Pendant plusieurs jours, Kyle Kuzma a évolué avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Le transfert d’Anthony Davis était dans les tiroirs et l’ailier polyvalent faisait partie des offres proposées par les Lakers.
Entre l’annonce de l’intérieur des Pelicans et la date limite des transferts, comme toute son équipe, Kyle Kuzma a été bousculé. Cela s’est senti dans son jeu : 11.7 points de moyenne à 39% de réussite et 27% à 3-pts sur trois matchs.
« C’était dur », reconnaissait-il à Sports Illustrated, après la deadline. « On ne peut pas faire abstraction de ce genre de choses. On ne peut pas regarder son téléphone sans avoir reçu un message, ni aller sur les réseaux sociaux. Toute l’équipe était tendue. Tout le monde s’emporte et oublie qu’on reste des êtres humains. Les fans pensent qu’on fait partie d’un cirque, qu’on est seulement là pour amuser la galerie. Je le comprends, je vais sur les réseaux sociaux pour rigoler aussi, mais parfois les gens oublient qu’ils se moquent de vraies personnes. »
Le couperet évité, Kyle Kuzma s’est libéré et il produit d’excellentes performances avec 23.4 points de moyenne à 50% de réussite et 45% à 3-pts depuis cinq matchs. Il s’impose ainsi comme le deuxième scoreur des Lakers derrière LeBron James, avec lequel il entretient une relation très professionnelle, déjà entamée la saison passée.
Sourire et excellence au quotidien
En effet, dès février 2018, le rookie des Lakers avait contacté celui qui était encore l’ailier des Cavaliers. En passant par des amis communs, il obtient le numéro du « King » et lui demande des conseils. La réponse fut simple et expéditive.
« Il m’a répondu : ‘Peu importe ce que tu fais, assure-toi de le faire de manière constante, c’est là qu’est la grandeur’. Sur le coup, je n’ai pas vraiment compris, c’était très cliché. Je savais qu’il bossait beaucoup physiquement, mais je voulais des détails. Maintenant que je suis son coéquipier, je vois. Il répète chaque jour les mêmes choses. C’est ça la constance. »
D’un autre coéquipier, Rajon Rondo, l’ailier a piqué l’habitude de revoir les matchs, après les avoir joués, pour les analyser. Dans la foulée, il envoie parfois des messages tard le soir à Luke Walton pour échanger avec son coach sur certaines phases de jeu.
Sans oublier ses discussions avec le président de la franchise, Magic Johnson, notamment en début de saison quand Kyle Kuzma, malgré une intense préparation estivale, éprouvait des difficultés à évoluer avec un joueur comme LeBron James. « Il a souligné le fait que je voyais la chose sous l’angle du business, que je ne m’amusais plus », se souvient-il. « La saison passée, j’avais le sourire aux lèvres. C’est ça qu’il voulait revoir et ça m’a aidé. »
Vivre à propos
On reconnaît là l’importance du sourire chez Magic Johnson. Mais pour que la galerie de portraits soit parfaite, il manque un personnage essentiel de Los Angeles : Kobe Bryant. C’est le quintuple champion qui avait contacté Kyle Kuzma pour un dîner. Un repas à l’origine d’un conseil bryanesque : « Pour être impossible à arrêter, il faut être prévisible. »
« Les équipes savent ce que Kyle aime faire », poursuit Kobe Bryant. « C’est bien, mais il faut tout de suite arrêter. Quand une équipe vous oblige à faire autre chose, il faut une alternative à ce mouvement prévisible. Et quand on contre votre alternative, il faut pouvoir en sortir une autre. Au début, il faut être prévisible, car cela vous donne un sentiment de stabilité soir après soir, à titre personnel mais aussi pour vos coéquipiers. L’habitude, c’est très important. »
Et Kobe Bryant de conclure par son conseil le plus simple. « Beaucoup de joueurs sont préoccupés par des choses futiles : le shoot qu’ils ont manqué avant et qu’ils vont potentiellement manquer ensuite et sur les choses que les gens vont dire à cause de ça. Le véritable art d’un athlète, c’est de vivre l’instant. »
Ce qu’on appelait il y a un an « l’amnésie » en évoquant Stephen Curry, cette faculté des plus grands joueurs à oublier un shoot, un geste ou un match manqué pour passer immédiatement à autre chose. Ça semble simple mais ce n’est finalement pas donné à tout le monde, même un bon joueur NBA.
Kyle Kuzma | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2017-18 | LAL | 77 | 31 | 45.0 | 36.6 | 70.7 | 1.1 | 5.1 | 6.3 | 1.8 | 2.1 | 0.6 | 1.8 | 0.4 | 16.1 |
2018-19 | LAL | 70 | 33 | 45.6 | 30.3 | 75.2 | 0.9 | 4.6 | 5.5 | 2.5 | 2.4 | 0.6 | 1.9 | 0.4 | 18.7 |
2019-20 | LAL | 61 | 25 | 43.6 | 31.6 | 73.5 | 0.9 | 3.6 | 4.5 | 1.3 | 2.1 | 0.5 | 1.5 | 0.4 | 12.8 |
2020-21 | LAL | 68 | 29 | 44.3 | 36.1 | 69.1 | 1.6 | 4.5 | 6.1 | 1.9 | 1.8 | 0.5 | 1.7 | 0.6 | 12.9 |
2021-22 | WAS | 66 | 33 | 45.2 | 34.1 | 71.2 | 1.1 | 7.4 | 8.5 | 3.5 | 1.9 | 0.6 | 2.6 | 0.9 | 17.1 |
2022-23 | WAS | 64 | 35 | 44.8 | 33.3 | 73.0 | 0.9 | 6.4 | 7.2 | 3.7 | 2.3 | 0.6 | 3.0 | 0.5 | 21.2 |
2023-24 | WAS | 70 | 33 | 46.3 | 33.6 | 77.5 | 0.9 | 5.7 | 6.6 | 4.2 | 2.2 | 0.5 | 2.7 | 0.7 | 22.2 |
2024-25 * | All Teams | 65 | 30 | 43.6 | 30.7 | 63.4 | 0.8 | 4.9 | 5.7 | 2.3 | 1.8 | 0.6 | 2.2 | 0.3 | 14.8 |
2024-25 * | MIL | 33 | 32 | 45.5 | 33.3 | 66.3 | 0.8 | 4.8 | 5.6 | 2.2 | 2.0 | 0.5 | 2.2 | 0.4 | 14.5 |
2024-25 * | WAS | 32 | 28 | 42.0 | 28.1 | 60.2 | 0.8 | 4.9 | 5.8 | 2.5 | 1.6 | 0.6 | 2.3 | 0.2 | 15.2 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.