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La « théorie Ewing » n’est-elle qu’une arnaque ?

Patrick EwingUne équipe peut-elle être plus performante lorsqu’elle est privée de son meilleur joueur ? En NBA, la fameuse « théorie Ewing » semble remise au goût du jour par les Clippers, en pleine bourre depuis que Blake Griffin est sur la touche. On s’est penché sur la question avec deux coaches et experts américains : David Thorpe (ESPN) et Nick Hauselman (Bball Breakdown). 

Le 1er juin 1999, lors du Game 2 des finales de conférence Est entre Indiana et New York, Patrick Ewing se déchire le tendon d’Achille. Sans leur vedette, les Knicks parviennent pourtant à remporter trois des quatre matches suivants et se qualifient pour les Finales NBA. Deux ans plus tard, le journaliste Bill Simmons publie une tribune sur le site d’ESPN. Il y explique que les équipes dans lesquelles évolue Patrick Ewing (21,0 points et 9,8 rebonds de moyenne en carrière) jouent mieux… sans Patrick Ewing. C’était le cas à Georgetown, en NCAA, et ça l’est resté à New York. Une équipe qui devient meilleure sans son meilleur élément ? C’est possible : en tout cas, c’est ce que stipule la « théorie Ewing ».

D’après Simmons, deux critères doivent être réunis pour qu’un joueur corresponde au « statut Ewing ». Il doit d’abord faire l’objet d’une attention toute particulière des fans, des médias, sans que son équipe ne parvienne à enchaîner les succès, ou à aller plus loin qu’un ou deux tours de playoffs. Puis, à la suite d’une blessure ou d’un transfert, l’absence de ce même joueur doit provoquer non seulement un certain désintérêt pour l’équipe, en laquelle plus personne ne croît, et paradoxalement, une amélioration du jeu de cette équipe qui se met soudainement à enchaîner les victoires!

« C’est une théorie tombée un peu en désuétude, mais qui était réellement valable à l’époque de Patrick Ewing », estime Nick Hauselman, coach en high school et fondateur du site Bball Breakdown. « Un autre exemple frappant est celui de Charles Barkley, pendant ses dernières saisons à Philadelphie. Quand il rejoignait le banc, l’attaque des 76ers était tellement plus fluide, c’était le jour et la nuit. Ce même phénomène est aussi parfois valable pour les Knicks sans Carmelo Anthony.»

La « théorie Baylor »

Quelques exemples assez frappants correspondent à cette théorie – qui, il faut le dire, est moins une « théorie » qu’une observation sans véritable fondement analytique. En 2008, les Houston Rockets ont ainsi réalisé la plus belle série de victoires de l’histoire de la franchise (22) sans Yao Ming, blessé.

Fin 1971, Elgin Baylor (27,4 points et 13,5 rebonds de moyenne en carrière, mais jamais sacré champion NBA) décide de prendre sa retraite après le 9e match de la saison régulière. Les Lakers gagneront le 10e match, le 11e, le 12e… et les 30 suivants, avant d’aller décrocher le titre!

Cela ne suffit pas à convaincre David Thorpe, consultant émérite pour ESPN et directeur d’un centre d’entraînement en Floride où il coache plusieurs joueurs NBA (Luol Deng, Joakim Noah, Kevin Martin notamment), qui éprouve une aversion tenace pour la « théorie Ewing » :

« C’est une absurdité sans nom. Jamais je n’ai renvoyé mon meilleur joueur sur le banc parce que j’estimais que cela allait rendre mon équipe plus performante. Quand mon meilleur joueur est sur le banc, je dois ajuster mon attaque (j’essaye notamment d’accélérer le jeu pour créer de nouvelles opportunités en attaque) et ma défense. Cela m’oblige à changer de méthode. Penser qu’enlever la meilleure option individuelle d’une équipe puisse améliorer cette équipe, c’est une idée folle. Folle, tout simplement. »

« Un peu comme quand quelqu’un te fait à manger tous les jours »

Fin janvier 2013, les Celtics apprennent que la saison de Rajon Rondo, victime d’une déchirure du ligament croisé, est terminée. L’avenir de la franchise semble bien incertain sans son chef d’orchestre, qui tournait à 14 points et 11 passes de moyenne. Boston remportera pourtant les sept rencontres suivant l’annonce de la blessure de leur star de meneur, Avery Bradley, Courtney Lee et Jeff Green prenant le relais avec brio. Pendant cette étonnante série, Kevin Garnett déclare :

« Rondo apporte tant dans cette équipe, il contribue à tellement de niveaux que cela nous rend parfois nonchalant, négligent. C’est un peu comme quand quelqu’un te fait à manger tous les jours : tous les jours, tu attends ton plat. Et quand un jour, tu es obligé de cuisiner toi-même, tu te rends compte que tu es capable, toi aussi, de faire des trucs délicieux. Tu te surprends toi-même à inviter du monde à ta table. Jamais tu n’aurais imaginé posséder un don pareil. Sans Rondo, c’est un peu ça qui est arrivé dans l’équipe. »

Dans ces propos, KG soutient en substance le bien-fondé de la « théorie Ewing ». Dans ce cas précis, il s’agit d’une prise de conscience collective : l’équipe se reposait trop sur Rondo, qui s’appropriait et vampirisait parfois le jeu des Celtics. En son absence, chacun, y compris les seconds couteaux, dévoile enfin la pleine mesure de son potentiel. L’apport de Rondo n’est pas entièrement comblé, mais le jeu est plus fluide, plus rapide – les Celtics ont marqué 105 points de moyenne durant ces sept matches, contre 96 avec Rondo précédemment.

« La théorie Ewing n’est pas dénuée de sens », poursuit Nick Hauselman. » Je pense qu’il est possible de ‘faire plus avec moins’, selon le type de joueur. Je l’ai expérimenté en coachant une équipe de lycéens dont le meilleur joueur, un deuxième année, ne jouait pas très dur. Il semblait vouloir montrer que le basket était facile pour lui. Pendant une demi-saison, on a vraiment galéré. Puis il a quitté l’équipe. Après son départ, on n’a plus perdu le moindre match. Les joueurs étaient plus heureux, plus libérés sur le terrain. »

En fait, tout dépend de la manière dont on définit le « meilleur joueur » d’une équipe.

« L’absence d’un excellent scoreur qui ne passe jamais la balle peut avoir des effets positifs sur le jeu », reconnaît ainsi David Thorpe. « Il y aura une meilleure circulation en attaque, davantage de shoots ouverts. Mais dans ce cas, cet excellent scoreur n’est pas votre meilleur joueur. »

« Se débarrasser d’un joueur de talent mais qui ne s’inscrit pas dans le concept collectif peut améliorer le jeu de cette équipe », ajoute Nick Hauselman. « C’est notamment vrai si on est dans le stéréotype d’un arrière dominant qui ralentit l’attaque en raison de sa tendance à jouer l’isolation et le un-contre-un. » Ce n’est pourtant ni le cas de Rondo, ni de Baylor, ni de Barkley, ni d’Anthony… ni même celui d’Ewing.

Cette saison, en l’absence de Kobe Bryant (sans doute le joueur qui correspond le plus au profil décrit par Hauselman), les Lakers ont certes gagné deux fois, mais c’était contre Phoenix et Philadelphie – ils ont perdu les huit autres rencontres jouées sans le Black Mamba. Et l’on se souvient que la première fois où les Warriors ont été privés de Stephen Curry cette saison, ils ont été sévèrement corrigés par Dallas.

Blake Griffin

Décryptage du cas Griffin

Touché au quadriceps le jour de Noël, puis blessé à la main après avoir frappé un membre du staff des Clippers, Blake Griffin a relancé ces dernières semaines l’intérêt de la « théorie Ewing ». Son absence a en effet provoqué une nette amélioration du jeu des Clippers, alors qu’il est le leader de l’effectif aux points et aux minutes, deuxième aux rebonds et aux passes. Au 1er février, les chiffres étaient éloquents : la franchise californienne gagnait plus sans Griffin (15v-3d) qu’avec lui (17v-13d), marquait plus de points (108,0 contre 102,1) et en encaissait moins (99,8 contre 100,6).

Comment l’expliquer ? En prônant le « small ball » plutôt qu’en remplaçant Griffin poste pour poste, Doc Rivers a offert à Chris Paul une liberté de mouvement et d’expression sur les parquets qu’il n’avait pas connue depuis son arrivée à Los Angeles. Sans Griffin, il a passé la barre des 21 points et des 10 passes de moyenne en janvier, une première dans les deux catégories cette saison. Davantage responsabilisé et libéré des 30% de possessions qui terminaient dans les mains de Griffin (par un shoot, un lancer-franc ou une perte de balle), CP3 est redevenu le patron.

Sans Griffin, certes capable de sortir de la raquette mais pas encore de s’écarter à trois-points, les défenses adverses sont beaucoup plus étirées et les extérieurs des Clippers s’en donnent à coeur joie. L’adresse de Paul Pierce et d’Austin Rivers a explosé ; J.J Redick a maintenu un rythme infernal (40 points contre Houston) ; Jamal Crawford a nettement gagné en efficacité (15,6 points de moyenne en janvier en sortie de banc). Même DeAndre Jordan a pesé davantage sur l’attaque californienne, et les seconds couteaux en ont également profité, à l’image de Wes Johnson ou de Luc Mbah a Moute, lequel apporte de la dureté défensive là où Griffin manque parfois de concentration et d’énergie.

« On ne peut nier que les Clippers sont actuellement meilleurs sans Blake », soutient ainsi Nick Hauselman. Tout cela ne remet pas en cause les qualités individuelles de Griffin mais la manière dont il est utilisé aux Clippers et dont il s’adapte aux profils de ses équipiers, voire sa place dans la rotation.

Une théorie imprévisible et limitée

La « théorie Ewing » semble s’appliquer aux Clippers, mais il convient de relativiser ses effets. Neuf des dix premiers matches sans Griffin ont été remportés face à des équipes à moins de 50% de victoires. Face aux cadors de la conférence Est (Toronto, Cleveland), la baraque californienne n’a pas tenu le coup, et le groupe s’est étrangement écroulé plus tôt cette semaine face à Minnesota.

« Il ne faut pas oublier que quand Chris Paul était blessé, Blake avait aussi réalisé un travail incroyable pour faire oublier son absence », ajoute Nick Hauselman, faisant référence à une série de cinq matches plus tôt cette saison, mais aussi au début de la série face aux Rockets lors des derniers playoffs. Que Griffin avait terminé avec une ligne statistique ahurissante : 25,5 points, 12,7 rebonds, 6,1 passes.

« Les Clippers sont certes lancés sur une belle série de victoires en son absence, mais ils jouent mieux avec Blake que sans, assure ainsi David Thorpe. En attaque comme en défense. »

A 30 ans, Chris Paul n’ira pas chercher ses premières Finales sans Blake Griffin dans une conférence Ouest si dense – en revanche, quand le numéro 32 reviendra de blessure, il ne serait pas étonnant de le voir plus souvent jouer avec la second unit, pendant que CP3 se reposera sur le banc. En d’autres termes : pour aller au bout, une équipe ne peut se passer de son franchise player.

« Boston est un bon exemple d’équipe capable de briller sans star. Seulement, personne ne les voit passer un tour de playoffs aujourd’hui. Réussir sans star, peut-être, mais ça restera toujours un succès très relatif », confirme Nick Hauselman.

En cela, la « théorie Ewing » est valable mais seulement dans certains cas bien précis, et jamais à long terme. Elle trouve forcément ses limites au plus haut niveau. Après les finales de conférence 1999 remportées sans Patrick Ewing, les Knicks n’avaient d’ailleurs pas fait le poids lors de l’ultime série, face aux Spurs (4-1). Qui étaient bien au complet, eux.

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