Bouna NDiaye. Voilà un nom que les amateurs de basket entendent ou lisent au détour d’un transfert d’un joueur ou au moment de la draft.
Normal, c’est tout simplement l’agent de la plupart des joueurs français évoluant en NBA (Turiaf, Batum, Mahinmi, Beaubois et dernièrement Séraphin…) .
Basket USA vous propose de partir à sa rencontre, et de celle de son associé, Jérémy Medjana avec une interview en deux parties.
Quand est née l’agence Comsport ?
Bouna Ndiaye : Comsport a été créée en 1996. Au départ, l’agence avait une activité de sports marketing avec de l’événementiel tel que la Slam Nation et puis on s’est porté vers les joueurs par la suite.
Et la rencontre avec votre associé Jérémy Medjana ?
Jérémy Medjana : D’abord Bouna et moi, ce n’est pas original mais on s’est rencontré sur un terrain de basket en vacances il y a près de 20 ans. Puis on s’est revu par la suite au nike id under tour où j’étais venu pour Nike. On avait gardé le contact et on s’est revu ce jour-là. On a alors eu l’idée de s’associer pour développer le concept de la Slam Nation en sachant que lui baignait déjà beaucoup dans le milieu des joueurs à Paris. Il était un peu le mentor des joueurs de la rue puisque c’était un peu la référence, le grand frère, celui qui avait les diplômes, qui donnait des bons conseils et moi j’ai plutôt grandi dans le basket féminin.
Et comment passe-t-on de l’événementiel à agent ?
JM : On est devenu agent parce qu’on avait un bon feeling avec les joueurs et de fil en aiguille, c’est devenu une réalité. On a toujours eu l’ambition de bien représenter les joueurs et d’amener les meilleurs joueurs dans les meilleures ligues du monde. Le top c’est la NBA et lorsqu’on disait aux gens qu’on voulait faire de la NBA on passait pour des prétentieux et des fous. Voilà, l’histoire…
Mais chacun semble avoir son terrain de prédilection ?
BN : Au départ, on avait toujours comme stratégie de gérer quelques basketteurs. A la base, on travaillait ensemble sur la recherche de talents et puis moi je gérais les garçons et les filles.
JM : Moi j’ai grandi dans le basket féminin avec le club de Valenciennes -Orchies où j’ai aussi joué donc forcément j’étais en contact avec les joueuses féminines de très haut niveau.
Aujourd’hui, l’agence a un pied aux Etats-Unis et un autre en Europe. Quelle est la priorité de développement ?
JM : Se développer partout . L’objectif c’est de faire de l’élite mais notre clientèle c’est le joueur et la joueuse français, et forcément l’Afrique avec des pays comme le Sénégal ou le Congo. L’idée c’est d’avoir les meilleurs joueurs dans les meilleures ligues possibles : la Pro A, l’ACB et la NBA .
Les Français en NBA, c’est votre fonds de commerce ?
BN : Batum, Beaubois font partie des joueurs les plus prometteurs en France à l’heure actuelle. Donc bien sûr c’est un axe prioritaire pour le développement de l’agence.
JM: Mais bon pas d’ambiguïté, on parle de 2 joueurs extérieurs. Après on a d’autres joueurs sur les postes intérieurs sur lesquels on fonde de gros espoirs. Chaque joueur à sa considération, ils sont traités à égale valeur. Les joueurs ne parlent pas qu’à Bouna ou moi, il y a toute une structure derrière.
« Un regret ? Mickaël Gelabale »
On parle de « success story » mais ya-t-il des regrets ?
BN : On va dire Mickael Gelabale par rapport à la NBA. C’est un vrai joueur, tous les jours on en voit comme ça dans la NBA. Tout ça n’est qu’une question d’objectif et d’environnement. Ce n’est pas vraiment un gâchis car il est champion de France en titre, il joue à l’Asvel donc ce n’est pas forcément un bon exemple. Mais, on fondait beaucoup d’espoirs sur lui en NBA, et ça n’a pas marché. On va dire qu’on espérait le voir beaucoup plus haut à l’heure d’aujourd’hui.
Pourquoi les joueurs africains comme Ndong ou Mbenga n’ont pas vraiment réussi à percer ?
BN : Ce sont deux cas complètement différents. On va dire qu’il y en a un qui n’a pas vraiment eu sa chance c’est Boniface Ndong.
JM: Parce qu’il a fait qu’un an aux Clippers et il ne jouait pas donc … Alexis Ajinca est comparable à Bonnie avec des similitudes dans le jeu, sur la qualité de tir, sur un physique qui n’est pas imposant … Bonnie s’est bonifié avec l’âge, Alexis aussi …
Ce sont deux intérieurs…
Pas seulement. Ce sont des joueurs qui ont une maturité physique très tardive mais en même temps Rodrigue et Nicolas ne sont pas des monstres de densité physique, ils y sont parvenus plus rapidement. Pour revenir à eux, il y a une donne qui montre ça, les joueurs extérieurs se sont plus vite imposé que les joueurs intérieurs.
BN : Pour revenir à Mbenga, c’est juste mon avis mais le fait d’arriver en NBA avec le manque de culture basket et de jeu. Maintenant, les opportunités ne sont pas faciles à refuser au niveau du choix je parle. Un joueur qui n’est pas adapté dans un contexte, ça peut durer longtemps. Et ensuite, le choix difficile pour un joueur de revenir en Europe. C’est au joueur de prendre cette décision et souvent, il ne la prend pas.
JM : Quand ils sont dans le moule NBA, c’est difficile pour un joueur de se dire : « je suis dans la meilleure ligue et finalement je dois rentrer en Europe. ». C’est difficile pour eux de franchir ce cap la. Nous on a beaucoup de débats, de discussions là-dessus mais le gars gagne 1.5-2 millions de dollars par an…
Le problème, c’est que ça joue sur leur image, non ?
BM : C’est facile de critiquer. On voit beaucoup sur les forums des gens qui critiquent mais combien rêvent d’être à leurs places ? Dans l’absolu, le but c’est de jouer. Donc forcément à un moment donné, on en discutera. Par exemple avec Alexis qui est en fin de contrat cette année, je pense que si à la fin de saison il n’a toujours pas joué, et qu’il n’a pas de propositions, lui même comprendra que c’est important de jouer et que ce n’est pas rédhibitoire. On peut revenir en Europe et repartir par la suite, il y a plein de joueurs qui l’ont fait.
Pour revenir à Bonnie, c’est plus une question d’âge je pense. Si on l’avait récupéré plus tôt avec Bouna, en termes de gestion de carrière, il serait devenu un très bon joueur NBA. C’est un joueur qui fait partie du top niveau européen à son poste.
« Qui sait si Nicolas aurait percé à San Antonio… »
A vous écouter, la réussite en NBA, c’est aussi une question de chance.
JM : On ne sait jamais qui va réussir. La NBA c’est une question d’opportunités, et de concours de circonstances. Là, on le voit Nicolas au-delà du fait que c’est un grand basketteur, gros QI basket, qualité physique et une adresse qui progresse d’année en années, il a aussi bénéficié de concours de circonstances. Il aurait pu se retrouver à San Antonio et ça ne se serait peut-être pas passé comme pour Tony. Finalement, il est à Portland. Regarde, aujourd’hui Brandon Roy est blessé et cela a l’air assez grave. Donc Nico va avoir plus de responsabilités offensives. Forcément, tout ça, c’est être au bon endroit au bon moment mais ça personne ne peut le prévoir.
Jeudi, suite de l’interview.