Donovan Mitchell, un rookie pas comme les autres

Même si le Jazz n’est pas encore mathématiquement qualifié pour les playoffs, l’équipe de Rudy Gobert semble en bonne voie avec une série de trois victoires de rang. Seule quatrième à l’Ouest, la franchise pourrait donc retrouver les playoffs et peut-être à une meilleure place encore que la saison précédente, malgré la perte de Gordon Hayward l’été dernier. Mais avec Donovan Mitchell, Utah ne s’est pas trouvé qu’un remplaçant mais un véritable leader de substitution. Au point qu’on en viendrait presque à oublier qu’il s’apprête à mener Salt Lake City alors qu’il n’est encore qu’un rookie.

« Il apprend tellement » expliquait Ricky Rubio, après la victoire contre les Lakers mardi. « Il est arrivé dans cette ligue et a cartonné d’entrée. Et cela ne s’arrête plus. Il n’a pas l’air du tout d’être un rookie. Il apprend et il écoute, c’est fantastique. »

À en croire l’intéressé dans un article du Salt Lake Tribune, il voit son statut de joueur de première année d’un œil différent par rapport à sa conception habituelle. Meilleur marqueur des siens et déjà à plus de 20 points par match, Donovan Mitchell fait preuve de l’exigence d’un patron, pas de celle d’un bleu.

« Le Jazz me laisse faire des erreurs »

« Quand je suis arrivé en NBA et que j’ai vu que je pouvais y faire de belles chose, je me suis dit : Peut-être que je peux faire mieux », explique l’arrière. « Je ne me vois plus comme un rookie. Je me vois comme un gars qui continue d’apprendre. Certaines erreurs que je fais et que d’autres rookies font ne doivent pas arriver. C’est ce que j’attends de moi-même. »

Impatient voire précoce, Donovan Mitchell a déjà prouvé qu’il n’avait pas froid aux yeux. La peur ne semble pas faire partie de son vocabulaire, ni de son caractère. Il cherche toujours à avancer mais encore faut-il qu’on vous en donne les moyens, surtout quand on est dans cette ligue depuis aussi peu de temps. Le Jazz, lui, ne s’est pas posé la question, et en a déjà tiré les bénéfices avec des matches décisifs de son jeune poulain. « Le plus important, c’est de jouer malgré mes erreurs, et ils m’ont laissé en faire, raconte-t-il. C’est simplement beaucoup de travail. J’ai toujours beaucoup à apprendre et je fais toujours des boulettes. Cela m’a permis de me corriger et d’acquérir des choses que je n’avais pas en début de saison. »

Tomber sur un tel phénomène a été une véritable aubaine pour Quin Snyder, à qui Donovan Mitchell simplifie grandement la tâche. Le Jazz a depuis longtemps oublié l’option reconstruction. Mieux, grâce à l’ancien de Louisville, on pense déjà à la progression du côté des lacs salés. Un apprentissage sur le tas pour le joueur, ce qui ne déplait pas du tout à son entraîneur.

« Il y a des instants où vous vous dites : ‘Il est capable de faire ça. Peut-être qu’il ne l’a pas fait ce soir, mais je pense qu’il pourra le faire bientôt’, » explique le coach. « Il n’y a jamais eu de crainte, je n’ai jamais compris ce délire autour des rookies. Les joueurs sont des joueurs, point. Certains sont plus matures que d’autres à un certain âge. Donovan avait faim d’être mis au défi. Je pensais que la meilleure manière de gérer cela, c’était de l’envoyer au charbon et de le défier dans certaines situations. »

Et maintenant, les playoffs comme confirmation ?

Il n’est pas étonnant alors d’avoir vu Donovan Mitchell devenir titulaire à plein temps trois jours après avoir signé un 3/21 au tir contre les Sixers. Pas plus que le voir prendre les rênes du scoring à tout juste 21 ans. L’ex-Cardinal reste sur 24 matches avec plus de 10 points inscrits et une moyenne de 22 points sur la série.

Au-delà des chiffres, il s’est déjà distingué par sa capacité à mettre à genou l’équipe adverse grâce à de sérieux coups de chaud tout en maîtrise. À la différence près que depuis, il n’est plus le gamin halluciné d’enquiller les points comme lors de son récital contre les Pelicans lors de son record en carrière (41 points) plus tôt dans la saison.

« Cela m’a montré de la maturité chez lui », assure Quin Snyder. « Mentalement, il sait mieux comment vont être les tirs, sa lecture s’est améliorée dans ces situations. Et cela le rend plus décisif. »

Cette force malgré son jeune âge, Donovan Mitchell va devoir la conserver pour assurer une place en playoffs au Jazz et ensuite bien y figurer. Histoire de faire se décoller un peu plus son étiquette de rookie.

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.