Trisonya Thompson Abraham, agent de joueuses, compare ce choix à « jouer à la roulette russe, sans jeu de mots ». Comme d’autres, elle déplore que certains joueurs et joueuses envisagent encore d’aller s’expatrier en Russie pour le basket, malgré la situation de Brittney Griner.
Selon USA Today, qui consacre un long papier sur la question, au moins une trentaine de basketteurs ont déjà confirmé leur signature pour intégrer la ligue professionnelle supérieure de Russie. Chez les garçons, il est par exemple question de joueurs qui n’ont pas réussi à garder leur place en NBA, comme James Ennis, Vince Hunter ou Malcolm Thomas.
« Je crois qu’on devrait boycotter cet endroit. Ce n’est pas juste. On ne devrait pas soutenir ça, peu importe la quantité d’argent que cela représente. Signer de nouveaux contrats est totalement irrespectueux pour Brittney Griner et pour le basket féminin américain », tonne pourtant Aaron Goodwin, un agent NBA, qui dit avoir alerté le syndicat des joueurs NBA, et l’agent de la joueuse emprisonnée, lorsque équipes et agents russes l’ont approché cet été pour essayer de signer l’un de ses clients.
La position de l’administration Biden, qui qualifié d’ « inacceptable » la détention de la joueuse du Mercury, est sans équivoque sur la question : interdiction de voyager en Russie pour l’ensemble des citoyens américains « quel que soit l’objet du voyage ».
L’aspect contractuel en jeu
Mais la perspective de signer un contrat lucratif pèse dans la balance pour certain(e)s joueur(se)s. On se souvient qu’il y a quelques années, Milos Teodosic avait rejoint les Clippers avec un contrat moins intéressant que celui proposé par le CSKA Moscou. On se souvient aussi que Cherelle Griner, au moment d’appeler à la mobilisation de Joe Biden au sujet de sa compagne, avait déploré que cette dernière ait eu à s’expatrier à l’étranger chaque année, « parce qu’elle ne peut pas gagner assez d’argent en WNBA ».
« Typiquement, en tant qu’agent, je dirais : ‘Je peux te vendre l’aspect basket et financier, mais je ne vais pas te pousser dans une situation qui te mettrait mal à l’aise, te ferait hésiter ou surveiller tes arrières. Certains joueurs ont refusé des opportunités en Russie et je ne peux pas leur en vouloir. Tu es là-bas pour 10 mois, tu ne peux pas te décider et partir de crainte que quelque chose se passe », développe Andy Shiffman de Priority Sports qui représente des joueurs internationaux.
Expert en négociation d’otages cité par USA Today, Dani Gilbert considère que « les Américains se mettent en danger potentiel en voyageant dans des pays où les gouvernements ont montré leur volonté d’utiliser leur système de justice pénale pour prendre des Américains en otage ». Et préconise lui aussi de faire une croix un tel choix de carrière.
À voir si les instances basket américaines en viennent à prendre des mesures aussi fortes que celle de l’équipe de France qui ferme désormais ses portes aux joueurs signant en Russie.