Le mouvement, l’adresse, la dextérité, le style, la confiance insolente, même le maillot… ou presque. L’un porte le 30, l’autre le 3 et cette nuit, ils nous offert une performance quasi identique. Stephen Curry a terminé avec 34 points à 70% aux tirs et 5 sur 10 à 3-points. Jordan Poole a lui ajouté 29 points à 62% aux tirs et 5 sur 10 à 3-points.
Celle de Stephen Curry ne surprend pas, même s’il est devenu le premier joueur de l’histoire des playoffs à inscrire 30 points en 23 minutes depuis l’instauration des 24 secondes. Après tout, le double MVP fait ça depuis des années.
« Ça fait bien longtemps que je ne suis plus surpris quand il prend feu comme ça, » soupirait Steve Kerr après le match. « Il était un peu rouillé lors du Game 1 mais au fur et à mesure du match il était plus à l’aise. Et ce soir, dès son entrée, vous pouviez voir que ce n’était pas le même Steph. »
« C’est remarquable de voir les similitudes avec le ballon mais aussi sans le ballon »
Pour Jordan Poole, en revanche, qui vient seulement de disputer son deuxième match de playoffs, l’entraineur avait du mal à cacher sa surprise. « Je n’avais pas envisagé que Jordan jouerait à ce niveau en début de saison. Je ne l’avais pas imaginé mais il le mérite. Il bosse dur tous les jours, il croit en lui, il a le talent pour réussir. »
Il a également été un élève assidu de la Stephen Curry Academy. Que ce soit Steve Kerr, Mike Malone ou Draymond Green, tous décrivaient la similitude entre les deux joueurs.
« Certains de ses coups de chaud ce soir m’ont rappelé son coéquipier qui jouait sixième homme ce soir, » s’amusait Steve Kerr. « C’est remarquable de voir les similitudes avec le ballon mais aussi sans le ballon. »
Le mouvement sans ballon est l’un des points forts qui sautent aux yeux de l’entraineur des Nuggets, qui devra trouver une parade à ce duo incandescent lors du Game 3.
« Le joueur le plus dangereux est toujours celui qui vient de passer la balle et Stephen Curry en est l’exemple parfait » rappelle Mike Malone. « Il fait ça depuis des années. Il passe la balle, vous relâchez votre effort, et il sprinte pour prendre un écran et vous faire payer. Et Jordan Poole a pris des notes, il a fait ses devoirs, et il joue de la même façon. »
« Il a vraiment beaucoup étudié Steph et son imitation est incroyable ! »
Les mots choisis par les deux entraineurs pour décrire la relation Curry – Poole sont d’ailleurs similaires. « Apprenti » pour Steve Kerr, « étudiant » pour Mike Malone. Draymond Green et Klay Thompson ont expliqué combien c’était un régal de jouer avec deux joueurs comme ça, et combien c’est difficile à contenir.
« Steph et Jordan bougent différemment de Klay » estime Draymond Green. « Ils sont plus fluides. Vous devez toujours garder un oeil sur eux parce qu’ils peuvent aller partout à tout moment. Les défenses adverses avaient un plan pour défendre Steph et Klay, mais maintenant il faut aussi être prêt à défendre sur Jordan. Si vous faites une prise à deux sur Steph, comment faire pour stopper Jordan et les autres ? Il a vraiment beaucoup étudié Steph et son imitation est incroyable ! »
Les mouvements sans ballon de Stephen Curry ont toujours fait la différence par rapport aux meilleurs meneurs capables de détruire une défense.
Damian Lillard, James Harden, Jamal Murray ou encore Kyrie Irving ont tous besoin du ballon pour causer des dégâts mais ils sont souvent immobiles quand la gonfle se trouve dans les mains de leurs coéquipiers.
À l’instar de ces grands joueurs, Jordan Poole a prouvé qu’il était capable de créer son propre tir mais c’est en étudiant son coéquipier, que ce soit à la vidéo, à l’entrainement, ou en match, qu’il parvient à faire évoluer son jeu à vitesse grand V.
« Jordan a réussi à trouver un équilibre entre shooter, driver, créer pour les autres avec des passes de folie mais aussi gérer le match »
« Stephen a cette manière bien à lui de créer ses tirs… Il sait comment se créer de l’espace, il sait repérer les duels avantageux. Il sait que les défenseurs doivent respecter son tir et ses mouvements sont dictés par cette menace, en particulier quand il va sur sa gauche. Il sait manipuler la défense et c’est quelque chose que j’essaie d’apprendre » décrit Jordan Poole. « J’ai de la chance de pouvoir l’étudier tous les jours. »
Et qu’en pense le maitre ?
« La manière avec laquelle son jeu a gagné en maturité lors de ses trois premières saisons est incroyable. Rien que le fait d’avoir cette confiance pour hausser son niveau de jeu à ce moment de l’année, c’est vraiment impressionnant, » salue le double MVP. « Il a réussi à trouver un équilibre entre shooter, driver, créer pour les autres avec des passes de folie mais aussi gérer le match. C’est une évolution de son jeu. Il n’est pas juste en train de scorer. Il choisit quand et comment attaquer. Vous pouvez donner des directions mais vous devez quand même être capable de mettre tout ça en pratique sur le terrain, et c’est ce que JP est en train de faire. Ce n’est pas quelque chose qui s’apprend. Vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Et je suis content de voir qu’il l’a ! »
Propos recueillis à San Francisco.