Derrière le formidable début de saison des Celtics, et la bonne forme des Sixers et des Pacers, les Raptors sont un peu les laissés pour compte dans la conférence Est. Pourtant, à 110.3 points sur 100 possessions, Toronto réalise tout simplement la saison la plus efficace de son histoire en attaque.
Fini le jeu stéréotypé des Raptors, qui insistaient en isolation sur DeMar DeRozan et Kyle Lowry ? Sauf lorsque le match est serré et qu’ils en reviennent à leurs vieux réflexes, les deux All-Stars de la franchise canadienne font en effet davantage circuler la balle, et ils prennent tous les deux trois tirs de moins en moyenne que l’an passé.
La saison régulière comme laboratoire pour surprendre en playoffs
« Notre production pendant les playoffs était assez différente de notre production en saison régulière », analyse Nick Nurse, le coordinateur offensif des Raptors. « Pour changer ça, on veut augmenter le nombre de paniers créés par la passe pour être beaucoup moins prévisible. Du coup, quand on arrive en playoffs, au lieu d’avoir une douzaine de systèmes que nos adversaires peuvent contrer, on essaie d’avoir un paquet d’actions. Des actions en plusieurs temps ou une série de variantes par rapport à la défense proposée et on aura la capacité de contre-attaquer. »
Lors du camp d’entraînement, ça s’est traduit par un playbook flambant neuf et des exercices tout à fait particuliers. Par exemple, le tir à 3-points dans le coin valait quatre points pour valoriser la passe supplémentaire et déjà hiérarchiser les bons tirs. À l’inverse, tout ce qui était entre le trois points et la raquette ne valait rien… voire pénalisait en négatif ! Roi du shoot à mi-distance, DeMar DeRozan a dû être bien malheureux…
Selon leur terme, les Raptors ont un nouveau « spectre de shoots ».
« C’est difficile au début quand on essaye de changer quelque chose de manière aussi drastique », avoue Fred VanVleet pour CBS. « Il faut surexagérer les choses pour commencer pour vraiment mettre en place cette nouvelle identité, une nouvelle façon de faire entièrement. On nous a répété les choses, je peux vous le dire. »
Comme Oklahoma City, qui n’a pas fini de démêler ses problèmes, Toronto était devenu trop caricatural en attaque. Et leurs problèmes répétés en playoffs ont fini par les convaincre de changer radicalement leur mode opératoire.
« Je savais bien que ça n’allait pas être aussi facile que de dire : OK, maintenant, on fait circuler le ballon », prévient Coach Casey. « Parce qu’on doit gérer des êtres humains. Et de solides habitudes chez deux All-Stars qui ont déjà connu le succès comme ça. Et ce n’était pas comme si notre attaque était parmi les plus nulles ! On était dans le Top 5. Mais c’est une autre façon de procéder et ça devrait nous aider sur le long-terme. Maintenant, ce n’est plus simplement le show de DeMar et Kyle. »
Un système beaucoup plus démocratique
Avec le ballon qui vole de main en main et un banc qui se révèle comme un des meilleurs de la NBA avec l’avènement de Fred VanVleet ou Jakob Poeltl, les Raptors comptent bien décrocher une nouvelle place sur le podium de l’Est !
« On commence à en voir les résultats », apprécie DeMar DeRozan. « Tout le monde peut toucher la balle, avoir des tirs grand ouverts, prendre des initiatives. Ça se voit. On a encore plusieurs mois pour continuer à s’améliorer mais on compte bien travailler pour. »
Passé de la 22e à la 6e place en termes de tirs à 3-points tentés (merci C.J. Miles !), ou encore de la 29e (et avant-dernière) place à la 9e pour le ratio de passes (nombre d’actions conclues grâce à une passe décisive) ainsi que le note FiveThirtyEight, Toronto a changé son fusil d’épaule. Et en fait, tout le monde a le port d’arme cette année chez les Raptors !
« Ça apprend aux gars à chercher les passes supplémentaires », conclut CJ Miles. « Ou de sauter une passe ou anticiper sur la rotation défensive, car un gars pourrait être libre dans le coin sur le côté faible au lieu de prendre un tir contesté dans le périmètre. »
Bien placés en embuscade derrière Boston et Cleveland, les Raptors peuvent jouer les trouble-fête avec pas moins de 9 joueurs qui scorent entre 6 et 16 points. Malgré de nombreux départs, et un sacré vide au niveau de l’expérience (Patrick Patterson, P.J. Tucker, Cory Joseph, DeMarre Carroll…) cet été, Toronto a réussi à stabiliser son navire après un tiers de saison.
Maintenant, il s’agit de perfectionner ce système offensif beaucoup plus démocratique. Pour ne plus flancher en playoffs !