Kevin Love ne veut plus jouer pour Minnesota et son forfait pour la Coupe du monde en est la dernière preuve. L’intérieur All-Star veut gagner et il n’envisage pas cette situation possible chez les Wolves, et fait donc tout son possible pour obtenir un nouveau foyer à la rentrée prochaine. A priori, ce sera Cleveland, mais le feuilleton tourne au mélodrame. Comme souvent en NBA lorsqu’un joueur ne veut plus jouer ou prolonger avec son club…
Les joueurs sont toujours en position de force
Pourtant, l’intérieur a toutes les cartes en mains:
- Minnesota peut le conserver cette saison mais dans ce cas, Kevin Love partira libre, l’été prochain ;
- Il ne peut être envoyé n’importe où car si la destination ne lui plaît pas, il ne prolongera pas et partira libre, l’été prochain ;
- Plus Minnesota attend et moins le club obtiendra de contreparties.
Mais à la décharge de Kevin Love, il aurait tort de s’en priver tant cet été, puisque l’histoire récente de la NBA montre que les joueurs ont bien plus de pouvoir qu’on ne le pense.
L’exemple le plus parlant reste celui de LeBron James, en mesure de faire plier la ligue entière. Sa décision a lancé toute la free agency et n’importe quel club se serait saigné pour obtenir ses services. Les nombreuses sorties publiques de Pat Riley, si rares dans la presse, démontre bien que le président floridien sentait qu’il lui faudrait se salir les mains pour revoir sa star.
Que dire de Carmelo Anthony, dont les visites à travers le pays se sont illustrées par des accueils tous plus majestueux les uns que les autres ? Le plus risible étant d’apprendre que le new-yorkais aurait pris sa décision en fonction de ses chances de gagner. Résultat : il encaisse un gros lot de 123 millions de dollars pour jouer avec des Knicks exsangues et décline l’offre moins rémunératrice mais plus prometteuse de Chicago.
Phil Jackson peut dire ce qu’il veut, mais les six millions laissés sur la table par sa star sont loin de changer la face du club. Au contraire, malgré ses déclarations en amont, Jackson a laissé beaucoup plus d’argent qu’il ne l’espérait. C’est peut être beaucoup pour un joueur qui affiche un bilan de 23 victoires et 43 défaites en playoffs…
Une situation qui dure…
Cette situation est loin d’être inédite dans la ligue et cristallise simplement une tendance existante depuis de nombreuses années. Ainsi, nombreux sont les joueurs qui, d’une manière ou d’une autre, ont fait pression sur leur management pour obtenir du renfort ou pour changer d’équipe.
D’ailleurs, il y a trois ans déjà, Anthony était l’un des animateurs les plus importants de cette mode, en faisant pression sur les Nuggets pour revenir dans sa ville natale.
Un an plus tard, Dwight Howard trouva une issue avec Orlando, après plus d’un an (!) de rumeurs et de bruits en tous genres. Howard n’était plus satisfait de ses coéquipiers et voulait surtout trouver un gros marché. Pire encore, Dwight Howard aura exigé – avec succès – les têtes de Stan Van Gundy et de Otis Smith, mais cela ne lui suffira plus. Il finira à Los Angeles, on connaît la suite.
Mais déjà, sa manière de faire n’était pas du goût de tous. À l’époque, Charles Oakley, connu pour sa gouaille, s’était fendu d’une déclaration sans équivoque sur l’actuel pivot des Rockets.
« De nos jours, il y a pas mal de joueurs qui pleurent. J’essaye de ne pas trop m’y intéresser. La direction de Orlando l’a laissé s’en sortir comme ça. La plupart du temps, ils mettent ces gosses sur le carreau. Ils ne l’ont jamais fait avec lui. Il a juste chouiné et obtenu ce qu’il voulait (…) Ils ont juste essayé de le satisfaire par n’importe quel moyen alors qu’il n’a jamais rien fait pour les contenter de son côté. »
Rares sont les clubs qui ne cèdent pas
En 2010, Amare Stoudemire fait, lui, pression sur Phoenix pour obtenir un contrat maximum. S’il n’a pas l’argent qu’il désire, il fera jouer sa clause de sortie et partira. Sagement, les Suns lui offrent une prolongation mais cette dernière n’est pas le maximum. Amare Stoudemire s’en va à New York. Phoenix n’a pas plié.
Chris Paul quitta aussi la franchise qui l’a drafté, non sans avoir boudé quelques mois. Il aurait pu rejoindre les Lakers mais David Stern opposa un veto. Il aurait ainsi retrouvé un joueur, également coupable d’un tel caprice. En effet, en 2007, Kobe Bryant exige d’être échangé s’il n’obtient pas du renfort. Quelques semaines plus tard, Pau Gasol arrive dans l’escarcelle des Lakers.
Bryant n’en était pas à son coup d’essai. Il l’a toujours nié mais dès sa draft, il refusa clairement de rejoindre les Charlotte Hornets, seuls les Lakers avaient grâce à ses yeux.
Quelques années plus tard, il fut imité par Steve Francis, absolument contre le fait de jouer pour Vancouver. Il fut échangé dans la foulée à Houston.
Il y a trois ans, le journaliste Frank Isola relatait à quel point le nouvel accord collectif était responsable de cette situation.
« C’est une génération différente…Bon, je ne devrais pas vraiment dire cela car parmi cette génération, il y a bien un Kevin Durant qui, dans un petit marché comme Oklahoma City, resigne et veut vraiment gagner là-bas. Mais beaucoup de joueurs ne veulent pas vraiment gagner par eux-mêmes. Ils veulent rejoindre leurs potes et voir s’ils peuvent gagner des titres. Même LeBron (ndlr: nous sommes à l’époque de The Decision), je comprends ce qu’il a fait, mais il y a tout de même de quoi dire sur des gars qui quittent l’équipe qui les a draftés, il aurait pu se faire beaucoup d’argent et gagner chez lui. »
Évidemment, à l’époque, nul ne savait que LeBron ne reviendrait mais ce type de commentaires révèle à quel point la NBA est devenue une ligue de joueurs, ou du moins, de stars, devant qui certains dirigeants sont souvent contraints de céder à leurs caprices.