Les Warriors n’ont jamais été des adeptes du pick-and-roll, préférant construire leurs attaques sur la circulation du ballon et les mouvements en attaque.
Mais l’arrivée de Kevin Durant a changé beaucoup de choses… et l’ancien joueur vedette du Thunder a trouvé en Mike Brown, un (assistant) coach capable d’instiller une dose de pick-and-roll dans le jeu des Warriors. Le but ? Profiter de l’avantage de taille de KD sur les changements sur les écrans, notamment lorsqu’il joue avec Stephen Curry.
« Steve Kerr n’est pas vraiment trop axé là-dessus » confirme Brown sur ESPN. « Il préfère la création d’espace et le mouvement, et c’est fantastique. J’adore Steve, et où que j’aille dans le futur, je vais intégrer une grande dose de ce qu’il fait. Mais en playoffs, il faut provoquer le mismatch (voir Lexique ci-dessous). Quand j’ai besoin d’un panier, c’est ce que je fais. »
Concrètement, voici ce que ça donne face au Jazz. Dans le premier exemple, le « mismatch » oblige le Jazz à faire prise à deux pour aider Shelvin Mack, et Kevin Durant trouve un coéquipier démarqué.
Dans le second exemple, le Jazz décide de ne pas faire prise à deux, et Kevin Durant peut jouer le un-contre-un face à un joueur qui lui rend presque 20 centimètres.
On note d’ailleurs, qu’à chaque fois, il s’agissait de situations en fin de match quand, justement, les Warriors avaient besoin de marquer, pour reprendre les mots de Mike Brown.
Troisième solution : utiliser un passeur comme relais. Kevin Durant s’ouvre au panier « entre les portes du saloon », et les Warriors se retrouvent immédiatement en supériorité numérique. Là encore, le score était serré, et les Warriors avaient « besoin de marquer ».
« Je reconnais qu’on en a besoin car les défenses deviennent de plus en plus serrées » admet Steve Kerr, qui a laissé sa place sur le banc à Brown en raison de ses problèmes de santé. « Il s’agit de trouver le juste équilibre entre le moment où l’on en a besoin, tout en conservant le rythme qui fait notre marque. »
Pendant la saison, Kevin Durant mais aussi Stephen Curry avaient réclamé davantage de pick-and-roll, et les chiffres sont là pour prouver que les Warriors en jouent de plus. Fin décembre, le double MVP était à l’origine d’un pick-and-roll à 4.5 reprises par match. À la fin de sa saison, sa moyenne était montée à 6.1 situations. En playoffs, c’est grimpé à 7.5 pick-and-roll par rencontre.
Le meilleur exemple de pick-and-roll entre un meneur et un ailier est à trouver du côté de Cleveland avec Kyrie Irving et LeBron James. L’an passé, ils avaient fait très mal en finale par leurs talents sur du jeu en « isolation ». S’il se retrouvent cette saison en finale, les Warriors auront du répondant avec Kevin Durant.
Lexique :
– un pick-and-roll est une situation où le possesseur de la balle en attaque reçoit un écran d’un coéquipier pour se libérer du défenseur. Après son écran, ce dernier a deux choix : s’ouvrir vers le panier (pick-and-roll) ou s’écarter (pick-and-pop).
– le spacing est l’action d’écarter le jeu en attaque soit par les mouvements des joueurs, soit par la circulation du ballon. Le but recherché est d’écarter la défense pour créer de l’espace pour les attaquants.
– le mismatch consiste à profiter de l’avantage de taille (ou de poids) d’un attaquant sur un défenseur. Cela peut d’ailleurs être dans les deux sens puisqu’un meneur de jeu peut profiter de sa petite taille pour piéger un pivot moins mobile.