Ja Morant a donc intégré un centre de soutien psychologique en Floride suite à ses déboires extra-sportifs. Écarté du groupe de Memphis en attendant les résultats de l’enquête de la NBA suite à sa sortie dans un club de strip-tease avec une arme à feu, le meneur avait rapidement expliqué « prendre un peu de temps pour obtenir de l’aide et travailler afin d’apprendre de meilleures méthodes pour gérer le stress et mon bien-être général ».
Le sujet de la santé mentale et du bien-être psychologique des joueurs a trop longtemps été totalement occulté et doit logiquement être pris au sérieux. Pas question d’y voir donc une simple stratégie de communication ou d’enfumage de la part du meneur. Mais la question ne doit toutefois pas non plus faire oublier les autres.
Et notamment celle de l’entourage de Ja Morant et de cette « ambiance de gang » dans laquelle il semblait tant se plaire. Une situation qui rappelle celle de Carmelo Anthony, comme le note Andscape.
« J’ai été inculpé pour avoir consommé de l’herbe. J’ai eu cette accusation de conduite en état d’ivresse [en 2008]. L’affaire Stop Snitchin’. Je me suis disputé avec Larry Brown. C’est à ce moment-là que Bron (James) est devenu le héros et moi le méchant »
Drafté en 2003 après son titre NCAA avec Syracuse, « Melo » arrive ainsi dans une équipe de Denver extrêmement jeune. Les Nuggets pensent faire revenir LaPhonso Ellis pour lui servir de mentor mais il n’en sera finalement rien, et l’ailier regrettera plus tard de ne pas avoir eu de vétéran dans les Rocheuses pour l’initier à la NBA.
Car après une bonne saison rookie aux côtés d’Andre Miller, Nene Hilario ou Marcus Camby où il ramène les Nuggets en playoffs, les ennuis s’accumulent pour Carmelo Anthony à partir de l’été 2004. Sa campagne olympique aux JO d’Athènes fut ainsi complètement ratée. Refusant de revenir en jeu lors du premier match de la compétition, perdu par Team USA (92-73) face à Porto-Rico, parce que ses coéquipiers avaient critiqué ses tirs, il passa globalement le reste de la campagne sur le banc, Larry Brown le traitant même « d’égoïste ».
Seul dans sa chambre d’hôtel en Grèce, l’ailier déprime et son retour aux Etats-Unis n’est pas plus simple. En septembre 2004, sa petite amie La LA Vasquez se fait cracher dessus par son ancien petit ami, Sugar Ray, dans une boîte de nuit de New York. Carmelo Anthony s’est-il battu avec Sugar Ray dans la foulée ? Le basketteur dément mais trois hommes assurent avoir une vidéo, et lui réclament trois millions de dollars pour ne pas la diffuser.
Un mois plus tard, Carmelo Anthony embarque dans l’avion des Nuggets avec un peu de marijuana sur lui. La police de Denver laisse tomber les charges alors que Melo assure que la drogue n’est pas à lui.
Quelques semaines plus tard, il apparaît dans un DVD underground, Stop Snitchin’, dans sa ville natale de Baltimore. Ce DVD « met en garde » toutes les personnes qui voudraient alerter la police ou servir d’informateurs contre les activités illégales, en particulier la vente de drogue, ayant lieu dans les rues de la ville.
« À ce moment-là, j’ai vraiment dû me concentrer sur le basket parce que des tas de choses se passaient », expliquait Carmelo Anthony au podcast Million Dollaz Worth of Game l’an passé. « J’ai été inculpé pour avoir consommé de l’herbe. J’ai eu cette accusation de conduite en état d’ivresse [en 2008]. L’affaire Stop Snitchin’. Je me suis disputé avec Larry Brown. C’est à ce moment-là que Bron (James) est devenu le héros et moi le méchant. »
« Tu veux être dans la rue ou en NBA ? Tu te frottes à une corporation là. Je sais avec qui tu traînes. Je sais qui vit chez toi. Je sais quand tu fermes les yeux, quand tu te réveilles. Je sais ce que tes amis font. Soit tu leur dis d’arrêter soit tu coupes les ponts »
Face à la réussite sportive de LeBron James, Carmelo Anthony cherchait visiblement une réussite différente.
« Je suis devenu un méchant aimé. J’avais l’amour de la rue. J’avais cette philosophie du quartier, de tous les quartiers. Je ne savais pas comment être le héros mais je savais comment être le méchant. C’est la seule chose que j’ai connue en grandissant, mais après quatre ou cinq ans dans la ligue, j’ai réalisé qu’on pouvait me l’enlever. »
En fait, c’est David Stern qui va se charger de le lui faire réaliser. Le 16 décembre 2006, Carmelo Anthony est ainsi impliqué dans une grosse bagarre au Madison Square Garden. Il écopera de 15 matchs de suspension et d’un tête-à-tête musclé avec le patron de la NBA de l’époque, qui lui fait comprendre qu’il doit changer.
« Tout le monde en avait pris pour six ou sept matchs. Je vais lui parler et je lui demande pourquoi il m’a mis une telle suspension. Il m’a dit que c’était pour mon casier judiciaire. ‘Est-ce que tu veux être dans la rue ou en NBA ? Tu te frottes à une corporation là. Il faut que tu changes. Je sais avec qui tu traînes. Je sais qui vit chez toi. Je sais quand tu fermes les yeux, quand tu te réveilles. Je sais ce que tes amis font. Soit tu leur dis d’arrêter soit tu coupes les ponts’. Et je me suis dit : ‘Merde’. C’est là que j’ai su que la NBA travaillait avec les fédéraux. Il m’a dit : ‘Je dois faire un exemple avec toi. Je sais qui fait quoi.’ J’avais compris. ‘Si je te donne 100 millions de dollars, alors je dois tout savoir’. Je n’avais pas saisi ça à l’époque. Ça m’a pris du temps pour comprendre que c’était logique. »
Carmelo Anthony a alors mis de l’ordre dans son entourage, sa mère et sa femme de l’époque, La La Anthony, étant désormais plus impliquées pour protéger sa vie quotidienne. Les amis évoqués par David Stern ont dû quitter sa maison. Marcus Camby, Kenyon Martin, Bryon Russell le surveillaient de près, tout comme Dwayne Molyneaux, qui faisait la liaison entre le joueur et les Nuggets. Robert « Bay » Frazier, un proche de Baltimore, est venu l’épauler au quotidien alors que Marni Colbert, l’assistante personnelle de Marcus Camby, l’aidait à gérer ses affaires courantes. Un grand ménage nécessaire, et auquel Ja Morant va désormais également sans doute devoir s’atteler.