Alors que la NBA envisage de mettre le surnom des joueurs sur leurs maillots pour quelques matches, petit retour sur la genèse du plus célèbre « nickname » de l’histoire de la NBA : « Magic » Johnson.
Né en 1959 à Lansing, dans le Michigan, Earvin Johnson espère intégrer le lycée « noir » de Sexton à sa sortie du collège. Mais l’adolescent rejoint finalement le lycée « blanc » d’Everett, l’administration mettant en place un système de ramassage scolaire favorisant la mixité sociale entre les communautés de la ville.
Les premières semaines sont difficiles pour le jeune Earvin, qui manque de se battre avec des membres de l’équipe de basket. Mais c’est bien sur le terrain qu’il va faire l’unanimité. Il vient alors d’avoir 15 ans.
« J’étais au premier match d’Earvin contre Holt, un match que son lycée d’Everett a gagné en prolongation », nous explique Fred Stabley, l’homme qui a donné le surnom de « Magic » à Earvin Johnson. « Il avait compilé 12 points et 10 rebonds. C’était en 1974 et il était en première année au lycée Lansing Everett. Au journal [le Lansing State Journal], les confrères m’ont demandé ce que je pensais de lui et je leur ai dit qu’il serait un bon joueur, un jour ».
Rapidement, tout s’accélère.
« Le sort a voulu que je sois désigné pour couvrir son deuxième match de la saison, face au favori de la conférence, Jackson Parkside. Everett a gagné de 30 points et Earvin a réussi un match à 36 points, 20 rebonds, 15 passes et 10 interceptions. Le public était fou. J’ai suivi les rencontres de basket dans le Michigan pendant 20 ans mais c’est la performance la plus incroyable que j’ai jamais vue ».
Du coup, notre confrère cherche un surnom pour ce joueur hors du commun.
« Après le match, je suis allé dans les vestiaires, je me suis présenté et je lui ai dit : « Earvin, nous devons vous trouver un surnom. « Big E » est déjà pris à cause d’Elvin Hayes et « Dr. J » est lui aussi pris par Julius Erving. Pourquoi pas Magic ? » Il m’a regardé et m’a dit : « Ça me va, Mr. Stabley ». »
Un surnom qui reste dans les cartons pendant un mois
À cet instant, après un match de saison régulière sans enjeu d’un petit lycée du Michigan, le journaliste comme l’adolescent de 15 ans ne se rendent pas compte de l’impact de cette trouvaille.
« C’était totalement spontané mais je pense que si je ne lui avais pas donné ce surnom, quelqu’un d’autre l’aurait fait. Earvin n’y a pas trop pensé sur le moment. Il était en première année au lycée et il venait simplement de jouer ses deux premiers matches à ce niveau ».
Pendant quelque temps, Fred Stabley n’ose pourtant pas utiliser le surnom et il attendra qu’Earvin Johnson répète ses performances pour finalement placer le terme dans un de ses articles.
« Je lui ai donné ce surnom en décembre 1974 mais je n’ai osé l’utiliser dans le journal qu’en janvier 1975. Je ne m’en suis pas servi pendant un mois. Mais à la fin de la saison, tous les fans de basket dans le Michigan avaient entendu parler de ce phénomène qu’on appelait « Magic ». C’est resté parce que ça collait parfaitement, c’est aussi simple que cela ».
Apparu dans la presse en janvier 1975, le surnom s’est donc diffusé graduellement dans le Michigan. Pour ne plus jamais quitter « Magic » Johnson, qui en a même fait son nouveau prénom.
« Le plus drôle, c’est que je ne l’ai jamais appelé Magic. Je l’ai toujours appelé Earvin, « Big Fella », EJ ou DJ. C’est spécial pour moi parce que c’est un basketteur unique, un meneur de 2m06 qui voulait juste gagner. La magie, c’est qu’il rendait les gens heureux avec ses dribbles et ses passes ».