérience aussi traumatisante que celle-ci, cela rayonne plus que jamais. Parce qu’il a une façon de parler qui est sincère, quand il prend soin de chacun et qu’il fait passer la personne avant tout. Tout ça fait écho quand il a parlé de Deki ».
Ron Adams a consolé Steve Kerr
Cette humanité a toujours été présente chez le coach des Warriors, qu’il s’agisse de crier sa colère contre les fusillades aux Etats-Unis, ou de prendre dans ses bras un Draymond Green en pleine dépression. Mais Steve Kerr s’est lui-même effondré dans les bras de son fidèle assistant Ron Adams.
« Je m’appuie tellement sur Ron Adams… Ron est un mentor pour moi, un entraîneur extraordinaire pour tous nos joueurs et nos coaches. Je m’appuie sur sa sagesse et je lui ai demandé, il y a quelques jours, comment nous allions continuer. Qu’est-ce qu’on fait ? » lui demande Steve Kerr.
Ron Adams lui répond qu’il est la personne idoine pour gérer ses moments-là. Par ses mots et son attitude, Steve Kerr est plus qu’un coach. C’est un leader sur et hors des terrains. Ses joueurs l’ont toujours suivi. Les yeux fermés.
Une prise de parole devant les joueurs, les coaches et la famille
« Toutes les choses qu’il a prêchées depuis que je suis ici », répond Kevon Looney à propos du message de son entraîneur. « La joie. L’amour. Le fait que c’est un privilège d’être en vie et de jouer au basket. Quand il se passe quelque chose comme ça, c’est bien d’avoir quelqu’un qui est cohérent dans son message. Il a vu beaucoup de choses à travers le basket. Il a vécu beaucoup de choses. Il sait donc à quel point il est difficile pour une équipe d’aller de l’avant et pour les gars de faire face à ce type de chagrin. Il n’est pas du genre à dire : ‘Jouez maintenant’. Il connaît l’ampleur de la situation. Il n’y a pas de meilleur leader que Steve en ce moment ».
Et c’est même Steve Kerr qui a pris la parole lorsque le décès de « Deki » a été confirmé par les médecins. Lui et les autres membres de son staff étaient restés toute la nuit à l’hôpital, dans l’attente de bonnes nouvelles. Puis ils sont revenus à l’hôtel, ils ont réuni les joueurs, mais aussi l’épouse et les enfants de Milojevic, qui avaient fait le déplacement pour cette rencontre depuis Hawaï, où évolue Nikola.
« Il n’y a pas de mots pour décrire ce genre de moment », rapporte Stephen Curry. « Mais lorsqu’il a été le premier à s’exprimer, il n’a pas eu peur et a fait de son mieux pour affronter ce moment avec sincérité et respect pour ce que Deki représentait pour nous tous. Il s’est retrouvé le premier à parler devant toute la délégation qui voyageait, et devant la famille de Deki… Il n’était pas obligé de le faire. Mais il a choisi de le faire. »
Quarante ans après l’assassinat de son père
Un moment que Steve Kerr n’oubliera jamais. D’autant que le décès de Milojevic est intervenu la veille du triste anniversaire de l’assassinat de son père. C’était il y a 40 ans, au Liban.
« J’y ai vraiment pensé », reconnaît l’assistant Bruce Fraser, proche de Steve Kerr depuis l’époque où ils jouaient à Arizona. « Comment son expérience personnelle du deuil lui a permis de comprendre le chagrin et la tristesse de la famille de Deki. Je l’ai senti en le voyant réconforter la famille et se préoccuper d’elle. Je l’ai ressenti. Il a vécu cela à un jeune âge et il sait ce que c’est. Il a été touché aussi durement que n’importe qui d’autre. Il a dû en assumer la charge pour tout le monde. Il a aidé la famille, notre équipe, notre staff, toute notre famille ainsi que la famille proche de Deki. Il n’y a personne de mieux dans des moments comme celui-ci. J’ai pensé plus d’une fois à la façon dont il allait s’en sortir alors qu’il était en train de relever tous les autres. »
Steve Kerr s’en est sorti, mais il n’oubliera pas cette soirée dans un restaurant italien de Salt Lake City.
« C’est la chose la plus triste que j’ai vécu en NBA… Quand nous perdons quelqu’un qui nous est si proche, et surtout quand nous voyons sa famille souffrir. Ces cinq derniers jours ont été remplis de tout cela : le choc, l’émotion, l’extrême élan d’affection de la part du monde entier. »