Le MVP de la nuit | Devin Booker est grand, très grand

Il dispute, certes, les premiers playoffs de sa carrière à 24 ans, mais Devin Booker fait déjà partie des tout meilleurs. Et ce ne sont pas les Lakers qui diront le contraire. Les champions en titre ont ainsi subi les foudres de l’arrière All-Star tout au long du Game 6, celui-ci terminant finalement avec 47 points et 11 rebonds au compteur, à 15/22 aux tirs, 8/10 à 3-points et 9/9 aux lancers-francs, en 46 minutes !

Une performance de choix de la part de Devin Booker, dans une rencontre à l’issue de laquelle il pouvait mettre un terme au règne des « Purple & Gold », devenant le seul joueur des Suns avec Charles Barkley (1994, 1995) à compiler au moins 45 points et 10 rebonds avec la franchise de l’Arizona, en playoffs. En plus d’établir le plus gros total de points d’un joueur de Phoenix, à ce stade de la compétition, depuis Steve Nash (48, en 2005).

« C’était une soirée vraiment, vraiment spéciale pour Devin Booker », livrait après coup un Monty Williams aux anges. « Pouvoir accomplir ça dans un match pour boucler une série, c’est vraiment cool. Il n’est pas effrayé par ce genre de moment et, dans ce cas précis, ce ‘moment’ a duré toute la partie. »

Kobe Bryant pour veiller sur lui

Tout en élégance et en efficacité, Devin Booker a donc passé à la moulinette chacun de ses défenseurs, rapidement pris à défaut par les percussions de leur bourreau du soir, et par sa maîtrise du jeu à mi-distance. Le tout au Staples Center, l’antre de son mentor Kobe Bryant. « Franchement, j’ai pensé à Kobe et à nos discussions. Devenir une légende, et passer les étapes pour y parvenir. Je sais qu’il était dans la salle ce soir. Je sais qu’il est fier ».

Dans le premier quart-temps, c’est à 3-points que « Book » se met en évidence. Et de quelle manière : avec 6 réussites primées rien que dans les douze premières minutes, dont 5 consécutivement (de 18-10 à 33-12), le 13e choix de la Draft 2015 a ainsi fait exploser la défense californienne en l’espace de quelques possessions.

Bien lancés par les 22 points en un quart-temps de Devin Booker, les Suns ont ensuite pu gérer tranquillement leur confortable avance, montée jusqu’à +29 dans le deuxième acte, en s’évertuant à inscrire les paniers qui font mal à la tête. Et celui qui a pris un malin plaisir à repousser constamment les assauts des Lakers, c’est bien l’ancien de Kentucky. Comme dans le second quart-temps où, pour enrayer le « run » de Kentavious Caldwell-Pope, il inscrit 11 points en cinq minutes pour retourner aux vestiaires avec 33 points dans sa besace.

Après la pause, le show Devin Booker ne s’est pas arrêté en si bon chemin, celui-ci continuant de planter des shoots faisant très mal au moral, à mi-distance, à 3-points ou encore aux lancers-francs. Au moment même où Los Angeles était parvenu à repasser sous la barre des 20 points d’écart. Sauf qu’à chaque fois, « Book » veillait au grain et remettait le coup de collier nécessaire pour renvoyer les champions en titre à distance raisonnable.

Des années de sacrifice récompensées

Et dans le quatrième quart-temps, certes sanctionné à la toute fin d’une faute technique, Devin Booker n’en a pas oublié de placer un dunk et de convertir des lancers-francs, afin d’achever pour de bon les champions en titre et LeBron James, démunis face à lui et dépossédés de leur couronne par un jeune talent aux dents longues.

« C’est ce que nous voulions depuis le début, les affronter et leur passer à travers », expliquait l’homme aux 47 points, en interview d’après-match. « Lorsqu’il nous ont mis en difficulté, nous avons dû nous regrouper collectivement et repartir de l’avant, en nous battant autant que possible. »

Longtemps classé comme un formidable scoreur incapable de faire gagner son équipe, Devin Booker a donc enfin pu prouver à ses détracteurs qu’il était en mesure de briller sur la plus belle des scènes, une fois l’heure des playoffs arrivée. « J’ai travaillé dur pour ça toute ma vie. Ce n’était donc pas le moment de fuir mes responsabilités. Je me suis beaucoup sacrifié pour ce sport, donc j’avais des choses à prouver ce soir. »

Désormais, ce sont les Nuggets de Nikola Jokic qui se dressent sur la route des Suns de Devin Booker, en demi-finale de conférence. « Ils sont redoutables, ils sont durs et ils ont très bien joué contre Portland », confiait-il d’ailleurs, au sujet des joueurs de Denver. « De toute évidence, leur meilleur joueur, [Nikola] Jokic, a signé une saison de niveau MVP. Ça va donc être une belle bataille. »

Mais après une telle série, conclue avec 29.7 points, 6.2 rebonds et 5.0 passes de moyenne, rien ne semble pouvoir effrayer Devin Booker, qui permet à Phoenix de passer un tour de playoffs pour la première fois depuis 2010.

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.