Dix ans qu’il a pris les rênes de l’équipe la plus dominante de la planète tous sports confondus. Mike Krzyzewski, ou Coach K pour les intimes, a marqué de sa patte la dernière décennie de compétitions internationales de basket. C’est simple, depuis 2008, plus rien n’échappe au show Team USA, et le metteur en scène y est pour quelque chose.
Le mythique entraîneur de Duke tire maintenant sa révérence, auréolé de cinq titres d’affilée.
Pourtant, ça n’avait pas si bien commencé. En 2005, il est nommé à la tête de la sélection nationale américaine, après l’affront de 2002 et l’échec des JO 2004 (médaille de bronze après avoir perdu contre l’Argentine en demi-finale). Première mission : rectifier le tir au Japon pour les mondiaux de 2006.
La défaite avant l’âge d’or
Battus par la Grèce en demi-finale, Coach K et sa bande échouent encore. Mais cette défaite va marquer le début de la rédemption pour Team USA, qui vient de se trouver une génération aussi talentueuse qu’investie.
« Avec Carmelo (Anthony), on a partagé une conférence de presse au Japon en 2006 après notre seule défaite » se rappelle le coach de Duke. « Il a donné le ton, posant les termes de notre programme et la responsabilité collective. Il n’a pas cherché d’excuse et on a construit la-dessus. À ce moment, dans la défaite, les personnalités ressortent, et c’est ce qu’il s’est passé avec Carmelo. C’est pareil pour l’engagement de LeBron et Kobe, et tout les autres, Chris, Kevin… C’est grâce à eux qu’on en est là aujourd’hui. »
Depuis le passage raté au Japon, Team USA n’a pas fait de détail. Ça a commencé à Pékin, deux ans plus tard, pour le premier titre olympique des Américains depuis 2000 et leur victoire face à la France. C’est le premier fait d’arme de Mike Krzyzewski, il ne perdra plus une compétition dès lors.
En 2010, avec une équipe profondément remaniée, et Kevin Durant en superstar naissante, il offre en Turquie le premier titre mondial à Team USA depuis 1994 !
« On manque de temps pour évoquer tout ce qu’il a apporté à l’équipe » avouait Jerry Colangelo, le boss de Team USA, après la victoire d’hier. « Le partenariat créé ensemble est ce qu’on a réussi à accomplir, c’est une histoire incroyable. La magnifique relation qu’on a aujourd’hui, c’est pour la vie. Je ne pourrai jamais assez le remercier. »
Après les victoires en 2008 et 2010, il rajoute un titre de champion olympique à Londres, marchant sur leurs adversaires (32 points d’écart de moyenne), et en prime, le record de points marqués face au Nigéria (156). En 2014 en Espagne, ils atomisent la Serbie pour s’offrir un deuxième titre mondial de rang.
Ces mêmes Serbes qui ont de nouveau subi la foudre, hier soir à Rio (96-66), laissant Team USA glaner une troisième olympiade d’affilée.
Son bilan : 88 victoires – 1 défaite
Ce n’est pas le premier triplé de Team USA (qui avait remporté les JO de Barcelone, de Los Angeles et de Sydney, ainsi que les sept premières olympiades entre 1936 et 1968), mais c’est la première fois qu’un coach remporte trois médailles d’or.
« Ce titre est aussi fort que les autres » avoue-t-il. « Je suis quelqu’un de chanceux qui, en université ou sur le plan international, a fait partie d’équipes titrées. Je suis fier que Jerry Colangelo m’ait donné cette opportunité. La manière dont les joueurs ont réagi, leur grande envie de jouer pour leur pays, c’est ce qui a fait l’essentiel du travail. Sept de mes petits-enfants étaient là ce soir, c’est un bonheur d’avoir pu partager ça avec eux, je suis chanceux. »
Mike Krzyzewski ponctue son aventure avec Team USA sur un bilan fantastique de 88 victoires pour seulement une petite défaite. Au final, c’est trois titres olympiques, deux championnats du monde et la grande réussite d’avoir replacé les États-Unis comme épouvantail ultime du basketball mondial après les années 90.
Maintenant, il va laisser la place à Gregg Popovich, coach des Spurs avec qui il partage cette mentalité presque militaire. La transition ne devrait donc pas poser de problèmes.
« J’aime l’idée que nous ayons déjà déjà nommé Gregg Popovich pour reprendre le rênes » avoue Coach K. « On a donc le meilleur gars au monde pour coacher l’équipe maintenant. Ça en dit beaucoup sur le programme qu’on a développé. »
Coach K peut quitter Team USA en paix. Il a redoré les étoiles du drapeau de l’Oncle Sam, et va maintenant retrouver son habit de plus grand coach NCAA de l’histoire avec ses Blue Devils de Duke…