Interview Boris Diaw : « Cet Euro, c’est un peu la compétition de notre carrière »

De passage à Paris en amont du Quai 54 et de l’anniversaire de Jordan Brand, Boris Diaw a pris quelques minutes pour dialoguer avec nous, hier. Détendu, l’international français est notamment revenu sur la fin de saison des Spurs, avant d’évoquer sa prochaine campagne avec les Bleus.

Basket USA : Ta saison s’est terminée prématurément au Game 7, et même si à titre individuel, tu as réalisé ta meilleure saison chez les Spurs, le groupe a sans cesse galéré, notamment physiquement. Sentiez-vous déjà que ce serait plus compliqué cette saison ?

Boris Diaw : Oui, on savait que ce serait plus dur. Déjà, c’est compliqué de faire un back-to-back. Ensuite, tu es attendu. Les équipes ont toutes le couteau entre les dents. Au lieu de vouloir battre les Spurs, qui sont déjà les Spurs, il s’agissait désormais de battre le champion en titre. En arrivant aux playoffs, on sentait bien que le jeu n’était pas aussi huilé que la saison précédente. Puis, c’est difficile, toutes les équipes nous connaissaient mieux : chacune d’entre elles avait vu notre finale la saison précédente, elles avaient toutes étudié notre jeu, elles étaient prêtes pour nous faire déjouer le plus possible. Il a suffi d’un manque de réussite, on n’a pas mis beaucoup de shoots, du moins pas autant que la saison précédente. Ça a été difficile. Après, ça s’est tout de même joué dans les vingt dernières secondes et ce fut tout de même serré.

Gregg Popovich a annoncé du changement. Vous avez de nombreux free-agents. As-tu déjà des notions de ce qui va se passer et penses-tu que des changements sont nécessaires.

Je n’en ai aucune idée. Oui, il va y avoir du changement car il y a plusieurs joueurs en fin de contrat. Après, lesquels, quoi, comment, franchement, je ne sais pas et je ne me penche pas vraiment sur le sujet. C’est au-dessus de mon niveau de connaissance dans le club. Ça se passe chez les chefs là-haut, donc on verra, on est dans l’attente, après… je ne suis pas de nature à stresser. J’attends donc de voir ce qui va se passer.

As-tu tout de même quelques clés concernant les éventuelles décisions de Tim Duncan et Manu Ginobili sur la poursuite de leur carrière ?

Oui, j’en ai discuté un peu avec Manu, notamment. Ils se donnent jusqu’au mois de juillet puisque c’est là que commencent les signatures éventuelles. Ils se sont donnés ce temps de réflexion pour savoir s’ils avaient encore la grinta pour repartir.

La prochaine compétition qui t’importe, c’est le championnat d’Europe. Comme les Spurs cette année, vous serez attendus puisque vous êtes champions d’Europe en titre. Même si ce n’est pas ton genre, existe t-il déjà une pression sur le groupe ?

Bien sûr, il y en a, c’est évident, d’autant plus parce que c’est sur nos terres. Le fait que ce soit en France apporte une pression supplémentaire, le fait d’être champion d’Europe en apporte une supplémentaire. C’est un peu la compétition de notre carrière car cela fait des années que l’on rêve de pouvoir jouer sur le sol français. On est aussi contents de cette pression car ce sont ces moments-là qui sont importants dans le basket. Désormais, il va falloir répondre aux attentes. On est prêts : on sait que ce sera difficile.

Dans le même temps, chacun a une année de plus dans le groupe. Si Joakim Noah a confirmé son forfait, Rudy Gobert sort d’une très bonne deuxième saison, Thomas Heurtel a cartonné en Espagne, Nando De Colo fut brillant en Euroleague au point de flirter avec le titre de MVP. L’équipe de France n’a jamais semblé aussi forte.

C’est ce qui est bien. Chacun progresse, donc le groupe progresse, comme il le fait depuis plusieurs années. C’est de bon augure pour la suite. Après, il ne faut pas se reposer là-dessus. Ça va être un combat, quoi qu’il arrive. Même si, individuellement, les joueurs sont de plus en plus forts, au bout d’un moment, il faudra aller au combat.

Propos recueillis à Paris