C’est l’une des belles histoires de cet All-Star Weekend 2022. Après avoir connu des saisons galères dans le Minnesota, Karl-Anthony Towns, Zach LaVine et Andrew Wiggins se sont retrouvés dans la même équipe, à savoir la Team Durant. Bientôt cinq ans après leur séparation, consécutive au transfert de Zach LaVine vers Chicago, en échange de Jimmy Butler.
« Je me souviens que nous parlions d’acheter nos maisons au même endroit, pour que nous puissions être dans notre bulle ensemble, afin de créer cette camaraderie et cette unité dont nous avions besoin pour gagner le titre », expliquait KAT, à propos de cette époque.
Justement, aujourd’hui, seul Karl-Anthony Towns évolue toujours à Minneapolis, avec désormais Anthony Edwards et D’Angelo Russell en lieutenants, alors qu’Andrew Wiggins est quant à lui parti à Golden State.
Preuve que la NBA reste un business et que, malgré les liens étroits qui unissaient (et unissent encore) ces trois joueurs, leur jeunesse et leur inexpérience ont eu raison de la patience de Tom Thibodeau, ex-coach/dirigeant des Wolves, qui souhaitait gagner au plus vite.
Forcément, cinq ans plus tard, leurs retrouvailles lors du All-Star Game de Cleveland avaient une saveur particulière pour l’ancienne triplette prometteuse du Minnesota. Devenus loups, les ex-louveteaux ont bien grandi entre temps, chacun de leur côté, et les voilà tous All-Stars dans trois environnements différents.
« C’était vraiment cool de pouvoir se retrouver ensemble, sur ce terrain, dans la même équipe, en sachant d’où l’on vient. Rien n’arrive pas hasard et c’est parfois surréaliste, car ça démontre que l’on revient de loin », se réjouissait Zach LaVine, tandis qu’Andrew Wiggins appuyait les propos de son ami. « C’était super. Ça va plus loin que le basket. Il y a une vraie fraternité entre nous. »
Flip Saunders est dans toutes les têtes
Une formidable évolution, dont « aurait été fier » le regretté Flip Saunders, à en croire son fils Ryan, qui était assistant puis coach à Minny, de 2014 à 2021. Il faut dire que l’iconique entraîneur et dirigeant de la franchise de Minneapolis, décédé en 2015, leur « imaginait » pareille destinée, à l’époque.
« J’aurais aimé qu’il puisse être présent pour voir ça en personne », regrettait ainsi Zach LaVine. « Il aurait été tellement fier de nous », confiait de son côté Andrew Wiggins. Et Karl-Anthony Towns, qui a porté tout le week-end un bracelet en hommage à « Coach Flip », d’ajouter : « Il serait probablement en train de dire à tout le monde qu’il avait raison depuis le début. »
Car Flip Saunders n’a malheureusement jamais eu le privilège de voir jouer, de son vivant, Karl-Anthony Towns avec Andrew Wiggins et Zach LaVine. Un trio qu’il avait constitué de lui-même, grâce aux Draft 2014 et 2015, et qui était censé ramener les Wolves en playoffs.
Sauf que celui qui a coaché la conférence Ouest à deux reprises au All-Star Game, en 2004 puis 2006, a perdu la vie seulement trois jours avant que la saison 2015/16 ne débute…
Une véritable tragédie, pour toute une franchise, qui a en quelque sorte permis à ce « Big Three » en devenir de grandir plus vite que prévu et qui a poussé ses membres à se rapprocher davantage les uns des autres.
« [À cette époque], nous devions grandir et nous habituer à la NBA, à tout ce business, en plus de mûrir dans notre jeu les deux premières années. Mais c’était amusant de pouvoir faire ça tous les trois », se souvenait Zach LaVine. « Nous nous sommes beaucoup appuyés les uns sur les autres. Nous avions 19-20 ans et nous essayions de comprendre pas mal de choses, nous essayions de gagner, nous essayions de voir en quoi consistait la NBA. C’était dur, loin d’être facile tous les jours, mais nous avons vécu de bons moments ensemble », ajoutait Andrew Wiggins.
Et s’ils n’avaient jamais été séparés ?
En compagnie de Tyus Jones, l’autre jeune pousse du Minnesota, la triplette de « simples adolescents » LaVine/Wiggins/Towns, comme aime à le rappeler Ryan Saunders, a donc commencé à montrer les crocs au fil des semaines, disputant notamment le « Rising Stars Challenge » en 2016.
« L’harmonie semblait parfaite entre nous », estimait Karl-Anthony Towns, bien que la régularité et les résultats n’étaient pas au rendez-vous. « Notre plan de jeu était excellent. Personne n’avait d’ego surdimensionné. Chacun de nous apportait quelque chose et allait dans la même direction. »
Mais après une saison 2015/16 à 29 victoires et une saison 2016/17 à 31 victoires, les dirigeants de Minneapolis ont décidé de faire exploser leur trio.
« Ce n’était plus comme avant [à partir de là], tout était différent », racontait Karl-Anthony Towns, en référence à l’après-transfert de Zach LaVine. « Quand vous êtes jeune, on vous dit que vous êtes à la base du projet. Nous parlions déjà de contrats, de réductions de salaire, de ce genre de choses, pour que les choses puissent fonctionner à Minneapolis et que l’on ait une chance d’avoir le maximum de talent ici-même. Sauf que ça n’a pas pu se faire. »
Laissant les principaux intéressés avec une multitude de questions en tête…
« Qu’aurions-nous pu devenir ensemble ? », s’interrogeait ainsi Zach LaVine, un brin nostalgique. « Nous n’étions pas si loin [d’atteindre notre plein potentiel]. Et je me demande toujours ce qui aurait eu lieu si je ne m’étais pas blessé [aux ligaments croisés, ndlr], si ça a joué un rôle [dans notre séparation]. »
Aujourd’hui, tout le monde est plus épanoui
Des interrogations qui resteront malheureusement sans réponses, car Karl-Anthony Towns, Andrew Wiggins et Zach LaVine, donc, sont aujourd’hui des All-Stars établis, dans des franchises qui tournent bien.
Par conséquent, il semble difficile de les revoir faire équipe dans un futur proche, en dehors du All-Star Game, car ils approchent tous de leur 27e anniversaire. Soit le moment à partir duquel un joueur est censé connaître ses meilleures années en carrière.
« J’ai l’impression que ça fonctionne mieux pour tout le monde, que tout le monde connaît plus de succès maintenant », livrait Andrew Wiggins. « Nous sommes tous dans des équipes différentes, nous avons emprunté des chemins différents et nous avons trouvé plus de succès, les uns sans les autres. Beaucoup de temps a passé depuis l’époque où nous parlions de ce que nous comptions faire lors des cinq années à venir », poursuivait Karl-Anthony Towns.
Mais le plus beau souvenir que pourra retirer de cet All-Star Weekend le trio Zach LaVine — Andrew Wiggins — Karl-Anthony Towns, c’est cette photo où l’on voit les trois All-Stars prendre la pose, côte à côte.
« Nous allons chérir cet instant pendant longtemps, car porter tous les trois le même maillot, au plus haut niveau possible, ça signifie beaucoup », concluait « KAT ».
Et, comme l’a si bien dit Zach LaVine à Ryan Saunders, une fois les remplaçants du All-Star Game annoncés : « [Flip] a toujours eu raison à propos de nous… »
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— Minnesota Timberwolves (@Timberwolves) February 21, 2022
Comment lire les stats ? Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; O = rebond offensif ; D= rebond défensif ; T = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; +/- = Différentiel de points quand le joueur est sur le terrain ; Pts = Points ; Eval : évaluation du joueur calculée à partir des actions positives – les actions négatives.