Portland : on ne touche à rien !

Si Neil Olshey envisage d’utiliser la trêve du All Star Weekend pour modifier l’effectif des Blazers, son pitch pour justifier le changement a intérêt à être béton. Car au sein du vestiaire, personne mais absolument personne ne souhaite terminer la saison avec un autre groupe. Damian Lillard le premier. « J’aimerais retrouver tous mes gars quand je reviendrai dans ce vestiaire la semaine prochaine », déclarait Dame quelque secondes avant de partir en vacances après une victoire contre Houston synonyme de 7e place à l’ouest.

Le patron n’est pas le franchise player, c’est Paul Allen et le co-fondateur de Microsoft fait entièrement confiance à son président des opérations basket. En quatre ans, l’ancien GM des Clippers a toujours démontré qu’il restait insensible aux vérités du moment pour privilégier sa vision à long terme. Quand la saison passée il tente le « all in » après la blessure de Wes Matthews pour faire venir Aaron Afflalo contre 3 joueurs et un choix de draft, c’est un semi-échec. Le futur newyorkais n’avait pas envie d’être là, de source sûre en interne, et n’a jamais justifié le risque pris par Olshey. Son manque d’implication couplé avec l’attitude suspicieuse d’un LaMarcus Aldridge déjà parti dans sa tête, ont plombé le vestiaire. Que va donc faire le front-office de Rip City de son enveloppe de 20 millions disponibles ? Personne ne peut aujourd’hui le dire. Pas même peut-être Terry Stotts.

« Pourquoi réparer quelque chose qui n’est pas cassé ? »

En ville, les fans se sont pris d’amour pour ces surprenants Blazers mais Portland veut un titre et si un transfert peut les en rapprocher, la capitale nord-américaine de l’étranger n’aura pas d’état d’âme. Les joueurs eux ont clairement choisi le camp du statu quo.

« La cohésion est très bonne, pourquoi vouloir réparer quelque chose qui n’est pas cassé », s’interroge Ed Davis dans The Oregonian, symbole avec Maurice Harkless, Meyers Leonard, Allen Crabbe et Gerald Henderson d’une profondeur de banc inattendu. « Il faut garder en tête quand vous modifiez un effectif que vous ne savez jamais comment ça va tourner. Nous étions attendus dans le bas du classement, nous sommes aujourd’hui 7e et je me demande bien pourquoi il y aurait besoin de changer quelque chose. »

Pour C.J McCollum, très probable MIP de la saison, « l’équipe grandit et continue de progresser. La cohésion est très bonne ». Même son de cloche dans la bouche de Lillard.

« Nous sommes vraiment une équipe. On se parle beaucoup, on passe beaucoup de temps ensemble, on se SMS et on s’appelle » insiste le meneur des Blazers. « C’est l’une des raisons pour laquelle nous avons réussi à faire déjouer tous les pronostics et être l’équipe que nous sommes devenus aujourd’hui. Il est important de le comprendre. »

Un effectif solidaire

Le message à l’attention de Neil Olshey n’est même pas déguisé. Le dirigeant des Blazers doit d’autant plus être prudent et psychologique que sur le parquet, l’alchimie saute aux yeux. Si les Blazers défendent mieux, c’est aussi parce que chacun veut transpirer pour l’autre. Si l’équipe est plus lucide et efficace dans les fins de match, c’est parce que sa solidarité a accéléré sa maturation. Si le banc est capable est capable de faire la différence comme à Memphis dans le money-time, c’est parce que la hiérarchie installée par Stotts est claire et lisible.

Arrivé à contre cœur, Henderson a finalement adhéré au projet et est devenu le leader offensif de l’équipe bis. Si à 28 matches à jouer, Portland a déjà fait mieux que les 26 victoires prédites par les bookmakers de Las Vegas, est-ce cependant une raison pour ne pas viser plus haut ? Le pari est risqué.