La polyvalence défensive est au coeur de la philosophie des Warriors, qui cherchent à limiter les décalages avec des « switchs » incessants. C’est par exemple une stratégie intéressante en fin de quart-temps, lorsque l’équipe adverse met en place un simple pick-and-roll pour faire dérouler l’horloge et prendre un tir le plus tard possible.
Ancien analyste statistique chez les Sixers et les Blazers, Ben Falk a d’ailleurs détaillé il y a quelques jours cette vogue du changement défensif NBA dans un article passionnant. Il y détaille ainsi comment les Warriors ont désormais pris l’habitude de « switcher » loin du ballon, afin d’éviter les mismatchs adverses. Dans la série face aux Spurs, LaMarcus Aldridge a d’ailleurs eu peu l’occasion de poster un joueur qu’il pouvait vraiment dominer physiquement.
La stratégie défensive des Warriors est complexe, mais leur attaque l’est aussi.
Des changements adverses incessants pour gêner les « Splash Brothers »
Quand il est arrivé en 2014, Steve Kerr a mis en place un jeu offensif basé sur le mouvement et les écrans, afin de libérer au maximum Stephen Curry et Klay Thompson. À partir de l’an passé, les adversaires ont néanmoins commencé à trouver des moyens pour gêner cette attaque, en suivant l’exemple de San Antonio. Les Spurs ont ainsi été les premiers à multiplier les changements, demandant à leurs intérieurs de suivre les extérieurs de Golden State, malgré un déficit de vitesse évident.
L’idée est avant tout d’empêcher le tir à 3-points en misant sur une aide en cas de pénétration. L’illustration de cette stratégie, c’est la défense de Kevin Love sur Stephen Curry dans les dernières minutes du Game 7 des dernières Finales. L’action, désormais surnommée « The Stop » dans l’Ohio, montre assez bien ce qui peut gêner les « Splash Brothers ».
D’ailleurs, en finale de conférence, San Antonio a encore multiplié les changements pour toujours gêner les shooteurs.
Mais ce que montre bien Ben Falk, c’est que les Warriors ont développé tout un panel d’alternatives, pour mieux attaquer ces changements défensifs et à nouveau libérer Klay Thompson et surtout Stephen Curry dans ces situations.
Golden State répond avec un tas d’alternatives
Par exemple, Golden State n’hésite plus à attaquer le changement de façon indirecte. Au lieu de demander à Stephen Curry de jouer Pau Gasol en-un-contre-un, les Warriors vont ainsi utiliser Draymond Green comme créateur, son meneur cherchant à se démarquer loin du ballon. C’est encore plus difficile à défendre pour le pivot espagnol, obligé de multiplier les efforts.
Les Warriors attaquent également le changement… avant même qu’il ait lieu.
Autre alternative très intéressante : lorsqu’un écran de Golden State est posé, les Warriors peuvent profiter du changement pour se retrouver avec un meilleur angle d’attaque du panier. Justement à cause du « switch ».
Comme l’expliquait Kobe Bryant dans « Golden Democracy », ce système d’écrans et de coupes est un sacerdoce pour les adversaires. S’ils ne changent pas, ils prennent du retard, immédiatement sanctionné de loin. Et s’ils changent systématiquement, ils doivent communiquer à la perfection pour ne pas se retrouver dans les pièges de Golden State.
Lexique :
– un switch est une permutation défensive, lorsque deux joueurs échangent les attaquants sur qui ils défendent au coeur d’une action pour éviter que l’équipe d’en face ne prenne de l’avance
– un pick-and-roll est une action au cours de laquelle un joueur vient poser un écran pour le porteur du ballon avant de couper vers le cercle. S’il s’écarte du cercle, il s’agit d’un pick-and-pop
– un mismatch est un duel favorable en un-contre-un pour une équipe, soit parce que l’attaquant a un gros avantage en termes de poids et de taille, soit au contraire parce qu’il a un net avantage en termes de vitesse