Utilisé avec la plus grande parcimonie par Stan Van Gundy, qui expliquait notamment après le match face aux Blazers que les « matchups » ne favorisaient pas son entrée en jeu, Boban Marjanovic poursuit son petit bonhomme de chemin en NBA.
Après une saison rookie chez les Spurs où il avait démontré sa facilité à cumuler points et rebonds à une vitesse folle, il a remis le couvert l’autre soir face à Charlotte en réussissant un double double impressionnant : 15 points et 19 rebonds en sortie de banc, et en à peine 22 minutes.
Alors qu’il terminait sa séance d’étirements dans les dédales du Moda Center, le gentil géant serbe a répondu à nos questions. Avant une poignée de mains bien virile dont votre serviteur se souviendra longtemps…
Boban, vous sortez de votre meilleur match de la saison avec 15 points et 19 rebonds face à Charlotte. Racontez-nous cette belle performance ?
« C’était bien pour moi. Je suis rentré en jeu en deuxième quart, quand le match était encore très disputé avec des changements de leader. J’ai joué mon jeu et essayé d’aider l’équipe au maximum. »
À San Antonio, j’avais déjà pu faire la transition de manière sereine entre l’Europe et la NBA
Saviez-vous que vous êtes devenu le premier joueur en quinze ans à réussir un double double en moins de dix minutes ?
« Je ne savais pas, mais ça sonne bien ! »
Comment s’est passée votre adaptation entre San Antonio et Detroit ?
« Ça s’est très bien passé. Les gens sont très gentils avec moi. À San Antonio, j’avais déjà pu faire la transition de manière sereine entre l’Europe et la NBA. Et maintenant, c’est la même chose mais d’une équipe à l’autre. Je me sens bien dans cette équipe. Les coachs et les joueurs m’ont très bien accueilli. Avec les coachs, on avance étape par étape et on travaille bien. J’aimerais jouer davantage mais si je ne joue pas, je suis là pour encourager mes coéquipiers. »
Est-ce vrai que Gregg Popovich a dû vous mettre un coup de pied aux fesses pour que vous acceptiez ce contrat à Detroit, car vous souhaitiez rester à San Antonio ?
« Il n’a pas eu à me foutre dehors [rire] mais on a discuté quand j’ai eu cette proposition. Il m’a donné quelques conseils, un peu comme un père. Il a prouvé qu’il n’était pas seulement un grand coach, mais un grand monsieur. »
Vous aviez peur de l’hiver dans le Michigan après vous être habitué à la chaleur texane ?
« Non, non, je connais déjà la neige et le froid en Serbie, c’est à peu près le même climat. Ce n’est pas ça qui me gênait [rire]. »
Aron Baynes a suivi le même chemin que vous, de San Antonio à Detroit, vous a-t-il aidé à votre arrivée ?
« Je l’ai rencontré avant le camp d’entraînement. Je ne le connaissais pas du tout. C’est un bon gars. Il m’a aussi apporté ses conseils, comme d’autres joueurs de l’équipe. »
Vous avez connu Gregg Popovich à San Antonio et maintenant, vous avez Stan Van Gundy…
« Ce sont deux très bons coachs, c’est clair. Je m’estime chanceux de pouvoir discuter avec eux si j’ai besoin de conseils. »
« Je veux rester ici, je veux continuer à jouer en NBA »
Comment ça se passe avec coach Van Gundy, un coach très loquace ?
« Très bien. J’essaie d’écouter au maximum ce qu’il dit. Comme ça va vite parfois, j’essaie de me coller à lui pour comprendre tout ce que je peux [rires]. Parfois, j’ai l’impression que c’est une autre langue ! »
Vous jouez moins que lors de votre saison rookie avec les Spurs, est-ce frustrant pour vous ?
« C’est sûr mais mon boulot est d’être prêt à jouer quand on me le demande. Je bosse individuellement pour rester en forme, je fais mes échauffements. J’essaie d’être le plus sérieux possible. Et quand on m’appelle, je suis là. »
Un de vos compatriotes, Nikola Jokic, réalise une grande saison avec les Nuggets, avez-vous une relation particulière avec lui ?
« Oui, je le connais depuis qu’il est tout jeune. On a joué ensemble à Mega Vizura quand il n’était encore qu’un gamin. C’est encore un gamin aujourd’hui [rire] mais à l’époque encore plus. Il était en formation et il s’entraînait avec nous. J’ai joué à ses côtés [à Mega Leks] et contre lui [quand Boban évoluait à l’Etoile Rouge, ndlr]. »
Suivez-vous encore les résultats de vos anciennes équipes en Serbie ? Vous gardez encore le contact ?
« Oui, bien sûr. Je suis attentivement les résultats de l’Etoile Rouge [de Belgrade], c’est mon équipe. J’ai adoré joué avec eux. J’ai vu qu’ils jouaient bien cette saison, avec des victoires énormes [en Euroleague contre Moscou et le Real, ndlr], avec plus de 10-15 points d’écart même [contre Kaunas la semaine dernière, ndlr]. Ils jouent toujours bien à la maison et ils commencent à réussir à jouer de la même façon à l’extérieur. Ils ont un très bon coach [Dejan Radonvic], les joueurs l’écoutent et ça marche fort ! Et puis, il y a les fans ! Le public répond toujours présent au Pionir avec le stade plein, plus de 8 000 personnes qui chantent et des ambiances incroyables. C’est génial de jouer devant ce public ! »
L’Euroleague a un format différent cette saison et c’est très compétitif. Est-ce quelque chose que vous regardez du coin de l’oeil ?
« Je regarde les résultats mais non, je veux rester ici. Je veux continuer à jouer en NBA. »
Propos recueillis à Portland