Saison de MVP oblige, Stephen Curry a perdu le contrôle de sa légende. Quand on entre dans l’histoire, on devient objet de convoitise certes, mais on devient surtout un maître, et mieux encore un mètre-étalon. On est obligatoirement évalué, jugé, positionné à l’aune de l’histoire.
Le MVP fait l’unanimité
En l’occurrence, le Bleacher Report propose aujourd’hui un article qui réunit plusieurs avis experts sur la question du shoot. Avec Rick Barry, Kiki Vandeweghe, Chuck Person, Dana Barros ou encore Steve Nash, on a là un panel assez représentatif des différentes générations de shooteurs à travers les décennies NBA.
Et le premier enseignement, c’est que les vétérans du tir ont d’ores et déjà adoubé leur dernier rejeton.
« Je ne pense pas qu’il y ait eu meilleur shooteur dans l’histoire. Il peut tirer déclencher encore plus vite qu’un gars qui ne dribble pas. C’est du jamais vu ! » affirme Chuck « Rifleman » Person.
Le MVP des Warriors fait l’unanimité.
« En comparant année par année, parmi les joueurs à leur meilleur niveau, je n’ai jamais vu personne qui soit meilleur. » avoue Kiki Vandeweghe. « La difficulté de certains des tirs qu’il rentre est incroyable. Il prend des tirs que je ne penserais même pas prendre… et j’en prenais beaucoup ! Il sait toujours où est le panier avec son contrôle corporel et son sens du jeu. Ses fondamentaux sont excellents (même si le shoot de Dell était plus proche du texte, avec un relâcher plus haut) mais il peut toujours trouver un bon tir où qu’il se trouve. »
Même le très difficile Rick Barry n’a que peu de choses à redire sur son héritier dans la Baie.
« C’est la manière qui m’impressionne le plus. Il a une telle rapidité de geste, et ce avec une distance incroyable. Et sa confiance en lui est incroyable. Il est magnifique à voir jouer. Il est devenu un grand joueur à force de travail. Il est shooteur, scoreur et facilitateur. »
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Se surpasser pour trouver ensuite sa zone de confort
Plus proche de nous, l’ancien Supersonic Dana Barros raconte comment les choses ont évolué pour les « petits » shooteurs gringalets.
« J’ai eu à apprendre une nouvelle définition du ‘tir ouvert’. » ajoute Barros. « Je n’oublierai jamais Michael Jordan qui me prenait par la hanche avec sa main et qui me dirigeait en disant: ‘tu ne vas nulle part, petit gars’. Chaque fois que j’avais un peu d’espace, je courrai le plus vite possible de sorte que je faisais peur à mes adversaires avec ma vitesse. Ensuite, je pouvais déclencher à trois points et avoir un peu d’espace. »
Et Steph Curry a non seulement perfectionné cela avec sa vitesse certes, mais plus encore avec ses changements de rythme et sa tenue de balle irréprochable. Du coup, il peut tout à la fois prendre ses tirs en sortie de système ou tout simplement se créer le tir qu’il souhaite, selon la situation.
« Stephen Curry est un vrai shooteur car il n’est pas un shooteur posté qui joue à côté d’un All Star. Dale Ellis était un bon shooteur, mais il ne prenait pas un dribble. Steph peut tirer en sortie de dribble et il shoote tellement vite. On pourrait facilement argumenter que c’est le meilleur… en tout cas, ce serait plus facile de le faire que d’argumenter à l’inverse ! »
Curry est un shooteur-scoreur
Pour le récent retraité des Lakers, Steve Nash, Curry est une version plus épicée de son propre jeu. Et c’est tant mieux d’ailleurs !
« Il va probablement terminer sa carrière avec un pourcentage plus faible que le mien mais c’est parce qu’il prend plus de tirs… et c’est bien ainsi ! » précise Nash. « C’est une différence de mentalité. Je prenais des tirs à plus haut pourcentage car j’étais plus conservateur. Mon objectif était toujours de prendre les meilleurs tirs pour pouvoir en donner plus à mes coéquipiers. On m’a souvent dit que je pénalisais l’équipe en faisant ça mais je pense qu’on s’y retrouvait avec l’alchimie qu’on développait. Steph peut faire ça aussi mais il penche plus vers le scoring. Il a tellement de tirs et un geste si rapide… Il ne faut pas lui enlever ! »
Contraint de travailler plus dur que jamais alors que sa carrière tournait au vinaigre avec des blessures à répétition, Stephen Curry s’est endurci. A l’image d’un Dana Barros obligé de se surpasser pour trouver ensuite sa zone de confort, le meneur des Warriors a passé le cap. Steph Curry, meilleur shooteur de l’histoire ? On verra ça plus certainement à la fin de sa carrière mais tout ce qu’on peut dire, c’est que le lutin de Davidson est bien parti…