Antoine Diot : enfer, purgatoire et bientôt paradis ?

C’était le 20 mai 2010. Le dos d’Antoine Diot se bloque pour la deuxième fois en une semaine, lors d’un quart de finale de Pro A. Verdict : hernie discale. Pour une absence des terrains de deux ou trois mois.

Un simple contre-temps qui empêche juste le meneur de participer au Mondial 2010 ? Pas seulement. C’est surtout le début d’un tunnel de deux saisons entre rechutes, retours ratés et frustration.

La même blessure que Dwight Howard

« C’était très frustrant car à chaque reprise d’activité physique un peu soutenue, j’avais des pointes de douleur dans le dos, même sur des simples déplacements, et je devais de nouveau m’arrêter », expliquait-il à 20 Minutes.

Antoine Diot n’arrive pas à revenir à 100%. Une terrible frustration pour lui, dont le jeu repose en grande partie sur l’activité et l’énergie. Sans la totalité de ses moyens physiques, il ne peut pas se donner à fond et vit une longue période dans laquelle il tente de comprendre ce qui lui arrive.

« J’ai vu que Dwight Howard avait la même chose : je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam mais ça aide à relativiser. On se dit que les blessures font partie du quotidien d’un sportif de haut niveau ».

Il en profite également pour bosser mentalement.

« J’avais pris un préparateur mental un peu avant ma blessure, et j’en ai profité pour approfondir mon travail avec lui. Il m’a proposé un programme par séquences pour qu’à la fin de cette galère j’ai le sentiment d’avoir gagné quelque chose. Il m’a redonné confiance. C’est dans ces moments là qu’on se construit en tant qu’homme et aujourd’hui je suis beaucoup plus costaud mentalement.

Un mental à tout épreuve

Mentalement, Antoine Diot a pourtant toujours été costaud. Champion d’Europe des moins de 16 ans en 2004 et des moins de 18 ans en 2006 avec Nicolas Batum, il honore sa première sélection chez les A lors d’un match de repêchage pour l’Euro 2009 à Cagliari. En prolongation, il se retrouve quatre fois aux lancers francs et les réussit tous pour assurer le succès d’une équipe exsangue. Hier, il a récidivé face à l’Espagne, assurant sur la ligne en fin de match.

Enfin revenu à son meilleur niveau physique cette saison avec Paris-Levallois, Antoine Diot retrouve du rythme (13.1 points et 3.9 passes de moyenne). Durant cet Euro, c’est souvent lui que Vincent Collet utilise pour relancer une équipe qui a du mal à se faire violence, notamment défensivement.

« Lui et Florent, dans les aspects défensifs, ce soir, c’est monumental », assurait le sélectionneur hier. « Après il a mis ses deux tirs à trois points, c’est la cerise sur le gâteau ».

Le meneur a d’ailleurs fait taire les critiques qui ont accompagné sa sélection. Pourquoi n’était-il pas en concurrence avec Thomas Heurtel ou Léo Westermann ? Pourquoi faisait-il partie d’office du groupe alors qu’il n’était pas vraiment bon lors des matches de préparation ?

Pas uniquement le soldat de Vincent Collet

Des questions auxquelles Vincent Collet n’avait pas forcément de réponse claire, si ce n’est qu’il sait ce que lui offre le meneur : un mental à toute épreuve et l’assurance de tout laisser sur le terrain.

« Je connais Antoine depuis très longtemps. Quand il est sorti de l’INSEP, il a commencé sa carrière avec moi. Ma première année en tant que sélectionneur, je l’ai fait venir et il avait été très bon en Pologne [à l’Euro 2009]. Et puis il peut jouer avec Tony ».

L’année prochaine, il jouera encore pour Vincent Collet à Strasbourg. Durant cet Euro, Antoine Diot a néanmoins montré que sa sélection n’avait rien à voir avec du copinage. S’il est là, c’est bien parce qu’il est précieux. Et qu’en pleine possession de ses moyens physiques, il a sa place parmi les très bons meneurs.

« Antoine est l’un de nos meilleurs défenseurs, notamment en terme d’activité », continue le coach des Bleus. « Je dirais qu’il est un peu espagnol de ce point de vue et il n’est pas très loin de Ricky Rubio. Chez les jeunes, ils étaient les deux meilleurs meneurs d’Europe. Malheureusement, il a perdu deux ans à cause de ses problèmes de dos mais je pense qu’il peut retrouver ce statut ».

Dimanche, si la France bat la Lituanie en finale du championnat d’Europe, ce sera simplement le paradis pour Antoine Diot. Un juste retour des choses après deux ans entre l’enfer et le purgatoire.