En 2008, Chris Wallace était sans doute le personnage le plus raillé de toute la ligue. Et pour cause : le General Manager des Grizzlies venait de finaliser un transfert un peu fou, envoyant son franchise player Pau Gasol à Los Angeles contre Kwame Brown, Javaris Crittenton, Aaron McKie, et les droits d’un jeune pivot espagnol.
Cinq ans plus tard, les Grizzlies jouent les Finales de Conférence Ouest, Marc Gasol est l’un des meilleurs postes cinq du monde, et plus personne ne se moque de Chris Wallace.
« Je suis un grand garçon », avance-t-il au Boston Globe. « Je suis dans le business depuis un bon bout de temps. Je sais que se faire allumer de temps en temps suite à un transfert est l’un des aléas du poste de General Manager en NBA. Mais nous avions fait ce que l’équipe estimait nécessaire pour relancer la franchise et l’emmener dans une nouvelle direction ».
Peu importe donc le « cadeau » fait aux Lakers, qui boostés par l’arrivée de Pau Gasol, remporteront le titre à deux reprises (2009, 2010).
« Est-ce qu’il faut évaluer un transfert sur la manière dont il va affecter l’autre équipe ? Est-ce qu’il faut laisser tomber tout deal permettant à l’autre équipe de remporter le titre ? », lance-t-il. « Tant que cela convient à mon équipe, ce n’est vraiment pas mon problème. Malheureusement, quand vous organisez ce type de gros transfert impliquant votre meilleur joueur, il n’y a qu’un nombre restreint d’équipes fiables [avec lesquelles négocier] ».
« Plus rien à perdre »
Cela n’a pas empêché Chris Wallace de cogiter longtemps avant de proposer un tel deal. Le déclic est finalement venu grâce à un certain Derrick Rose…
« [La franchise] était complètement coincée et n’avait pas encore remporté un seul match de playoffs. Nous nous dirigions vers une nouvelle saison à 20 victoires. Après tout, le basket, c’est d’abord du divertissement, et les habitants de Memphis ne s’amusaient pas avec cette équipe. Notre public était triste, et cela coïncidait avec la saison de Derrick Rose à l’université de Memphis. Les gens s’intéressaient à eux. Nous, à côté, nous n’étions qu’un petit effectif de lycéens. La différence entre l’ambiance pour leurs rencontres et celle pour les nôtres était hallucinante, à croire qu’on ne jouait pas dans la même salle. Au point où nous étions, il n’y avait vraiment plus rien à perdre ».
Les rôles se sont désormais inversés. Les Lakers vieillissants pensent à la reconstruction, tandis que la franchise du Tennessee est plus ambitieuse que jamais.
« Quand nous étions en playoffs la saison dernière, on se croyait dans une ville universitaire. Il n’y avait que des drapeaux des Grizzlies », se félicite-t-il. « C’est une super ville de basket, la meilleure de tout le Sud. Tout ce dont avait besoin cette ville, c’était un peu d’espoir pour s’attacher aux Grizzlies ».