Alors que les principaux free agents ont très rapidement choisi leurs équipes, Kawhi Leonard fait patienter tout le monde. Voilà cinq jours que le MVP des dernières Finals pèse le pour et le contre. La certitude, c’est que son avenir se limite à trois options : les Lakers, les Raptors et les Clippers. Pour le reste, c’est le flou total…
Il est en effet très compliqué de connaître les intentions réelles de l’ancien Spur, et si les rumeurs sont quasiment inexistantes, c’est parce que tout le monde a peur, au sein des trois franchises intéressées, que « The Klaw » prenne mal les tentatives pour l’influencer. Bref, tout le monde attend dans un silence anxieux, car il faut dire que ce choix va façonner le futur paysage NBA, surtout si l’ailier décide de s’engager pour au moins trois saisons.
LA Lakers, un incroyable « Big Three » et beaucoup de questions
LeBron James, Kawhi Leonard et Anthony Davis. Le trio a de quoi faire rêver les fans des Lakers. Il faut dire que s’il se forme, ce « Big Three » sera peut-être le plus fort de l’histoire, avec trois joueurs qui sont dans le Top 10 des meilleurs joueurs de la ligue, trois candidats au trophée de MVP chaque saison.
Instantanément, les Lakers deviendraient les grands favoris pour le titre. De quoi faire oublier six saisons consécutives sans playoffs, une aberration pour la mythique franchise, habituée aux sommets, aux paillettes et au champagne, et qui n’avait jamais connu plus de deux campagnes sans playoffs en 65 ans, jusque-là…
Et ce même s’il faudra ensuite compléter l’effectif autour du trio et de Kyle Kuzma. Cela fait 10 joueurs à signer avec une « room mid-level exception » à 4.8 millions de dollars et des contrats minimum.
Troy Daniels et Jared Dudley ont déjà embarqué et si Kawhi Leonard s’engage, on peut imaginer que certains vétérans (Andre Iguodala, Kyle Korver, JR Smith, Avery Bradley…) pourraient rapidement rejoindre le navire. Comme à Miami en 2010, Los Angeles devrait pouvoir profiter de l’immense pouvoir d’attraction de son « Big Three » (et de la perspective du titre) pour monter un roster qui pourra tenir le choc. Sauf que le choix se réduit, pas mal de free agents n’ayant pas voulu attendre, et que LeBron James a neuf ans de plus dans les jambes.
Si on ajoute la fragilité chronique d’Anthony Davis, Kawhi Leonard a de quoi réfléchir, lui que les Raptors ont ménagé toute la saison, pour éviter une rechute après sa saison quasi blanche à San Antonio. Très utilisé en playoffs, l’ailier a parfois grimacé, son genou gauche « surcompensant » les effets de sa blessure au quadriceps droit.
Le risque, c’est donc que Kawhi Leonard se retrouve à devoir forcer en saison régulière, au gré des allers-retours à l’infirmerie de LeBron James et Anthony Davis, avec le reste de l’effectif trop limité pour compenser.
L’autre risque, pour « The Klaw », c’est de se retrouver au sein d’une franchise dysfonctionnelle, où les clans s’affrontent en interne et où personne ne tire dans la même direction. Si Kawhi Leonard et son entourage ont ainsi demandé à discuter avec Magic Johnson, président démissionnaire, c’était pour savoir si ce dernier avait essayé de le faire venir lors de son départ de San Antonio et à quel point la gestion de la franchise était problématique.
Comme LeBron James, l’ailier souhaite faire engager certains proches par le club, mais encore faut-il savoir qui commande, entre le duo Jeanie Buss/Rob Pelinka, l’influence d’anciennes figures historiques comme Kobe Bryant ou Magic Johnson, mais également de Klutch Sports, qui représente LeBron James mais également Anthony Davis.
Raptors, la continuité pour le doublé ?
Par rapport au choix de rejoindre les Lakers, qui dépend d’énormément de paramètres, et pas uniquement de paramètres sportifs, celui de rempiler à Toronto est beaucoup plus clair.
Les champions en titre vont repartir avec la même structure, le même staff et quasiment le même effectif. Si Kawhi Leonard reste, Danny Green devrait également être conservé, et avec Kyle Lowry, Marc Gasol, Serge Ibaka, Fred VanVleet, Norman Powell et bien sûr Pascal Siakam, l’équipe a toutes ses chances de réaliser le doublé.
Evidemment, la concurrence à l’Est sera sérieuse, avec les Bucks de Giannis Antetokounmpo qui seront revanchards et les Sixers de Joel Embiid qui n’ont pas eu peur de dépenser pour continuer de jouer les premiers rôles, malgré le départ de Jimmy Butler à Miami. Mais avec un an de plus en commun, Toronto restera le premier prétendant à sa succession, surtout avec la blessure de Klay Thompson et le départ de Kevin Durant vers Brooklyn, qui ont également redistribué les cartes à l’Ouest.
L’interrogation, pour Kawhi Leonard, c’est plutôt la suite. Que se passera-t-il à l’été 2020 à Toronto ? Kyle Lowry, Marc Gasol, Serge Ibaka et Fred VanVleet entrent dans la dernière année de leurs contrats respectifs, et les deux premiers ont respectivement 33 et 34 ans. À court terme, les Raptors sont donc sans doute l’option la plus sûre pour l’ailier, qui a pu apprécier toute la ferveur canadienne autour du titre. Mais à moyen et long terme ?
Masai Ujiri a prouvé qu’il était capable de faire des miracles et on peut compter sur lui pour trouver des moyens d’entourer Kawhi Leonard, mais c’est forcément une question pour l’ailier, qui n’a pas choisi de rejoindre le Canada et qui pourrait bien considérer que sa mission est accomplie, la fenêtre de tir du groupe étant finalement limitée.
LA Clippers, un projet plus long à mûrir
Reste l’option Clippers, dont on parle désormais très peu, alors que l’équipe a pourtant été la favorite pour accueillir Kawhi Leonard durant très longtemps. Il faut dire que Steve Ballmer et son club n’ont pas été discrets quant à leur volonté de recruter l’ailier, mettant tout en oeuvre pour lui faire comprendre qu’ils étaient intéressés.
L’autre franchise de Los Angeles a un plan et une structure claires. Jerry West apporte son aura dans les bureaux, Doc Rivers a rappelé cette saison à tout le monde ce qu’il était capable de réaliser sur le banc et cette solidité générale peut être un argument de poids, comparativement au staff bizarre (Frank Vogel assisté de Jason Kidd et Lionel Hollins) mis en place par les Lakers, par exemple.
Les Clippers ont mis en place l’environnement idéal pour Kawhi Leonard, avec un effectif où il sera la star, mais assez dense pour l’accompagner.
Avec Danilo Gallinari, Patrick Beverley, Moe Harkless, Lou Williams ou encore Montrezl Harrell, mais également les jeunes Shai Gilgeous-Alexander, Landry Shamet et Jerome Robinson, ce groupe peut travailler sur le long terme autour de « The Klaw », même s’il ne sera peut-être pas capable d’aller chercher le titre dès la saison prochaine.
Et c’est bien la faiblesse de cette option, qui est peut-être la moins forte à court terme, mais la plus solide à long terme. Reste désormais à voir ce que Kawhi Leonard va privilégier, et ça reste un mystère.