Alors que San Antonio s’apprête à disputer un sixième match décisif pour revenir en finale NBA un an après leur échec face à Miami, un excellent portrait de ESPN revient sur la relation entre Greg Popovich et Tim Duncan. Ensemble depuis 1997, les deux hommes incarnent le visage de la franchise texane et leur lien est le principal responsable de l’excellence atteinte par le club, désormais le plus victorieux des sports collectifs américains.
Avec 4 titres glanés entre 1999 et 2007, Duncan et Popovich sont entrés dans l’histoire. Pourtant, celle-ci aurait pu se dérouler d’une manière complètement différente. L’idylle entre les deux futurs Hall of Famers a ainsi failli cesser à de nombreuses reprises.
Popovich est passé à un match du licenciement
L’anecdote remonte à l’année 99, maudite pour tous ceux qui aiment la NBA. Raccourcie par le lock-out, cette saison était aussi la première depuis 1994 sans Michael Jordan sur un parquet NBA. Les visages de la ligue ont changé. Shawn Kemp revient dans le corps d’Oliver Miller, Pat Ewing fait ses premiers pas en déambulateur, Vince Carter frappe à la porte, Dirk Nowitzki afflige le public de Dallas par sa (non) défense et Michael Olowokandi finit de consacrer les Clippers comme la pire équipe de la ligue (une époque totalement différente).
Si Pop a mené les Spurs à une excellente saison 98 avec 56 victoires, il ne figure pas encore parmi l’élite des coaches aux yeux du public.
Or, dès le début de cette saison 99, San Antonio patine. 14 matchs et déjà 8 défaites, c’en est trop pour l’exigeant public des Spurs. La côte de popularité du coach chute radicalement alors que dans l’assistance texane, beaucoup sont ceux qui ont déjà leur favori pour occuper son poste: Doc Rivers. À l’époque, l’actuel coach des Clippers commente les matchs des Spurs et son aura, elle, est au beau fixe.
Alors que l’équipe s’apprête à disputer son quinzième match de la saison dans un derby face à Houston, les joueurs apprennent que leur entraineur est sur la sellette. L’ensemble de l’équipe se remobilise pour chercher une victoire salvatrice pour Popovich.
« C’est vrai, on avait entendu des rumeurs. Beaucoup de bruits couraient sur un remplacement de Pop par Doc Rivers, donc David Robinson et moi sommes allés à la maison de Pop avant notre vol pour Houston. » raconte Avery Johnson. « Pop nous a parlé… et ce que je peux dire, c’est qu’en sortant de là, nous étions tellement émus par Pop qu’on savait qu’il fallait aller chercher ce match. Regardez la feuille de matchs pour voir ce qu’on a fait ce soir là. »
Ce soir là, galvanisé par le discours d’avant-match de David Robinson, Avery Johnson réalisa un de ses meilleurs matchs de la saison avec 18 points et 13 passes.
« À la fin, toute ma gratitude va à Popovich car il a placé toute sa foi en moi. J’avais le sentiment que je serais le principal responsable de son licenciement, car je n’étais pas considéré comme le meneur titulaire capable de mener son équipe au titre. J’ai pris ça très à coeur. Et c’était un des plus passionnants discours d’avant-match que David a jamais fait. Il avait la bave aux lèvres. »
Depuis, Greg Popovich est toujours en place. Mais un an après cet évènement, le tandem « Duncanovich » connait de nouveaux soubresauts et à nouveau, Doc Rivers est responsable de ces tumultes.
Tim Duncan flirte avec Orlando
Si le Doc n’a finalement pas remplacé Pop dans le Texas, il a pris la suite de feu Chuck Daly à Orlando. Avec un effectif exsangue au sein duquel figure un certain Tariq Abdul-Wahad, Rivers mène le Magic à un bilan équilibré et est nommé coach de l’année pour sa première saison. Son profil est prometteur et il souhaite créer un blockbuster pour parvenir au titre.
Il convainc Grant Hill de rejoindre la Floride. L’ailier est alors un des des meilleurs joueurs de la planète, l’équivalent d’un LeBron James, moins tanké mais plus racé. Il drague alors très férocement Tim Duncan. L’intérieur a déjà gagné un titre à San Antonio mais le projet du Doc est attrayant, et Duncan hésite fortement.
« Je pense qu’il était à deux doigts de partir » confie Malik Rose, ancien coéquipier de l’intérieur aux Spurs. « Pop marchait sur des oeufs. Il était furieux après Lon Babby (ndlr: l’agent de Duncan) car il pensait que Lon montait un plan pour envoyer Tim et Grant Hill ensemble à Orlando. J’ai entendu que Tim avait décidé de partir mais qu’il avait changé d’avis à la dernière minute. »
Si, aujourd’hui, l’anecdote peut sembler anodine à l’heure des « Decision », « Dwightmare » ou « Melogate », elle illustre à quel point le visage de la ligue aurait pu à quelques heures près devenir totalement différent. Et on ne parlerait probablement plus aujourd’hui de San Antonio en ces termes si élogieux. Pour la direction du club, Duncan était simplement trop attaché aux valeurs des Spurs.
« Mon opinion est que Tim ne se voyait pas vraiment partir mais il voulait sans doute goûter à d’autres eaux. » explique Peter Holt, le propriétaire des Spurs. « Y avait-il 50% de chances qu’il parte ? 20% ? Je ne pourrais pas le mesurer. Je pense que c’était même plus que ça. » poursuit R.C Buford, le GM du club. « Mais je pense aussi que la confiance de Tim en Pop, face au portrait très Disney du projet d’Orlando, est la principal raison de sa décision de rester. »
Depuis cet été là, Duncan et son coach ont gagné 3 titres de plus, autant de trophées qui font deux les icônes de toute une ville et certainement, une des meilleures publicités pour le basket. Une situation ironique quand on connait leur désintérêt commun pour les éloges et les lumières. À l’heure actuelle, ils sont encore en course pour ajouter un nouveau trophée à leur collection et continuer d’écrire l’une des plus belles pages du basket américain.
On vous conseille de lire le reste de ce long portrait des deux inséparables, il est particulièrement riche.