Interview Joel Embiid : « Au début, je pensais que j’allais être un bon role player »

Présent pour chacune des trois soirées du week-end étoilé, Joel Embiid confirme son arrivée sur le devant de la scène NBA cette saison. Le fantasque pivot des Sixers est un sacré client : sur et en-dehors des parquets. Embiid n’a pas sa langue dans sa poche… et on adore ça !

Le Process s’est ouvert sur ses impressions à chaud du All Star Weekend, sa saison et son explosion ces deux dernières années. Il a également évoqué pour BasketUSA son avenir (possible) en Equipe de France, avec un petit coup de pouce de Frank Ntilikina ?

« Je me tiens donc prêt à artiller dimanche ! »

Joel, vous participez à votre premier All Star Game cette année (plus le Rising Star Challenge, plus le Skills Challenge), quel est votre sentiment après votre début de carrière compliqué en NBA ?

« C’est vraiment spécial pour moi, c’est un moment tout à fait particulier. Ça fait un petit moment que j’attends ça. Cette sélection est très importante pour moi, surtout après avoir raté mes deux premières saisons. J’ai pensé à tout arrêter quand tout le monde me considérait comme un bide. C’est un incroyable retournement de situation pour moi. »

Comment considérez-vous cette première cape All Star : est-ce une concrétisation, une étape ?

« Ce n’est qu’une étape pour moi. C’est une concrétisation de ce que je veux devenir. Je veux être un Hall of Famer quand ma carrière est finie. C’est juste une autre marche. »

Quelle est encore votre marge de progression à ce stade de votre carrière ?

« Je ne crois pas qu’il y ait de limites. Je veux être un joueur complet, je veux être capable de tout faire. Il faut que je continue à m’améliorer. J’ai la chance de pouvoir encore progresser. »

Vous rendez-vous compte du niveau que vous avez atteint, avec des All-Stars à côté de vous dans les vestiaires ?

« Pas vraiment. Je pense que je m’en rendrai vraiment compte demain avec les présentations des joueurs. »

Les fans ont accès à vos entraînements, à la conférence de presse, que pensez-vous de cette proximité ?

« C’est très bien. Ce sont eux qui payent les factures en quelque sorte donc il faut leur donner une chance de nous suivre de près. J’ai une bonne relation avec les fans et j’aime discuter avec eux. C’est une très bonne expérience qui, je pense, sera renouvelée et va durer longtemps. »

Quel est votre plan pour devenir MVP durant le match de dimanche soir ? 

« Le coach [Mike D’Antoni] m’a déjà dit qu’il allait dessiner tous les systèmes pour moi, que je pourrai prendre au moins 15 tirs à trois points. C’est comme ça qu’ils font à Houston et je me tiens donc prêt à envoyer [rire] ! »

Quel regard portez-vous sur votre explosion éclair sur le devant de la scène ces deux dernières saisons ?

« Avant mon premier match l’an passé, je pensais que j’allais pouvoir être un bon role player. Et j’allais me débrouiller petit à petit pour me faire ma place dans cette ligue. Après ce premier match, j’ai vu ce que je pouvais faire et j’ai vu que j’avais le talent et la maturité pour être dominant. J’ai toujours cru en moi et voilà où j’en suis maintenant. »

« Je veux d’abord avoir 3 ou 4 saisons en bonne santé avant de me décider »

Si votre vie était un film, quel titre lui donneriez-vous ?

« Coming to America, part II [rires]. »

Quelle influence a eu Michael Jordan dans votre apprentissage du basket ?

« Pour moi, c’était un peu plus compliqué car je me suis vraiment mis au basket à partir de 15 ans. Même quand je suis arrivé aux Etats-Unis, je n’avais pas encore une bonne connaissance de l’histoire du basket. Mais il est évidemment le meilleur joueur de l’histoire. J’ai vu beaucoup de vidéos depuis. Il était pas mal [rires] ! »

Quel est le plus difficile à gérer : votre pourcentage à trois points ou votre pourcentage d’irruption dans les messages privés ?

« Je ne m’incruste pas dans les messages privés. J’ai un peu peur de le faire car on ne sait jamais ce qui va arriver. Je n’utilise pas les réseaux sociaux comme ça. Je ne regarde pas mes messages privés d’ailleurs et je suis sûr qu’elle est bien remplie. »

Est-ce légitime selon vous de vous décrire comme un mix entre Hakeem Olajuwon et Shaquille O’Neal ?

« Je pense être surtout Joel Embiid. Je sais qu’à son époque, Hakeem ne prenait pas autant de tirs à trois points que moi. Mais je suis sûr qu’il en prendrait beaucoup s’il jouait dans le basket actuel. Je me considère avant tout comme un joueur complet. Les deux pouvaient dribbler, prendre les rebonds et jouer au poste bas. Hakeem était bon aussi au tir à mi-distance. L’arme que j’ai en plus sur eux, c’est vraiment le tir à trois points mais j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir. Ces deux gars sont des Hall of Famers, parmi les meilleurs joueurs de l’histoire. J’ai du pain sur la planche mais je pense avoir le potentiel pour les surpasser. »

« Il y a le Cameroun, il y a la France, il y a d’autres équipes »

Êtes-vous satisfait de votre bilan avec les Sixers à la mi-saison ?

« Il y a eu pas mal de hauts et de bas dans notre saison. Je pense qu’on pourrait être bien meilleur que ce qu’on a démontré. On a un super groupe de gars, le vestiaire vit super bien, on prend beaucoup de plaisir ensemble. Surtout dernièrement, on vient de gagner cinq matchs de suite et c’était très bien pour le moral de l’équipe. J’ai déjà hâte de revenir avec l’équipe et pousser pour arracher les playoffs. »

Par rapport à l’Equipe de France, vous donnez-vous une date pour vous décider ?

« Je prendrai ma décision plus tard. Je veux d’abord avoir 3 ou 4 saisons en NBA où je suis en bonne santé avant de me décider pour de bon. Si ça n’arrive pas, ça n’arrive pas. On verra, il y a le Cameroun, il y a la France, il y a d’autres équipes. »

Vous avez joué avec Frank Ntilikina hier, avez-vous pu en discuter ? Est-ce un premier aperçu ?

« Oui, c’était bien de jouer avec lui. On en a parlé ensemble. Il me disait qu’il va continuer à se former et qu’il faut que je vienne jouer avec eux. On verra, on ne sait jamais… »

Propos recueillis à Los Angeles