Le très bon site « Cleaning The Glass » a publié un article sur un sujet souvent oublié, et pourtant essentiel, surtout à l’heure du pick-and-roll en NBA : le positionnement des shooteurs côté faible. En effet, lorsque Mike D’Antoni a systématisé l’utilisation du pick-and-roll au milieu des années 2000, sa logique était que ce schéma de jeu, dans lequel un intérieur vient poser un écran pour le porteur du ballon, offre énormément de possibilités au meneur de jeu.
Et surtout, il impose une aide sur l’intérieur qui roule vers le cercle, créant un surplus côté faible dont il est possible de profiter.
Des tirs à 3-points ou des coupes… par le bas et le haut
Il y a plusieurs façons de profiter de cette aide côté faible, c’est-à-dire du côté du terrain où il n’y a pas le ballon. Pour Mike D’Antoni, l’idéal est de placer deux shooteurs extérieurs, dans le corner et à 45° du terrain.
Avec un meneur comme Chris Paul, on arrive assez souvent à démarquer un joueur derrière la ligne à 7m25.
Du côté du Thunder, on n’a pas les shooteurs des Rockets et on a donc développé d’autres stratégies. Andre Roberson et les autres ailiers d’OKC ont ainsi appris à punir les aides en coupant dans le dos de la défense. Russell Westbrook joue ainsi le pick-and-roll avec Steven Adams mais l’aide sur le pivot est en fait contrée le long de la ligne de fond.
Autre possibilité, plus rare : la coupe par le haut, soit dans l’axe du cercle.
En effet, la grande majorité des défenseurs est attirée par le ballon et les deux joueurs qui jouent le pick-and-roll. À Dallas, Devin Harris s’était lui fait une spécialité de profiter de l’aide demandée par les équipes adverses sur l’intérieur qui roule pour surprendre ses adversaires en suivant le même chemin. C’est plus compliqué mais ça peut fonctionner, même si les passes sont plus délicates, qu’il y a un peu plus de monde et qu’il faut un joueur qui sache quand démarrer son mouvement.
Rester dans les lignes de passe
« Cleaning The Glass » détaille donc dans son article le « Lift » et le « Drift », c’est-à-dire le fait pour les joueurs positionnés côté faible de remonter vers le milieu du terrain ou de redescendre vers la ligne de fond en suivant le mouvement du porteur du ballon. Le but ? Rester dans la ligne de passe de leur coéquipier pour toujours leur offrir une solution.
Sur cette séquence, on voit ainsi bien comment Nicolas Batum, initialement positionné dans le corner, remonte vers l’angle à 45° pendant que Kemba Walker et Dwight Howard jouent le pick-and-roll, et que Marco Belinelli vient en aide.
Le Français peut donc être servi par son coéquipier, et tirer son 3-points en évitant d’être gêné par le retour de l’Italien.
Chez les Rockets, Eric Gordon est lui aussi un spécialiste de l’exercice.
Par contre, il y a beaucoup d’équipes où les joueurs à l’opposé du ballon se positionnent mal, ou trop tard. Cette séquence de Phoenix le montre bien. Parmi les joueurs qui ont effectué plus de 150 pick-and-rolls cette saison, Devin Booker est celui pour lequel les possessions de ce type se finissent le plus souvent en pertes de balle : 11.6% du temps. C’est d’une part parce que le joueur des Suns n’est pas forcément un meneur naturel, mais aussi parce que ses coéquipiers se positionnent mal.
Ici, il attire assez bien James Harden et Clint Capela, alors que Tyson Chandler a forcé l’aide d’Eric Gordon dans la raquette. Il y a donc une ligne de passe intéressante pour un shooteur côté faible… sauf que TJ Warren n’est pas placé.
Ce dernier est trop resté dans le corner, ce qui l’oblige à se décaler pour récupérer le ballon et faire un marcher.