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Le 6 octobre 1993, Michael Jordan annonçait sa première retraite

NBA – Il y a 31 ans, au lendemain du premier « threepeat » des Bulls, Michael Jordan ne trouve plus de challenge à sa taille. Sa passion pour le basket s’est émoussée. Il est usé mentalement. L’assassinat de son père en juillet l’a profondément affecté et il décide de quitter les terrains NBA.

« Sa Majesté » annonce ce 6 octobre 1993 qu’il met un terme à sa carrière sportive. Retraite dont Michael Jordan sort quelques mois plus tard, en mars 1994, pour tenter le pari fou de devenir joueur pro de baseball. En pointillé, une question lancinante : « MJ » est-il l’un des meilleurs athlètes de tous les temps ?

Il était une fois le meilleur basketteur de tous les temps. Dès son plus jeune âge, Michael Jordan fut un sportif accompli. Basket, baseball, football américain, golf… « MJ » est un surdoué. Au sortir de l’année 1993, il a tout gagné dans le sport qui l’a consacré roi parmi les rois. Trois titres NBA. Deux titres olympiques. Un collier de médailles individuelles. L’homme de tous les records décide subitement de prendre sa retraite. Subitement pour le grand public. Mais pas pour l’intéressé qui expliquait, dans son autobiographie « For the love of the game » parue en 1998, avoir préparé son départ dès l’été 1992.

« Je vais choquer le monde entier. Je vais quitter le basket pour aller jouer au baseball » avait-il lancé avant les Jeux olympiques de Barcelone.Devant la stupeur du témoin, il avait ajouté : « J’en ai parlé à mon père. Je suis très sérieux. La seule raison pour laquelle je reste, c’est pour réussir le « threepeat ». Actuellement, c’est mon unique motivation. »

De sondages en enquêtes, tout le monde s’interroge sur le retour – possible ou probable – de « Sa Majesté ». Effectivement, Michael va revenir. Mais il feinte et prend tout le monde à contre-pied. Quatre mois après l’annonce de sa retraite, Jordan reprend le sport mais c’est pour s’essayer au baseball, le passe-temps national des Américains. Chez les White Sox, l’équipe de Chicago.

« Mon but n’est pas d’être All-Star, MVP ou de frapper pour 30% mais d’évoluer dans la ligue majeure », déclare le rookie pas comme les autres.

Jordan intègre l’effectif des White Sox par l’intermédiaire d’un de ses clubs satellites. Comme à son habitude, il s’est entraîné tel un malade. Ce changement ce cap sportif étonne, surprend. Pourquoi le baseball ? A-t-il les qualités pour y briller ? Ses proches rappellent une anecdote. Lorsqu’il n’était encore qu’un petit Américain en culotte courte comme les autres, son père ne lui avait-il pas prédit qu’il ferait un super pro au baseball ? A 12 ans, il est à un match de mener son équipe de Wilmington (Caroline du Nord) dans les World Series de Little League (défaite 1-0 en finale d’Eastern Regional).

A 14 ans, il ne rêve que d’imiter les Athletics d’Oakland, trois fois champions d’affilée en baseball, et non les Celtics de Boston, l’équipe vedette de toute une génération de basketteurs en herbe. Avec un pote, Mike manie la balle entre deux parties de basket sur son playground. Lors de son année junior de high school, il est mis en réserve de l’équipe de basket en raison de plusieurs insuffisances (oui, il y a un coach qui n’a pas cru en lui !). Au même moment, l’équipe de baseball du lycée cherche un volontaire pour remplacer le leader, blessé. Le petit Jordan se lève et prend la place laissée vacante. « Tout petit déjà, c’était son sport favori », explique son père.

Dès lors, tout le monde s’interroge. Va-t-il réussir aussi bien avec la petite balle blanche qu’avec la grosse balle orange ? Qu’importe, Jordan a envie de se faire plaisir, comme le confirme son agent, David Falk : « Mike fait ça pour le fun et aussi pour relever un challenge. Il est riche, il n’a que 30 ans, il a envie d’essayer d’autres choses. C’est le genre de feeling que toute personne a quand elle prend sa retraite. Mais pour le commun de mortels, cette sensation n’arrive que vers 60 ans… »

Le prototype de l’athlète moderne

En fait, cette reconversion recouvre une autre réalité. Il s’agit aussi de savoir si Michael Jordan est un surdoué du sport au-delà de la sphère basket. Avec ses 1,98 m et 90 kg, possède-t-il les mensurations idéales pour s’essayer à plusieurs disciplines ? Déjà, on sait que « MJ » a excellé dans toutes ses activités. La formation scolaire US favorise évidemment la pratique sportive de haut niveau. Mais Michael possède ce petit plus qui fait les grands champions. Doué pour le basket, le foot américain, le baseball mais aussi le golf (et le billard !), Mike est le prototype du sportif accompli avec un mental de battant. Il a toujours considéré le sport comme une passion et un plaisir. Avec cependant l’envie de ne jamais occuper une autre place que celle de premier…

Au-delà de cet amour pour le sport, Jordan est un formidable athlète. Ce n’est pas un miracle s’il tripote la balle avec classe ou s’il place ses putts au golf avec élégance. Ses mains valent de l’or. Ses jambes sont de petits bijoux. Ses dix qualités d’athlète ? Une détente phénoménale. Un démarrage turbo. Une intelligence remarquable. Une dextérité de magicien. Une vision panoramique. Une combativité sensationnelle. Un équilibre de funambule. Une adresse folle. Une vitesse de sprinteur. Une endurance de marathonien. Des qualités qui doivent faire de lui un excellent joueur de baseball. Et puis il y a aussi ce coup d’œil symbolisant l’intelligence tactique.

« J’ai toujours su que la coordination de mes yeux et de mes mains était parfaite. Pendant longtemps, je me suis habitué à une balle plus grosse. Le pari de le faire avec une autre plus petite est un super challenge pour moi. Je réussirai si l’équipe sait utiliser mes qualités. »

Le propriétaire des Chicago White Sox, Jerry Reinsdorf, qui est aussi celui des Bulls (notez qu’il honora le contrat de « MJ » durant les deux années où celui-ci se mit en retrait de la NBA), n’hésite pas à déclarer : « Mike can do anything ! » (Mike peut tout faire)

« Jordan possède tous les atouts physiques nécessaires. A 30 ans, il est au top de sa condition. Il n’a pas encore entamé sa courbe descendante de vieillissement. Il a, en plus, le bonus de l’expérience et de l’endurance », explique Jean-Pierre de Mondenard, spécialiste en médecine sportive.

Michael est bâti pour être champion. Son gabarit est celui de l’athlète moderne. Sa musculature, notamment celle de ses jambes, est hors normes. Sa détente sèche a été calculée à plus d’un mètre. Pensez qu’à 50 cm, on est déjà considéré comme bondissant ! Mike est aussi capable de rester en l’air 0.9 seconde. Le record officieux était détenu avant lui par le danseur Mikhaïl Barychnikov (0.88 seconde). Avec un peu d’entraînement, Michael approcherait peut-être le record du monde de saut en hauteur, détenu depuis le 27 juillet 1993 par le Cubain Javier Sotomayor (2,45 m). Il ferait à coup sûr des ravages dans un championnat de hand ou de volley grâce à sa détente, sa dextérité et son sens du collectif. Dans une compétition de natation, il ferait parler sa vitesse, sa taille et son endurance. Au tennis, son démarrage, son jeu de jambes et sa combativité. Rendons la parole au Dr de Mondenard.

« Le basket est un sport où de nombreuses qualités sont mises en exergue. Bien entendu, ça sert quand on pratique une autre activité. La dextérité et les longs doigts de Michael, par exemple, lui donnent une envergure, un bras de levier plus importants. Ils favorisent une perception du toucher et une précision plus grandes. Un gars comme Michael court comme n’importe quel athlète de 1,80 m. Il démarre sur 15 m comme un dragster. Dans tous les sports, le démarrage est fondamental. Et puis le basket est une discipline qui permet une synchronisation à toute épreuve. Quand vous courez vers la gauche en regardant vers votre droite et en dribblant en même temps, vous travaillez et développez vos trajectoires et votre vision de l’espace. Jordan a des appuis hyper efficaces, instantanés, tout en regardant ailleurs. »

« Je ne peux passer une journée sans faire de sport »

Alors, « M.J. » parmi les meilleurs athlètes de tous les temps ? « Depuis mon adolescence, je ne peux passer une journée sans faire de sport », explique le champion toutes catégories. « Mon menu de préparation comporte de la musculation, beaucoup de natation, des séances de stretching et de la relaxation. J’ai une alimentation équilibrée, j’ai pratiqué de nombreux sports et pour la petite histoire, je détiens toujours le record de saut en longueur de mon lycée (ndlr : 7,63 m). »

« Il est évident qu’il a un gabarit parfait mais pour moi, la référence absolue reste le décathlon », commente Jean-Pierre de Mondenard. « Là, sur dix épreuves très athlétiques, on pourrait mesurer précisément toutes ses qualités. Il existe des sports, le cyclisme sur piste par exemple, où sa puissance de bassin – muscles fessiers – serait intéressante. »

Le cas Jordan est-il unique ? Évidemment non.

« Ricardo Patrese, le champion italien de Formule 1, fut sélectionné plus jeune dans les équipes nationales italiennes de ski et de natation », reprend le spécialiste de la médecine sportive. « La meilleure athlète de l’année 1971, l’Autrichienne Ilona Gusenbauer, détenait le record du monde de saut en hauteur (1,92 m) et jouait en Coupe d’Europe de basket avec Vienne. Bo Jackson, aux Etats-Unis, a mené de front une carrière au baseball et une carrière de footballeur américain. Je crois que Jordan a toujours su contredire les idées reçues. Il est évident que plus on commence jeune, plus on acquiert le geste juste. Le baseball n’est pas un sport hyper énergique. Physiquement, Michael dominera. »

Mais à 30 ans, n’est-il pas trop tard pour se lancer dans une autre discipline ? « Les exemples de sportifs qui ont éclaté sur le tard ne manquent pas. A 39 ans, le cycliste Gilbert Duclos-Lasalle a remporté Paris-Roubaix… A 30 ans, MJ est en pleine force de l’âge. »

Le shooteur des Suns, et futur président des Celtics, Danny Ainge, qui a disputé trois saisons pros de baseball avec les Toronto Blue Jays avant de se lancer dans une brillante carrière de basketteur, glisse une note humoristique : « Michael a plus de chances d’être pro au baseball qu’au golf. Je sais de quoi je parle, j’ai joué au golf avec lui… S’il réussit dans sa nouvelle carrière, il sera le plus grand athlète que la Terre ait jamais connu. »

James Jordan ne verra jamais son fils s’avancer sur un diamant. Le 23 juillet 1993, Jordan père est abattu sur une aire d’autoroute de Caroline du Nord par deux adolescents, Larry Martin Demery et Daniel Green, qui seront trahis par les appels passés sur le portable de la victime, arrêtés et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.

Un papa dont Michael était très proche. Il lui emprunta la manie de tirer la langue dans un état de concentration extrême (Daddy tirait la langue quand il faisait un peu de mécanique sur l’auto familiale)… Mike exauce le vœu de James en participant au training camp avant d’intégrer, le 31 mars 1994, les Birmingham Barons, équipe affiliée aux White Sox en ligue mineure.

Chez les Barons, il revêt le 45 (d’où le choix de ce numéro pour son retour chez les Bulls en mars 1995). Jordan effectue une saison complète, disputant 127 matches au poste de champ extérieur. Ses passages à la batte – 436 – attiseront les commentaires moqueurs (20.2%, 3 home runs, 114 retraits sur 3 prises, action qui voit le lanceur éliminer le batteur en lui lançant trois balles « prenables » mais non frappées).

On oubliera vite que le triple champion NBA inscrit 51 points et vole 30 buts (action qui consiste à avancer jusqu’à la base suivante pendant que le pitcher tente d’effectuer son lancer vers le batteur). En 1994, il tente à nouveau sa chance en Arizona Fall League, sous les couleurs des Scottsdale Scorpions (35 matches).

« Si vous vous fiez à ses seules stats, il a de réelles capacités », commente Ed Wade, le GM des Philadelphia Phillies. « Je l’ai vu en Arizona Fall League après la saison régulière et tous les scouts s’accordaient pour dire qu’il avait effectué des progrès significatifs. »

Humilié par une couverture de « Sports Illustrated »

« MJ » participe au training camp des White Sox au printemps suivant mais doit se rendre à l’évidence. Il n’a pas le niveau pour jouer en ligue majeure et annonce finalement son retrait des diamants le 2 mars 1995.

si-michael-jordan-baseballSeize jours plus tard, il fera son grand retour en NBA d’un tonitruant « I’m back ! » Déjà cuisant, cet échec à la batte aura été rendu plus humiliant encore par une Une de « Sports Illustrated », le grand hebdo sportif US dont il fit 50 fois la couverture (plus que n’importe quel autre athlète). En mars 1994, « S.I. » se fendit d’un lapidaire : « Bag it, Michael ! » (Remballe, Michael)

C’est peu dire que l’intéressé goûta peu le crime de lèse-majesté. Il coupa illico toute communication avec la revue en question. Le boycott durera plus de 15 ans. Il est encore en vigueur…

L’auteur de l’article, Steve Wulf, totalement étranger au choix du titre de Une, est banni du cercle de « MJ ». Déclaré persona non grata à Chicago, chez les White Sox comme chez les Bulls. En marge de la polémique, « Sports Illustrated » posait la question qui taraudait quelques esprits, certains estimant que l’icône planétaire du début des années 90 flinguait son image, son aura et sa place dans l’histoire du sport en se montrant sous un jour peu reluisant à la batte. « Sports Illustrated » surenchérit. Le Michael Jordan baseballer est redevenu terriblement humain, semblable au commun des mortels. Ce retour à la réalité brutal ne ternit-il pas son héritage basket ? Interrogation dont Jordan se gaussa.

« Si je strike 15 millions de fois, est-ce que cela va diminuer le mérite de mes 32 points de moyenne en carrière ? Si j’échoue au baseball, cela fera-t-il de moi un joueur de basket moins bon ? Rien de ce qui se passe sur les diamants ne pourra ternir ce que j’ai fait sur les parquets. »

Le débat se déplace sur un autre terrain. Longtemps, on discutera de la place de « MJ » parmi les plus grands athlètes de l’histoire.

EPSN publiera plusieurs Top du genre. Un classement des athlètes « all-around » place Jordan en huitième position derrière Jim Brown (foot US), Jim Thorpe (athlétisme, foot US, basket), Dave Winfield (baseball, basket), Bo Jackson (baseball, foot US), Wilt Chamberlain, Rafer Johnson (athlétisme, basket) et Jackie Robinson (foot US, baseball).

Un panel de 48 personnalités distingua quant à lui Jordan comme le plus grand athlète nord-américain du XXe siècle devant Babe Ruth, Muhammad Ali, Jim Brown, Wayne Gretzky, Jesse Owens, Jim Thorpe, Willie Mays, Jack Nicklaus, Babe Didrikson, Joe Louis, Carl Lewis et Wilt Chamberlain. Magic Johnson arrivait dix-septième, Bill Russell dix-huitième, Kareem Abdul-Jabbar vingt-sixième et Larry Bird trentième.

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