Pour seulement la cinquième fois lors des quatre dernières saisons, Stephen Curry a terminé un match sans marquer le moindre tir à trois points. Cette pénurie, signe d’une contre performance du double MVP (en plus de sa blessure), est toutefois rarement accompagnée d’un Kevin Durant qui passe également au travers lors de la même rencontre. Et pourtant la nuit dernière, il a compté autant de paniers marqués, six, que de balles perdues.
La défense de Milwaukee a donc réussi l’exploit de limiter les deux scoreurs de Golden State à 27 points à 11 sur 29 tirs, soit 38% de réussite. Du jamais vu cette saison.
Draymond Green n’était pas là pour punir en sortie du pick-and-roll
Si la transformation offensive des Bucks a déjà fait couler beaucoup d’encre, leur ravalement de façade défensif est tout aussi drastique. Avec l’arrivée de Mike Budenholzer, Milwaukee opte désormais pour un plan de jeu plus conservateur que sous l’ère Jason Kidd. Fini les trappes à gogo sur pick & roll, les intérieurs ont désormais une consigne simple : protéger le cercle. Selon Cleaning The Glass, Milwaukee est passé d’une position de cancre de la ligue à celle d’as de ce secteur. Ils concèdent en effet le moins de tirs près du cercle dans toute la NBA et quand leur adversaire se fraient un chemin dans la raquette, ils les forcent à prendre des tirs difficiles, faisant chuter leur pourcentage de réussite.
Avec cette stratégie, les Bucks ont toutefois pris le pari de concéder plus d’espaces à l’extérieur, en laissant le jeu à mi-distance totalement libre. Face à Boston et à Portland, ça a fini par leur couter la victoire. Avant de faire face aux Warriors, équipe la plus adroite de loin cette saison en NBA et l’une des plus dangereuses à mi-distance, on aurait pu penser que la défense de Milwaukee allait de nouveau souffrir. C’était sans compter sur l’absence capitale d’un certain Draymond Green.
« Dans un soir comme aujourd’hui, vous vous rendez compte à quel point Draymond est clé pour eux des deux côtés du terrain, » concédait volontiers Khris Middleton après la large victoire de son équipe. Car si Milwaukee défend le pick & roll de façon beaucoup plus classique cette saison, leur politique d’aide défensive reste cependant agressive.
Sans la plaque tournante de Golden State, Coach Bud a alors décidé de pousser cette stratégie à son paroxysme pour faire suffoquer Kevin Durant et Stephen Curry, de la même manière que les Pelicans face aux Blazers, lors des derniers playoffs.
« J’ai trouvé qu’ils ont fait un super boulot en défense sur Steph, Klay et moi en envoyant systématiquement un deuxième joueur, mais également en ayant un troisième en deuxième rideau pour protéger le drive, » décrivait Kevin Durant. « Ils nous ont forcé à ressortir la balle sur Damian Jones, sur Jordan Bell ou sur les deux autres joueurs qui étaient sur le terrain avec nous pour les forcer à prendre des décisions, et ça nous a sorti de notre attaque. »
Des aides agressives pour forcer les autres Warriors à faire des choix
C’est une chose de passer la balle à Draymond Green et lui demander de faire le bon choix en étant agressif pour punir la défense adverse. C’est très différent de demander la même chose de deux joueurs qui découvrent encore la NBA ou même de vétérans, comme Jonas Jerebko, qui n’ont pas l’habitude d’avoir autant la balle en main.
À tel point que Jordan Bell n’a d’abord même pas pensé à proposer une solution à Stephen Curry…
« On est habitué à jouer d’un certain style avec Draymond. Il nous donne beaucoup de liberté et la balle fuse, » expliquait Klay Thompson. « JB (Jordan Bell) s’en est bien tiré, DJ (Damian Jones) aussi mais ce sont des jeunes joueurs qui apprennent et on se doit d’être patient avec eux. Mais ça vous montre toute l’importance de Draymond dans notre système. »
Cette absence devient encore plus préjudiciable quand elle permet à Giannis Antetokounmpo de flotter en aide pour faire office d’épouvantail dans la raquette. « Giannis a fait un super boulot, simplement en se montrant et pour les forcer à faire la passe, » disait Khris Middleton dans le vestiaire après le match.
Le Grec n’a lui pas caché quelles étaient ses intentions et le plan de jeu pour capitaliser sur l’absence de Draymond Green.
« J’ai juste essayé d’aider mes coéquipiers sur chaque action, » résume-t-il. « J’ai défendu beaucoup sur Jordan Bell, sur Iguodala, sur Jonas Jerebko, et vu que KD, Steph et Klay essayaient d’attaquer en un contre un, mon objectif était de venir aider pour les forcer à faire la passe à mon joueur. »
Kevin Durant avait lui senti le coup mais les longs segments de la défense de Milwaukee l’ont poussé à perdre la balle ou à trop réfléchir. Dans tous les cas, les Bucks avaient réussi leur coup.
« Ils sont long à cause de Giannis, et ils ont fait un super boulot en encombrant mes lignes de drive et en gênant nos écrans pour Steph et Klay, » analysait-t-il. « On aurait dit qu’ils faisaient tout pour défendre certaines actions et laisser certains joueurs ouverts. On doit être plus intelligent dans ces cas de figure mais ils étaient prêts. Il faut leur tirer notre chapeau. »
Propos recueillis à Oakland.