Candidat pour un troisième titre d’affilée de meilleur défenseur de la ligue, et même pour le titre suprême de MVP, Kawhi Leonard réalise une grande saison. Et, à 26 points, 6 rebonds et 4 passes, c’est un doux euphémisme avec des records en carrière aux points et à la passe.
Toujours aussi discret et sérieux, concentré sur son boulot, Kawhi Leonard ne doit cependant pas être rangé dans une case. L’ailier double All-Star des Spurs commence seulement à prendre ses aises, dans sa sixième saison.
« J’ai une mémoire plutôt visuelle, donc je ne me souviens pas d’une vanne en particulier mais il peut vous faire bien rire, avec des bonnes répliques », jure Matt Bonner dans le Bleacher Report. « Son humour est très sous-estimé. Et il a un des meilleurs sourires. C’est contagieux. »
Ayant par exemple travaillé à sa propre ligne de vêtements, et de plus en plus à l’aise devant les caméras comme en attestent les campagnes publicitaires annuelles de HEB, le sponsor officiel des Spurs, Kawhi Leonard évolue à son rythme.
« Il parle mais il est clairement du côté des taiseux, comme Klay Thompson qui ne parlera que si on lui adresse la parole… » compare avec justesse David Lee, qui a côtoyé les deux stars. « Avec autant de gars qui sont obnubilés par leur marque, par leur style, je trouve que c’est assez incroyable. »
Et pour cause, Kawhi Leonard cultive sa différence. Dans le débat des MVP notamment, à côté de James Harden et Russell Westbrook pas connus pour leur effort défensif, l’ailier détonne. Comme face à Houston justement, quand il a inscrit le trois points de la gagne avant de bâcher l’ultime layup du barbu texan.
« Tout le monde peut réussir à rentrer un tir à trois points », a alors commenté Gregg Popovich. « Harden, Steph, tout le monde peut le faire. Mais je ne vois aucun autre joueur en vouloir autant de l’autre côté du terrain. Et c’est ce que Kawhi a fait. Il en voulait vraiment, il est donc allé le chercher ! »
Dans son propre espace-temps
Cela semble simple, vu de l’extérieur, mais Kawhi Leonard a connu une progression linéaire, à force d’entraînements loin des caméras. Après le All Star Game, l’ailier des Spurs a ainsi pris un avion tôt le matin pour une session à San Diego… Le garçon sait ce qu’il veut !
« Comme beaucoup d’autres gosses, Kawhi respecte les grands joueurs – Jordan, Kobe, Carmelo. Il a vu et revu leurs vidéos et s’en est inspiré. Mais il regarde tout le monde : Hakeem, Jordan… Sans dire qu’il poursuit Jordan, il veut en tout cas faire partie des meilleurs avec LeBron, Kobe, MJ, Hakeem, Barkley. Pas seulement des 50 meilleurs mais du Top 10. C’est son objectif final ! » assène Randy Shelton, son préparateur physique de longue date. « Il n’est clairement pas motivé par l’argent, il vit de manière très humble. Il veut faire partie des meilleurs joueurs de l’histoire du basket. »
Et San Antonio ne regrette pas son saut dans le vide, lors de la draft 2011. Quand il a fallu se séparer de George Hill, un des favoris de Pop…
« C’était la décision la plus compliquée de mes vingts ans de coaching. Et de loin ! », confirme le technicien texan. « On était mortifié. Il était le 15e choix je crois, et quand on est arrivé aux 11e, 12e, 13e choix, Danny Ferry et moi, on se regardait : « Va-t-on vraiment faire ça ? ». [George Hill] était un de mes joueurs préférés. Il était important pour nous mais on devait gagner en taille. On a pris notre chance et on l’a fait. Mais à ce moment-là, on ne savait pas du tout qu’il allait devenir aussi bon. »
Bosseur s’il en est, Kawhi Leonard ajoute à son arsenal chaque saison. Surtout, peu intéressé par la culture actuelle du marketing dans le sport, l’ailier des Spurs se fiche des rumeurs extérieures. Il est bien trop préoccupé par sa propre progression, qui se base sur de sacrés standards…
Comme le décrit Manu Ginobili, Kawhi Leonard évolue dans son propre espace-temps.
« À la fin des finales 2013, qu’on a perdues, on pouvait voir que son jeu évoluait. Mais on n’avait pas de système pour lui. L’année suivante, lors des finales qu’on gagne, on n’appelait toujours pas de systèmes pour lui mais il commençait à comprendre. Et on a commencé à le chercher, d’abord au poste bas. Et puis des rôles plus importants et maintenant, pour tout ! Son jeu a pris une autre dimension et maintenant, il voit le jeu pour ses coéquipiers. Il a encore du boulot, mais ce qu’il fait est incroyable… À son âge, je n’étais qu’un rookie. »
Le sujet ESPN sur la capacité de Kawhi Leonard à « piquer » la balle dans les mains de ses adversaires
https://www.youtube.com/watch?v=-Id-hubKVn4