S’il a dû lâcher le titre acquis la saison précédente, Steve Kerr est un entraîneur heureux. De passage à la ligue d’été de Las Vegas, le head coach des Warriors, meilleur entraîneur en titre, est évidemment revenu sur la signature de Kevin Durant.
« L’année prochaine, on gèrera davantage la fatigue »
Mais il a également évoqué la gestion de ses joueurs clés dans leur saison historique à 73 victoires, avec la fatigue qui s’est accumulée, puis les blessures qui se sont emmêlées.
« Je ne pense pas qu’on ait mis nos joueurs sur les rotules. Nos meilleurs joueurs ont tourné à 33, 35 minutes par match. Maintenant, je sais que retourner en finale pour une troisième année consécutive, ça va être très compliqué. Quand on était aux Bulls, on avait le meilleur leader pour le faire en la personne de Michael Jordan. Mais à force, ça devient très fatigant. Je pense que la saison prochaine, on gèrera davantage la fatigue. Aussi talentueux qu’on soit, ou que les gens disent qu’on est, il faudra qu’on soit bon pendant neuf mois. Et c’est extrêmement difficile à faire après deux finales. »
Les Warriors semblent partir avec plusieurs kilomètres d’avance sur la ligne de départ mais coach Kerr sait aussi qu’il aura du changement dans son staff, avec le départ de Luke Walton, un élément majeur de l’aventure Warriors.
« J’ai déjà une descendance dans le coaching [« coaching tree » en VO]. Je ne fais ce métier que depuis deux ans mais j’ai déjà fait école. » se marre Kerr aux micros de NBA TV. « Je plaisante toujours avec Alvin Gentry à ce sujet car lui coache depuis plus de 30 ans et il fait désormais partie de ma filiation. C’est difficile parce que d’un côté, c’est flatteur que d’autres équipes qui veulent gagner leur donnent une chance, mais de l’autre côté, on perd un assistant. Et un coaching staff, c’est quasiment comme une équipe, il faut de la cohésion et de la complicité. Luke [Walton] va me manquer mais je suis content d’accueillir Mike Brown, avec qui j’ai travaillé quand je jouais aux Spurs. »
Comme le soulignait récemment Dwyane Wade, les relations humaines sont importantes. En l’occurrence, Kerr ne sera donc pas complètement perdu en retrouvant l’ancien coach des Cavs et de LeBron James dans son staff. Ce passé à Cleveland sera probablement utile en cas de nouvelle confrontation…
La chance sourit aux audacieux
Ce qui est sûr, c’est que la philosophie des Warriors n’est pas diluée dans la Baie malgré le départ de Walton. Kerr compte bien garder la même approche malgré cet effectif (littéralement) quatre étoiles avec Curry, Thompson, Green et Durant. Tant que le duo Myers – Kerr est aux manettes, les audacieux Warriors ne manqueront jamais de chance…
« Le jeu a énormément évolué ces dix dernières années et notre équipe reflète cette évolution. Beaucoup de polyvalence, de gars autour de 2m qui peuvent dribbler, shooter, passer. La ligue prenait déjà cette direction et nous, on a simplement eu de la chance avec nos choix [de draft], comme avec Draymond Green. Bob [Myers] est un GM très intelligent et modeste. Mais comme il le dit souvent, on a eu énormément de chance pour Draymond. Si on avait su qu’il allait être si bon, on ne l’aurait pas drafté en 35e position mais bien avant ! [rires]. »
Dans le débat interminable qui vise à savoir qui des Warriors de l’an passé ou des Bulls de 1996 était la meilleure équipe, Kerr préfère botter en touche. En fin analyste du jeu qu’il a abordé sous toutes ses coutures, de joueur à coach en passant par consultant télé et GM, Steve Kerr s’adapte simplement à la donne actuelle.
« Les règles sont différentes. J’entends les vieux de la vieille, les partisans du « c’était mieux avant » qui disent qu’il n’y a plus d’intérieurs, plus de jeu physique. Les règles sont différentes ! Maintenant, on peut mettre plusieurs joueurs sur le côté fort, ce qui était illégal il y a vingt ans. On avait des joueurs dominants au poste bas à l’époque et maintenant, les ailiers forts ont tendance à s’écarter et à shooter à trois points. Le jeu a changé et c’est en partie à cause des règles, en partie avec la formation des jeunes joueurs aussi. Je ne sais pas si c’est mieux ou pire, mais c’est différent. Et il y a encore beaucoup de talent ! »