« Il y a plus important que le basket, quelqu’un que nous connaissons tous a eu 95 ans aujourd’hui, et ce n’est pas moi », lâchait Gregg Popovich, avec une pointe d’ironie caractéristique, en octobre dernier à l’ouverture de la saison des Spurs. La 50e de leur histoire. L’homme auquel le coach faisait alors référence ? B.J. « Red » McCombs, décédé il y a deux jours.
Peu connu dans la galaxie NBA, ce milliardaire – l’un des trois ressortissants de San Antonio figurant dans le classement Forbes des personnes les plus riches du monde en 2022 – était, à entendre Pop aujourd’hui, « une véritable icône, une légende du Texas. Il est impossible d’estimer l’impact qu’il a eu sur la ville de San Antonio. »
Un « pilier » de l’histoire moderne de San Antonio et un « titan » de l’économie locale
« Red était un entrepreneur visionnaire qui a touché de nombreuses vies et influencé notre communauté de manière incommensurable », rend hommage sa famille dans un communiqué, tandis que le maire de la ville, Ron Nirenberg, salue « un pilier de l’histoire moderne de San Antonio et un titan de notre économie locale ».
Au-delà de ses dons, à coups de dizaines de millions de dollars, accordés à plusieurs universités ou centres de recherche locaux, l’homme, qui a fait fortune dans le monde de la concession automobile, s’est fait connaître pour ses investissements dans le monde du sport. Dont les Spurs, sa plus grande fierté.
R.I.P. Red McCombs. He was a legendary figure in San Antonio, and had a huge impact in my life. We will miss you!
— David Robinson (@DavidtheAdmiral) February 20, 2023
En 1973, le spécialiste de l’automobile s’associe avec son ami Angelo Drossos et prend la tête d’un groupe de 30 investisseurs locaux pour faire venir les Dallas Chaparrals, une équipe ABA depuis 1967, à San Antonio. C’est là que le nom « Spurs » est accolé à l’équipe arrivante.
En plus d’être une référence directe aux éperons des bottes de cow-boys, cette appellation est aussi, selon certaines sources, un moyen de rendre hommage à la ville de Spur, dans le Texas, où est né Red McCombs. « Cela en dit long sur son influence sur les Spurs », commente George Gervin.
En 1982, alors que l’équipe est bien installée dans la NBA avec plusieurs participations aux finales de conférence, le propriétaire décide de changer de cap en rachetant les Denver Nuggets. Pour un mandat de courte durée car quelques années plus tard, il revient à ses premiers amours texans. En 1988, il doit mettre 47 millions de dollars sur la table pour racheter les Spurs à son ami, Angelo Drossos.
Avant-gardiste dans le recrutement
1988, année charnière dans l’histoire des Spurs qui viennent de drafter David Robinson un an plus tôt, mais également de recruter Larry Brown comme coach. Celui-ci, tout juste sacré en NCAA avec Kansas, va faire équipe avec un autre nouveau venu sur les bancs NBA : Gregg Popovich, 39 ans. Red McCombs a été son premier patron dont il garde ce souvenir : « Quand j’ai vu ce grand bonhomme arriver avec ses grosses bottes de cow-boy, son manteau de fourrure et son grand chapeau texan, je me suis demandé : ‘Mais où est-ce que j’ai atterri ?’. Mais j’ai beaucoup appris de lui, c’était le patron. »
« Il a fait venir Pop et R.C. Buford – c’est assez incroyable. Je pense que Red a toujours essayé d’être à l’avant-garde, en recrutant Larry Brown, Tark (ndlr : Jerry Tarkanian qui a remplacé Brown), en faisant venir John Lucas… Embaucher Luke était courageux », qualifie George Gervin en allusion au fait que John Lucas a été le premier coach noir de l’équipe.
Même après avoir vendu l’équipe en 1993, pour 75 millions de dollars, Red McCombs est resté un fidèle supporter des Spurs. Il commençait souvent ses interviews en soulignant son optimisme quant aux chances des Spurs de remporter le titre. « Quand on me demande ce que je pense être la chose la plus importante à laquelle j’ai participé à San Antonio, sans hésitation, je dis les Spurs. Sans aucun doute, ce sont les Spurs », lâchait-il en 2015.