Nouveau rendez-vous de BasketUSA, « Back To Basics » veut répondre aux questions pas si bêtes que les aficionados de NBA peuvent se poser. Jeu pur, fonctionnement de la ligue, à-côtés… « BtB » tente de trouver réponse à tout. Aujourd’hui, on se demande pourquoi l’hymne américain est joué avant chaque match ?
S’agenouiller pendant l’hymne américain, c’est terminé. C’est ce que vient de décider la Ligue de football américain (NFL) pour enrayer cette mouvance née avec Colin Kaepernick, en vue de protester contre les violences policières visant les Noirs. Avec cette décision, qui ravit un Donald Trump particulièrement « critique » vis-à-vis de ce geste pendant l’hymne, la NFL s’est attiré les foudres de Steve Kerr qui a expliqué que la ligue brossait dans le sens du poil son public avec des arguments bidons. La NBA a pourtant une règle similaire mais elle n’a jamais sanctionné ceux, joueurs et coaches, qui critiquaient ouvertement la politique du Président américain et plus généralement les autorités.
Récemment, la France a voulu s’en inspirer. Entonner la Marseillaise avant chaque match de Pro A ou de Ligue 1 ? La ministre des Sports Laura Flessel l’a souhaité avant de rétropédaler. En invoquant finalement le principe du volontariat pour les organisateurs de compétitions « relevant de championnats de France ».
Pas d’hymne national systématique donc, comme il est pratiqué depuis des décennies aux États-Unis dans les ligues majeures. Cette tradition remonte à près d’un siècle, avant même que le célèbre « The Star-Spangled Banner », à l’origine un poème paru en 1814 et inspiré par la guerre anglo-américaine de 1812, ne devienne l’hymne officiel du pays.
Dans son ouvrage « L’improbable histoire de l’hymne national américain », l’historien Marc Ferris rapporte que la plus ancienne référence à ce poème chanté avant une rencontre sportive remonterait à mai 1862, lors de l’inauguration d’un stade de baseball à Brooklyn. « Pour autant, je doute que ce soit la toute première fois », nous confie l’expert en la matière.
Par la suite, la connexion entre la « Bannière étoilée » et les rencontres sportives se développe décennie après décennie. Mais cela reste encore occasionnel car trouver un ensemble musical pour l’interpréter coûte cher.
Ce moment patriote s’invite d’abord dans le baseball
En 1931, le président Herbert Hoover en fait l’hymne national. Mais dès septembre 1918, ce lien symbolique connait un tournant avec les World Series de baseball entre les Boston Red Sox et Chicago Cubs. L’Amérique est affectée par la Première Guerre Mondiale qui se termine et pour laquelle plus de 100 000 de ses hommes sont tombés.
Par respect pour les soldats encore présents sur les champs de bataille, la série manque d’ailleurs d’être annulée. « Quand on apprit que les soldats américains combattant en France étaient impatients de connaître les résultats, les matches commencèrent », décrit une Commission de mémoire de la WWI. Aux États-Unis à l’époque, l’ambiance est d’autant plus morose que quelques jours avant ces finales, un attentat à la bombe survient dans un bâtiment fédéral de Chicago.
En ce 5 septembre 1918, match d’ouverture de la série qui se tient à Chicago, le New York Times note qu’environ 10 000 spectateurs (c’est peu pour l’époque) ont fait le déplacement pour voir le célèbre Babe Ruth. Et assister à ce qui allait devenir « le privilège et la coutume des fans de baseball pendant de nombreuses générations ». Là, au milieu… des bâillements de la foule, la connexion a lieu.
« La chanson a d’abord été reprise par quelques-uns, puis d’autres ont rejoint, et quand les notes finales sont arrivées, une grande mélodie a touché tout le stade. C’est à la toute fin que les badauds ont explosé sous des tonnerres d’applaudissements et ont salué cet air avec une acclamation qui marquait le moment le plus enthousiaste de la journée. »
Ce moment de patriotisme sportif fondateur se renforce avec la Seconde Guerre Mondiale, durant laquelle la tradition de l’hymne se répand. Après la capitulation japonaise, le patron de l’époque de la NFL, Elmer Layden, réclame à ce qu’il soit joué avant chaque match : « Il devrait en faire autant partie que le coup d’envoi. Nous ne devons pas l’abandonner simplement parce que la guerre est finie. Nous ne devrions jamais oublier ce que cela représente. »
Une mouvance à laquelle la NBA se joint également. « Le Bannière a pris racine dans les sports professionnels américains pendant et après la Seconde Guerre Mondiale », nous confirme Marc Ferris. « Dès 1939, quand Hitler envahit la Pologne, le Canada déclare la guerre à l’Allemagne. C’est là qu’ils ont commencé à jouer l’hymne national canadien et la Bannière durant les matches de hockey. »
Des moments magiques, d’autres moins…
Des décennies plus tard en NBA, ce rituel fait naître des moments magiques comme l’interprétation de Marvin Gaye lors du All-Star Game 1983. Et moins magiques avec la version de Fergie cette année à la même occasion…
Cette tradition d’avant-match n’en demeure pas moins un rendez-vous symbolique durant lequel certains n’hésitent pas à faire passer des messages. L’un des épisodes les plus célèbres est celui de Mahmoud Abdul-Rauf. Estimant que le drapeau américain est le symbole de « la tyrannie et de l’oppression », il refuse de se lever durant l’hymne, en mars 1996. Suspendu pour un match, il obtient le droit de fermer les yeux ou de regarder en bas pendant l’interprétation de l’hymne, tout en récitant une prière en silence.
À chaque entorse à la tradition, un début de controverse naît. Que ce soit ces dernières années avec Dwyane Wade ou Dion Waiters par exemple. Dans son règlement actuel, la NBA est formelle :
« Joueurs, coaches et entraîneurs doivent se tenir debout dans une position digne le long de la ligne des lancers-francs durant l’hymne national américain et / ou canadien (ndlr : l’hymne canadien « O Canada » est joué à Toronto après l’hymne américain, ainsi que durant les déplacements des Raptors). »
Un mémo est même envoyé l’année dernière pour rappeler l’importance de rester debout durant l’hymne. Et non pas de poser un genou à terre comme il a été fait en NFL, et comme Kobe Bryant par exemple aurait voulu faire…
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