Tranquillement mais sûrement, Andrew Wiggins s’acclimate à la NBA. Élu à trois reprises meilleur rookie du mois à l’Ouest, MVP du Rising Stars Challenge, auteur d’un mois de janvier digne de sa réputation (19,8 pts, 4,6 rbds et 2,5 pds), le n°1 de la dernière draft apprécie le déroulement de sa première saison NBA.
« Aux Cavs, j’aurais été davantage un role player »
Rien ne dit pourtant qu’il aurait pu s’épanouir si vite aux côtés de LeBron James sous le maillot des Cavaliers et d’ailleurs, le Canadien reconnait qu’il préfère porter l’uniforme des Timberwolves.
« Je pense que c’était le mieux pour moi. Cela me donne plus d’espace et cela me met dans une situation où je peux me développer plus vite. Dans cette ligue, c’est toujours ce qu’il y a de mieux. Là-bas, j’aurais plus été un role player. Ici, j’ai plus de temps pour briller et faire ce pourquoi je suis dans cette ligue et j’apprécie ce processus. » a t-il commenté au BC Local News.
Une discrétion à toute épreuve
Pour autant, le rookie n’a pas fait de cadeau à Cleveland lors de leurs deux oppositions. Auteur de 33 et 31 points, l’ailier a brillé face à LeBron James dans un duel qui n’était pas sans rappeler la confrontation entre Michael Jordan et Kobe Bryant en 1998. Mais contrairement à ce que dégageait l’arrière des Lakers à son arrivée en NBA, Andrew Wiggins vit mieux loin des lumières. Si la notoriété est inhérente à sa fonction de joueur NBA, l’ex-Jayhawk l’évite le plus possible. Selon ses coéquipiers, il ne s’agit pas de fausse modestie mais d’une humilité naturelle.
« Il est vraiment timide avec les médias. » reconnait Shabazz Muhammad, son coéquipier aux Wolves. « C’est un gars marrant. S’il est à l’aise avec vous, il est très communicatif. Je pense qu’au début de l’année, il essayait de trouver sa place, en particulier au sein de l’équipe. Il était timide avec nous aussi. Nous l’avons vraiment accepté et il est en train de prendre ses aises et on peut le voir sur le terrain. »
Pour son entraîneur Flip Saunders, ce comportement est avant tout le signe d’une maturité précoce. Même s’il débute juste en NBA, le nom d’Andrew Wiggins se répand dans les médias depuis son plus jeune âge. Aidé par un environnement sain, le joueur a appris à se protéger de cette situation peu ordinaire pour un adolescent.
« C’est un môme sérieux. Il essaye de tout garder pour lui. Beaucoup de gens disent qu’il est réservé. Je pense que c’est en partie en raison de l’environnement dont il vient. C’est un gosse qui, depuis ses douze ans, a toujours été sous le feu des projecteurs. Jusqu’à ce qu’il vous connaisse vraiment, il ne va pas vraiment s’ouvrir. » explique Saunders à Yahoo Sports.
« Je n’ai pas besoin de nouveaux amis… »
Cette distanciation, Andrew Wiggins la cultive volontiers et ne s’en cache pas. Relativement spontané avec les médias et le public, l’ailier n’essaye en rien de séduire son audience. Au contraire, il confie lui-même privilégier son cercle fermé.
« Je garde tout ça pour moi. J’ai mûri jeune. Si quelqu’un n’était pas dans ma vie auparavant, ils n’ont pas besoin d’y être aujourd’hui… Je n’ai pas de problème avec les gens autour de moi, mais j’ai pas besoin de nouveaux amis. Les gens vous aiment ou vous détestent. C’est simplement comme ça que ça fonctionne. » admet l’intéressé.
Victor Oladipo : « Son potentiel est illimité »
Plutôt que de s’épancher devant les caméras et les micros, Andrew Wiggins travaille son jeu et après une saison NCAA mitigée et des débuts professionnels poussifs, son éthique porte déjà ses fruits et son potentiel semble sans limite.
« Une fois que le jeu ralentit et qu’il trouve ses positions sur le terrain, il comprend comment les équipes défendent sur lui, le jeu devient plus facile. C’est un énorme progrès pour lui. Son potentiel est illimité. » s’emballe Victor Oladipo. « Il a l’opportunité d’être vraiment unique. Il progresse chaque semaine. » analyse son ancien coéquipier, Mo Williams.
Quant à Flip Saunders, il se fait à l’idée qu’il n’a peut-être jamais eu un tel joyau sous sa tutelle depuis un certain Kevin Garnett, bien que leurs personnalités soient diamétralement opposées.
« Kevin était bien plus enthousiaste. Avant le premier match contre Cleveland, quelqu’un m’a dit qu’Andrew était excité à propos du match et j’ai demandé comment il pouvait affirmer ça. Il est toujours pareil. Il n’est jamais trop excité, mais il n’est jamais trop touché non plus. Avoir cette personnalité est probablement une bonne chose. Il ne s’emporte pas tout seul. Simplement, il joue. Il apprend. »
À l’issue de cette saison, Andrew Wiggins sera, sauf incident, récompensé de son apprentissage par le trophée de meilleur rookie de la saison. Nul ne sait encore ce qu’il adviendra du reste de sa carrière mais le joueur est sans conteste l’un des plus gros talents de sa génération. Sera t-il une superstar ? Là encore, il est trop tôt pour le dire mais d’autres avant lui ont su conjuguer le succès avec la discrétion, de Larry Bird à Tim Duncan. Et nul doute qu’il se contenterait bien aujourd’hui d’avoir à terme la même réussite que ses glorieux ainés.