Sur le papier, le déplacement des Cavaliers chez des Pistons fortement diminués, un dimanche soir, avait tout d’un piège. Une impression qui s’est confirmée sur le terrain, puisqu’il a fallu attendre le quatrième quart-temps pour enfin voir les Cavs se détacher et valider leur cinquième victoire en six matchs.
Une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas Donovan Mitchell (32 points, mais à 9/23) ou Darius Garland (19 points et 10 passes, mais à 4/19) qui se sont le plus mis en évidence, mais bien Evan Mobley : 20 points et 13 rebonds en 40 minutes, à 8/12 aux tirs.
« Nous ne voulions pas tout mettre sur les épaules de [Donovan Mitchell] et [Darius Garland]. Voilà pourquoi [Evan Mobley] était si important de chaque côté du terrain. Il nous a sauvés quand tout le monde était en difficulté », réagissait après coup son coach, J.B.
Bickerstaff.
« Il a été vraiment agressif, c’est la raison pour laquelle nous sommes restés dans le match pendant les trois premiers quarts-temps », estimait de son côté Donovan Mitchell, au sujet de celui qui a reçu les louanges de… Giannis Antetokounmpo, ce week-end.
Le « game-changer » des Cavs
Surtout, Evan Mobley s’est illustré dans un domaine plutôt inhabituel pour lui : le shoot extérieur. Avec son 2/2 à 3-pts, il a ainsi inscrit plus d’un panier primé pour la première fois de la saison. Lui qui tournait, avant cette nuit, à un très faible 16% de réussite derrière l’arc, en moins d’une tentative par rencontre (contre 27% désormais).
« Je me sens plutôt à l’aise et, sur ces deux [tentatives], je me sentais même très bien [au moment de les prendre]. Elles sont tombées dedans, donc c’était bien d’éprouver cette sensation. Je vais continuer, continuer de shooter quand je suis ouvert et continuer dans le même temps d’attaquer le cercle, pour [que mes adversaires] respectent [mon tir et mes pénétrations] », annonçait le jeune intérieur.
À seulement 21 ans, Evan Mobley semble conscient que le plafond collectif de Cleveland sera déterminé, en partie, par ses progrès individuels, notamment ceux qu’il fera en attaque et au shoot extérieur. Une opinion justement partagée par son entraîneur, qui l’encourage à continuer de travailler sur son tir.
« C’est un game-changer, il change la donne », jugeait à ce propos J.B. Bickerstaff. « Quand vous avez des joueurs qui peuvent mettre la pression dans la peinture comme les nôtres, et surtout quand Evan [Mobley] joue pivot, cela écarte le protecteur de cercle adverse de la raquette. Cela va juste créer des opportunités plus faciles pour tout le monde autour, et pour lui aussi. […] Cela fait partie des choses sur lesquelles il travaille [le shoot à 3-pts]. Il en tente une tonne à l’entraînement et il apprend encore où se situent ses positions préférentielles. Ses coéquipiers remarquent quand il est ouvert et ils lui donnent le ballon. »
La clé de la réussite de Cleveland ?
Du côté des autres joueurs des Cavaliers, on reconnaît également que la potentielle faculté d’Evan Mobley à sanctionner de loin peut métamorphoser le visage de l’équipe, car cela créera de nouvelles opportunités pour tout le monde…
« Si vous sortez sur lui et que vous le serrez de près, il peut vous effacer sur un dribble pour être déjà au niveau du cercle. C’est aussi un formidable passeur. Si vous venez en aide, alors quelqu’un sera grand ouvert », résumait ainsi Donovan Mitchell. « Il y a juste tellement de possibilités qui peuvent découler de tout ça. […] Vous l’avez vu réussir deux paniers à 3-pts [hier] soir, donc il faut respecter son shoot. Maintenant, [les défenseurs] doivent le surveiller et cela peut ouvrir le terrain à [Darius Garland], moi ou n’importe quel attaquant. »
Au-delà d’avoir marqué deux paniers à 3-pts face aux Pistons, Evan Mobley en a surtout planté un à un moment-clé du match : à cinq minutes de la fin, quand Cleveland et Detroit étaient à égalité (90-90). À partir de là, la franchise de l’Ohio a pris le jeu à son compte, pour terminer la rencontre sur un 12-4 !
Un processus lent
De bon augure pour la suite, tandis que les Cavs attendent qu’il se libère davantage (et plus souvent) en attaque.
« La régularité, c’est la base de tout », admettait l’intéressé, concernant son développement offensif. « Donc j’essaie juste d’être le plus régulier possible, de regarder un maximum de vidéos, de m’améliorer, d’attaquer là où je vois les meilleures options et de tirer le meilleur de chaque possession. Certains matchs ne vous souriront pas, mais il faut juste rester régulier, continuer de travailler et les choses se mettront éventuellement en place. »
Bien sûr, Evan Mobley ne deviendra sans doute jamais un shooteur de la trempe d’un Kevin Love par exemple, qui n’est autre que son coéquipier, mais ce n’est pas vraiment ce qui intéresse Donovan Mitchell.
« On ne s’attend évidemment pas à ce que cela vienne du jour au lendemain, il s’agit d’un processus et c’est déjà super de le voir prendre puis réussir ces shoots », ajoutait ainsi l’arrière All-Star, pour qui l’essentiel est ailleurs. « Mais, même quand ils ne rentrent pas, il faut continuer de les tenter et continuer de travailler. »
Evan Mobley | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2021-22 | CLE | 69 | 34 | 50.8 | 25.0 | 66.3 | 2.1 | 6.2 | 8.3 | 2.5 | 2.1 | 0.8 | 1.9 | 1.7 | 15.0 |
2022-23 | CLE | 79 | 34 | 55.4 | 21.6 | 67.4 | 2.4 | 6.6 | 9.0 | 2.8 | 2.8 | 0.8 | 1.9 | 1.5 | 16.2 |
2023-24 | CLE | 50 | 31 | 58.0 | 37.3 | 71.9 | 2.2 | 7.1 | 9.4 | 3.2 | 2.7 | 0.9 | 1.8 | 1.4 | 15.7 |
Total | 198 | 33 | 54.4 | 26.5 | 68.1 | 2.2 | 6.6 | 8.8 | 2.8 | 2.5 | 0.8 | 1.9 | 1.6 | 15.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.