Après nous avoir emmenés dans les coulisses d’un Sacramento-New Jersey à l’ARCO Arena, notre photographe Thomas Savoja vous propose de découvrir l’ambiance du basket universitaire avec deux rencontres de la Pac-10.
C’est la NCAA comme si vous y étiez avec un invité surprise : Landry Fields, le rookie de New York.
Il est 17h30 et la lumière tombe déjà sur la « Silicon Valley ». Au volant de ma Hyundai de location, je peste contre mon GPS récalcitrant. Il n’y a pourtant que 15 miles entre Sunnyvale où je loge et la petite ville de Stanford qui héberge le campus de l’université éponyme. J’éprouve néanmoins les pires difficultés pour me repérer le long d’El Camino Real, la route qui relie San Jose à San Francisco. Lorsqu’enfin apparaissent de part et d’autre de la chaussée les bannières « Stanford, Home of the Champions » je pousse un soupir de soulagement.
Stanford : l’université des stars du business et du sport
Stanford University est une institution privée aux standard académiques très élevées et qui s’enorgueilli de posséder dans les rangs de ses alumnis (anciens élèves), des célébrités telles que les fondateurs de Yahoo, Google, HP, Nike et GAP mais aussi 16 Prix Nobels et des sportifs de premier plan comme John Elway, Tiger Woods ou John McEnroe. Bref du lourd et son département athlétique n’est pas en reste comme en témoigne les infrastructures derniers cris que je traverse ébahi avant d’immobiliser mon véhicule dans le parking média encore peu fourni à une heure du coup d’envoi.
On me demande de shooter Landry Fields (Knicks) !
J’assiste ce soir à l’une des premières rencontres de la saison de College Basketball, entre le Cardinal de Stanford, pensionnaire de la conférence PAC10 et les Cavaliers de l’université de Virginia qui évoluent dans L’ACC. Autant dire tout de suite que je suis amateur de ce championnat NCAA dont le point d’orgue en Mars constitue assurément l’un des rendez-vous les plus existants de l’année outre Atlantique. J’adore l’ambiance surchauffée des student rows, les rythmes effrénés des fanfares entonnant leurs fight songs, les hurlements des sonos déversant les notes rythmés de You gotta feeling ou autres Dynamite sans compter les chorégraphies des cheerleaders toujours endiablées. Et puis quel vivier de talents !
Sur Campus Drive, le Maples Pavillon est un coquet complexe de près de 8 000 places entièrement rénové en 2005 et accueillant les matchs à domicile du programme de Basketball. Au coin du complexe je croise sur son vélo la star du campus, le QB de l’équipe de Football, Andrew Luck, promis à un brillant avenir dans la ligue pro et très certainement futur premier tour de la draft NFL. Le Media Pass autour du cou, je file au « ground floor » pour déposer mes affaires dans la salle de presse.
Quelle n’est pas ma surprise d’y retrouver le rookie des New York Knicks Landry Fields venu faire une visite de courtoisie à sa Fac. Il papote avec les journalistes de son intégration (remarquable) dans la Big Apple. Fields, le petit gars de Long Beach est l’une des surprises de ce début de saison.
Celui qui trustait les distinctions académiques surprend les observateurs par sa capacité à s’intégrer dans les schémas de la franchise Newyorkaise.
Une charmante créature s’approche de moi et me tend sa carte. Il s’agit de Kate, l’agent de Fields qui me demande de shooter son poulain en tribune parmi les fans du Cardinal pour illustrer cette petite escapade californienne : « Vos désirs sont des ordres ».
Stanford a une équipe totalement inexpérimentée puisqu’ils ont perdu pas moins de 3 starters en fin de saison dernière et les pronostics ne leur donnent que peu de chance de figurer en bonne place de la relevée PAC10 ou l’on attend plutôt cette saison Washington et Washington State, voir Arizona ou UCLA. Les fans de Stanford sont assez déjantés à l’image de la fameuse « Junior Band » faite de bric et de broc. Ses musiciens se trémoussent en jouant du Saxo de façon peu académique.
« Fear the Tree » annonce un panneau en référence à la mascotte de l’équipe, un vénérable Séquoia de Californie qui s’agite frénétiquement au centre de l’arène pendant les temps morts.
Il n’en reste pas moins que les jeunots de Stanford donnent la leçon sur le parquet et que Virginia qui tenait à peu près le rythme en première mi-temps explose littéralement en fin de match sous l’impulsion de l’arrière Jeremy Greene intenable ce soir avec 21 points au compteur.
Victoire finale de Stanford 81-60 qui ne débute pas si mal cette saison de transition.
Berkeley, le berceau de l’opposition à la guerre du Vietnam
Deux jours plus tard me voici de l’autre côté de la Bay à Berkeley sur le Campus de l’université rivale de California. La encore, c’est une référence en matière académique et un foyer intellectuel majeur particulièrement actif dans les années d’opposion à la guerre du Vietnam. La 113éme édition du Big Game, l’événement de l’année qui oppose les équipes de Football de Cal et de Stanford vient de prendre fin au Memorial Stadium sur un triomphe attendu de Stanford. J’étais sur la pelouse pour shooter la rencontre et j’enchaîne à 19h sur une intéressante affiche de College Basketball dans l’enceinte de la Haas Arena entre Cal et New Mexico. L’orage qui menaçait depuis le début d’après midi se déchaîne juste au moment où je quitte le parking et je prends des seaux d’eau sur la tête le temps de me rendre à pied depuis le centre ville jusqu’à la salle.
Une salle de 12 000 places… C’est banal !
C’est donc trempé jusqu’aux os que je prends possession d’un petit coin de la Press Room pour faire sécher mes affaires et mon matériel. Cela me laisse le temps de passer par le Fan Shop de l’Arena et je craque pour un Hoody aux couleurs Marine et Jaune de l’université. Je décide ensuite d’aller fouler le parquet pour prendre un peu mes marques. La salle fait tout de même 12 000 places et a été entièrement financée par les anciens élèves preuve de leur attachement à la vénérable institution. Elle héberge également les bureaux du département athlétique ainsi que plusieurs salles de musculation aux dimensions pharaoniques. Dire que ce type d’infrastructure est assez commun parmi les 341 équipes qui évoluent en Division 1 : définitivement une autre planète.
Les étudiants pour qui l’entrée est gratuite ce soir garnissent petit à petit la section qui leur est dédiée remplissant significativement la salle promesse d’une ambiance de feu. A noter le nombre élevé de filles dans le public ainsi que la diversité des minorités représentées à l’image de cette Californie aux facettes multiples.
Pas une rencontre sportive qui ne débute par l’hymne national. Le public a la main sur le cœur et pousse quelques cris pour accompagner la jeune chanteuse dans ses dernières envolées de patriotisme. Les Lobos de New Mexico sont vaillants en début de match mais ils seront rapidement dépassés par la vitesse d’exécution de Cal un ton au dessus ce soir. Jorge Gutierrez, la vedette d’origine mexicaine des Bears a les cheveux au vent et des jambes de feu et il plante deux dunks coups sur coups en contre attaque qui font chavirer l’enceinte de bonheur. Les cheerleaders entament leur chorégraphie préférée au son de « BIG C », la chanson fétiche de l’université. (Ecoutez Big C)
Les pénétrations alternent parfaitement avec les shoots « longue distance » et le coach de Cal Teri McKeever peut jubiler dans son impeccable costume gris clair. Deux étudiants aux cravates bariolées sont descendus sur le parquet pour haranguer la foule. Même si les heures de gloire du programme remontent désormais à plus de deux décennies (Jason Kidd et Shareef Abdur Rahim avaient fait briller les Golden Bears dans les années 90), la victoire de ce soir semble atténuer la fessée reçue cette après midi par l’équipe de Football.
C’est toujours un plaisir que d’assister au travers de mon objectif à ces rencontres universitaires rythmées, intenses et passionnées. Bien malin celui qui peut dire à ce stade qui décrochera le Graal au bout du sprint final de la « March Madness » dans un peu plus de trois mois. Probablement pas l’une des 4 équipes que j’ai eu le plaisir de couvrir cette semaine mais qu’importe, aux quatre coins du pays la passion de la balle orange est toujours aussi palpable sur les parquets universitaires.