En battant Orlando en clôture de la saison, Brooklyn s’est évité un camouflet : posséder la plus grosse masse salariale annuelle de la ligue et rater les playoffs. Une série de début de printemps a évité aux Nets leurs premières vacances anticipées depuis le déménagement dans la Grosse Pomme. Balayés par les Hawks en saison régulière, les New-yorkais sont sur le papier des parfaites victimes expiatoires. Depuis le 14 mars, Atlanta s’est incliné presqu’un match sur deux et aborde ces playoffs sans Thabo Sefolosha. Quand il était sur le parquet en saison régulière, Atlanta encaissait moins de points, donc forcément son absence contrarie le perfectionniste Mike Budenholzer. Son collectif – six joueurs en double-figure en moyenne – a offert la meilleure saison de son histoire à la franchise (60 victoires) mais les Faucons doivent prouver qu’en playoffs, le slogan « la star c’est l’équipe » peut encore être efficace. Demi-finaliste de conférence la saison passée, Brooklyn vit sans doute sa dernière série avec ce groupe-là.
Meneurs de jeu
D’un côté une ancienne superstar bouffé par le doute et l’inconstance, de l’autre un néo-All Star en pleine confiance : sur le papier, l’opposition de style et de CV est alléchante et déséquilibrée. « Has been » accablé par les critiques pendant cinq mois de l’année, Deron Williams est redevenu D-Will les cinq premiers matchs d’avril : 20.2 points et 9.2 passes. Sur les quatre derniers, il a remis sa cape de fantôme (8 points, 7 passes et 23%), continuant de rester cet immense point d’interrogation qui a déjà lassé son coach. Si l’ancien meneur de Team USA retrouve son agressivité et son adresse (38.7% sur la saison dont 36% à trois points), Brooklyn peut titiller les Hawks. S’il reste apathique, les Nets risquent le sweep. Etoilé pour la première fois de sa carrière, Jeff « Speedy » Teague (15.9 points, 7 passes) est une plaie pour tous ses adversaires directes. Aimanté par le cercle, il a appris à gérer la gonfle et a su améliorer son shoot. Sa défense est un modèle de lecture et d’agressivité.
Avantage Atlanta
Extérieurs
Joe Johnson (14.4 points à 43%) aime les playoffs et devrait élever son niveau de jeu, mais Bojan Bogdanovic (9 points, 0.9 passe) est un rookie irrégulier qui possède un jeu encore trop uniforme et prévisible. Comme Markel Brown est un titulaire fantoche, « Bodga » jouera plus de 30 minutes entre les postes 2 et 3, nous avons donc choisi de ne pas le compter comme un remplaçant. Le duo newyorkais n’est pas complémentaire et ne défend pas bien. En face, Kyle Korver (12 points, 49.3% à 3 pts) sort d’une saison exceptionnelle et attaque les playoffs en jambe après une blessure ennuyante mais oubliée. L’arrière au shoot d’or devrait profiter des largesses défensives des Nets pour justifier sa sélection au All Star Game. DeMarre Carroll (12.6 points, 5.3 rebonds) a lui réalisé la meilleure saison de sa carrière et s’est imposé comme le leader défensif de l’équipe. Athlétiquement, c’est un monstre et dans l’attitude, il rappellera KG à l’ex-Faucon Joe Johnson.
Avantage Atlanta
Intérieurs
Meilleur marqueur (16.7), rebondeur (7.8) et intercepteur (1.7) de l’équipe, Paul Millsap n’a pas rassuré face aux Bulls mercredi (2/9 aux shoots) pour son retour après cinq matches d’absence. Son épaule ne lui pose a priori plus de souci mais le All Star doit retrouver le rythme et perdre toute appréhension dans les impacts. Avec Al Horford (15.2 points à 53% et 7.2 rebonds), l’ailier fort le plus sous coté et complet de la ligue constitue la paire d’intérieurs la plus intelligente de la NBA. Quand ils sont au sommet de leur art, seul Chicago à l’Est peut éviter de se faire plumer par les deux faucons, incarnation l’esprit et la philosophie Spurs importé par l’ancien assistant du Pop.
Sur le banc adverse, Lionel Hollins aimerait bien lui que Brook Lopez (17.2 points, 7.5 rebonds) se rappelle que son poste est pivot, pas ailier. Exceptionnel attaquant, l’ancien étudiant de Stanford est aussi intelligent et attachant, prouvant en fin de saison qu’il était capable de se faire violence et d’accepter la bataille au rebond. Comme Horford peur sortir défendre sur lui, Lionel Hollins peut bénir son GM de lui avoir amené Thaddeus Young (13.8 points, 5.9 rebonds). L’ex-Wolf est le parfait complément de Lopez. Ce n’est pas un hasard si c’est après son arrivée que les Nets ont été plus équilibrés. Athlétique et puissant, il a connu les playoffs avec les Sixers et pourrait être un élément perturbateur pour les Hawks si Millsap n’est pas à 100%.
Avantage Atlanta
Les bancs
Si D-Will se rate, Jarrett Jack peut compenser mais devant les cannes de Teague et Dennis Schroeder, l’ancien facteur X des Warriors (12 points, 4.7 passes) va souffrir en défense. Ses coups de chaud offensifs et son amour passionnel pour les gros matches et la tension plaident pour lui. Malheureusement pour les Nets, le sophomore allemand des Hawks est formé sur le même moule que Teague et sort d’une très bonne campagne (10 points et 4 passes en 20 minutes) après un passage en D-League lors de saison rookie. La jeune paire des Hawks possède un meilleur ratio assists/turnovers que les anciens des Nets, qui pourraient sur un ou deux matches être décisifs, mais ne partent pas avec nos faveurs.
Malgré ses 90 millions de masse salariale, Brooklyn manque cruellement de profondeur sur les postes 2 et 3. Derrière Johnson et Bogdanovic, Alan Anderson (7.4 points) connaît les playoffs et aime le clutch. Mais c’est aussi un scoreur en manque de confiance. Sergey Karasev (4.6 points) a lui perdu celle de Lionel Hollins et Markel Brown (4.6 points) reste un bleu-bite. Si JJ se troue, les Nets seront vite en vacances. Sur le banc, Mike Budenholzer peut lui compter sur John Jenkins (5.6 points), Shelvin Mack (5.2 points à 49%) et Kent Bazemore (5.2 points), un trio capable de tenir la baraque sur 10 minutes.
À l’intérieur, Mike Scott (7.8 points en 16 min) sait prendre des rebonds offensifs importants et possède un vrai shoot extérieur, comme Pero Antic (5.7 points, 3 rebonds). Il peut aussi prendre des gros shoots tout en sortant le bleu de chauffe, exactement comme le Macédonien. En doublure de Lopez, Mason Plumlee fait le boulot (8.7 points à 57% et 6.2 rebonds) mais en back-up de Young, c’est le néant.
Avantage Atlanta
Les coaches
Quand l’ancien front office des Grizzlies s’est séparé de Lionel Hollins, personne n’a franchement compris, nous les premiers. Dave Joerger a depuis fourni des éléments de réponse mais il profite du boulot phénoménal abattu par l’ancien assistant et coach d’USBL. Aux commandes d’un effectif surpayé et déséquilibré, il n’a pas fait de miracles et son expérience des playoffs ne devrait pas suffire à éviter une élimination. Mike Budenholzer se méfie des pronostics de la presse, il sait que l’ex-finaliste de conférence sait gérer ces matches là. Favori avec Steve Kerr pour le trophée de COY, l’ancien élève de Gregg Popovich a réussi une performance historique depuis son arrivée en Georgie il y a moins de deux ans : placer les Hawks au sommet de la conférence Est et conclure une saison à 60 victoires, record de franchise. Le basket des Hawks est un délice pour les puristes et un modèle d’altruisme et de collectif. Merci qui ?
Avantage Atlanta
La clef de la série
Les Nets auront besoin de tellement de facteurs favorables pour créer la surprise que ressortir un élément est compliqué. Les Hawks sont les grandissimes favoris et veulent s’éviter six ou sept matches. Pour éviter un piège, Paul Millsap sera déterminant. Idem en face avec Deron Williams, si Brooklyn espère faire douter le leader de conférence. Si D-Will joue comme début avril, Brooklyn a une petite chance de passer. Sinon…
Saison régulière (Atlanta 4-0)
5 décembre : Atlanta-Brooklyn 98-75
28 janvier : Brooklyn-Atlanta 102-113
4 avril : Atlanta-Brooklyn 131-99
8 avril : Brooklyn-Atlanta 111-114
Statistiques
Verdict
« Nous n’avons aucun avantage sur les Hawks ». Lionel Hollins est lucide et notre preview confirme son analyse. Sur les quatre rencontres de saison régulière, seule la dernière a été serrée, signe que si les Hawks déroulent leur basket, les Nets n’ont presque aucune chance de créer la sensation.
Atlanta 4-0
Calendrier
Game 1 : dimanche 19 avril, Atlanta – Brooklyn à 23h30
Game 2 : mercredi 22 avril, Atlanta – Brooklyn à 1h00
Game 3 : samedi 25 avril, Brooklyn – Atlanta à 21h00
Game 4 : lundi 27 avril, Brooklyn – Atlanta (non connu)
Game 5 : mercredi 29 avril, Atlanta – Brooklyn (non connu)
Game 6 : vendredi 1er mai, Brooklyn – Atlanta (non connu)
Game 7 : dimanche 3 mai, Atlanta – Brooklyn (non connu)
Pronostic
[poll id= »275″]