Le sourire était revenu sur son faciès ragaillardi. Il fallait le voir rigoler avec Nando De Colo pendant la fin de l’entraînement pour comprendre que Tony Parker avait déjà digéré la déception. Pour la deuxième fois de sa carrière, le meneur des Spurs va disputer un Game 7 en finale NBA, « avec une finale olympique c’est le summum pour un basketteur, tu ne peux pas rêver mieux », reconnaît-t-il, enthousiaste.
Cette « opportunité », qualificatif qu’il répète à qui mieux-mieux depuis hier soir, Tony ne veut pas la laisser passer. Hors de question de ruminer sur le gâchis de la veille :
« A chaud tu es déçu mais après tu discutes et tu prends un peu de recul. J’en ai déjà eu des défaites comme ça dans ma carrière, après la Grèce avec l’équipe de France par exemple. Les deux matches se ressemblent mais la différence, c’est que là nous avons encore une chance de remporter la titre, nous ne sommes pas éliminés. »
Le message, colporté plus tôt avec la même vigueur par De Colo – « il faut faire attention aux détails qui nous ont fait mal mais sans trop repenser à la défaite. Si on veut gagner le titre, faut vite se reconcentrer et se mettre dans l’esprit que ce n’est pas fini » – est tout aussi limpide dans les mots du triple champion :
« Il faut se remotiver, faire tous les soins et remettre la machine en marche. Le plus important désormais c’est jeudi soir, il faut d’oublier le match d’hier. Moi je suis déjà dans le Game 7, le Game 6 est derrière moi. Je n’y pense plus. On n’a pas le temps de se plaindre, de se morfondre ou d’être triste. Si tu m’avais dit en début de saison qu’on serait à 3-3 en finale NBA contre Miami, j’aurais signé tout de suite. »
Tout ça pour ça ? « Pas encore » pour De Colo
Jamais un visiteur ne s’est imposé à l’extérieur dans le dernier match d’une finale NBA depuis les feu Bullets en 1978, à Seattle. Le poids de l’histoire pèse sur les épaules des Texans, « mais bon comme les records, ce genre de statistique est faite pour être battue », veut croire De Colo. « Si c’était facile, ça enlèverait toute la beauté de ce sport. Mais nous sommes capables de le faire, je ne veux pas encore me dire « tout ça pour ça » car il y a le plus beau des matches à gagner », s’épanche le meneur remplaçant. Le titulaire ne dit pas autre chose. Lui l’encyclopédie de la NBA, connaît trop bien l’héritage des matches de légende pour ne pas saliver devant le menu de jeudi soir.
« Nous avons l’opportunité de rentrer dans l’histoire car aucune équipe n’a gagné un Game 7 à l’extérieur (ndlr : dans un format 2-3-2). Mais on sait comment s’imposer ici, nous l’avons fait dans le Game 1 et nous sommes passés très près hier. Eux aussi sont fatigués. Autant nous avons été très déçus et avons laissé beaucoup d’énergie mais ça va dans les deux sens », explique le MVP des Finals 2007.
Deux ans avant le sweep des Cavs de LeBron James, Parker disputait et remportait un septième match, déjà face aux champions en titre, Detroit.
« Tous les compteurs sont remis à zéro »
Dans vingt-quatre heures, le trentenaire ne sera pas un néophyte sur le parquet de Miami. Il entend bien capitaliser sur cette expérience :
« Tous les compteurs sont remis à zéro mais on a l’expérience de ce genre de match, il faut s’en servir. Hier soir nous sommes tous allés au restaurant ensemble, c’était une manière de commencer à se préparer mentalement. On sait que ce Game 7 va être une grosse bataille, il faudra être prêt. On le sera. »
En prévision d’un intense combat psychologique, physique et tactique, le cahier des charges est simple : « Rester coller et passer devant dans le dernier quart temps comme on l’a fait hier », assène Parker. « Même avec toute la fatigue du monde, il faut tout donner pendant encore trois heures car c’est une finale NBA. Ce n’est pas une défaite qui va nous abattre, nous sommes plus forts que ça et il faut le montrer. On sait que ça va se jouer sur des petits détails », confirme De Colo, le ton encore plus velléitaire.
C’est bien beau de disputer comme mardi « peut-être un des plus beaux matches de l’histoire des Finals » dixit TP, si c’est pour être dans le camp des perdants ça ne serait plus seulement « dommage » comme le regrette Parker. La fierté se perdrait alors dans les sombres abysses de l’amertume. Parker ne préfère pas encore y penser, De Colo non plus. L’heure est à la remobilisation, pas aux projections !