« Non, je n’ai pas allumé la télé hier soir. »
Stephen Curry a fait le bon choix. Son acolyte Klay Thompson l’en félicitera par conférence de presse interposée, mais on peut unanimement s’accorder sur ce choix.
« Je vais penser tout l’été à ce que je n’ai pas bien fait »
Au lieu d’écrans avec des images qui bougent sans cesse, Curry a préféré se ressourcer en famille. Avec ses proches dans leur nouvelle maison. De quoi relativiser l’échec cuisant de ces finales NBA. Du rêve du back-to-back presque déjà réalisé au bout de quatre matchs, les Warriors sont passés au cauchemar de deux défaites, sur leur terrain, face aux Cavaliers sacrés champions sous leurs yeux… et sur leurs terres !
« On a eu trois occasions de gagner un match et on n’a pas réussi à le faire. » explique un Steph Curry sentencieux. « Maintenant, on doit vivre avec ça pendant tout l’été. J’espère que la douleur qu’on a maintenant va nous pousser à nous améliorer. Car on a tous envie de revenir à ce stade de la compétition. J’ai confiance en ce groupe, et je pense qu’on aura d’autres chances de gagner le titre. Je sais que personnellement, je vais penser tout l’été à ce que je n’ai pas bien fait. Et collectivement, on a tous une part de responsabilité dans cet échec. Mais ce n’est certainement pas l’absence de Draymond [au match 5] qui nous fait perdre la série. »
Protégeant ses frères d’armes, le double MVP en titre a assumé cet échec, autant que faire se peut. Avec rationalité et recul, les deux meilleures armes des vaincus…
« J’ai réussi à dormir comme il faut. Mais je n’arrêtais pas de me réveiller. Et puis, il y a eu ce moment où je me suis assis et je me suis rendu compte que la saison était finie. » concédait très franchement Curry lors de son interview de fin de saison. « J’ai beaucoup repensé au dernier quart. Il y a eu trois ou quatre actions où j’ai essayé de rentrer un gros tir à trois points alors que le jeu était probablement ailleurs. Si c’était rentré, le débat aurait été tout autre… Mais, de manière générale, quand on n’arrive pas à exécuter le système demandé, ça vous hante. »
« Je n’ai besoin de personne pour savoir que j’ai mal joué »
S’il est encore trop tôt pour la plongée dans la vidéo de ce match 7, Curry ne se cache pas derrière ses pépins physiques (évidents) pour justifier sa baisse de régime dans les moments clés… où on attendait précisément de voir s’illustrer le MVP.
« Je ne vais pas regarder la vidéo de ce que j’ai raté parce que ça va faire remonter trop de mauvais souvenirs… Mais en comprenant comment je peux mieux contrôler le jeu, si jamais je suis à nouveau dans cette situation, je sais que je serai meilleur. » ajoute-t-il sur ESPN. « J’encaisse ces critiques parce que je sais que je n’étais pas à mon meilleur niveau. Je n’étais pas à 100%, mais ça importe peu. Je pensais pouvoir faire ce qu’il fallait mais ça n’a pas suffi. Ce sont mes propres attentes et ma propre évaluation de mes performances. Je n’ai besoin de personne pour le savoir. Mais ce n’est pas la fin de l’histoire, juste un chapitre un peu en-deçà. »
Et pour reprendre pleinement pied dans la réalité de la vie, rien de tel que les remarques spontanées des enfants. Avec Riley et Ryan, Steph Curry a deux bonnes raisons de ne pas trop s’apitoyer sur son sort cet été…
« Mes filles sont encore suffisamment petites pour ne pas forcément suivre les résultats. Elles viennent au match mais ne savent pas forcément ce qui se passe. Hier soir, quand on rentrait à la maison, j’ai dit à Riley qu’on n’avait pas gagné. Et elle m’a répondu : « je sais, mais ce n’est pas grave ». Ce moment-là m’a vraiment permis de mettre tout ça en perspective. Ce sport signifie évidemment beaucoup pour nous les joueurs, mais, même si on a perdu, on a tout de même passé une très bonne soirée avec ma famille, à la maison. On gagne par moment et on perd à d’autres. On a peut-être perdu le titre cette année mais on peut quand même gagner au jeu de la vie. Beaucoup de bonnes choses nous sont arrivées à moi et à ma famille, et il faut savoir garder cette perspective. »
Se doutant bien que de nombreux papiers paraîtront bientôt se demandant si « la magie Curry », qui avait conquis la ligue comme un vent de folie, ne s’est pas déjà volatilisée, le meneur des Warriors ne perd pas pied. Au contraire, il sait qu’il reste un champion NBA. Simplement, on ne dira plus « champion en titre » mais « champion 2015 » …