Si des Pau Gasol, des Dirk Nowitzki et des Tony Parker ont pu faire leur trou en NBA, c’est bien sûr grâce à leur talent mais aussi parce que des pionniers européens partirent, dans les années 80 et 90, défricher les terres vierges et inexplorées du basket made in USA.
La première star allemande de la Ligue ne fut pas le franchise player des Mavericks mais Detlef Schrempf qui commença d’ailleurs sa carrière à Dallas. Comme le Croate Drazen Petrovic, le natif de Leverkusen se révéla un ambassadeur de choix pour le Vieux Continent.
Hyper complet, le swall forward à la coupe en brosse, mâchouilleur de chewing-gum, s’empara du titre de meilleur 6e homme en 1991 et 1992 et s’invita trois fois au All-Star Game. Avant que Nowitzki ne l’imite, Schrempf était le seul Allemand à avoir disputé une Finale NBA. C’était en 1996 avec Seattle.
Avant l’arrivée de Toni Kukoc à Chicago en 1993, personne ne pouvait réellement contester à l’Allemand Detlef Schrempf le titre de meilleur Européen de NBA. Prenez sa sixième saison dans la Ligue. A une semaine de la fin de l’exercice 1990-91, le 6e homme des Pacers totalisait 11 rebonds de plus qu’un autre Yougoslave, le pivot titulaire des Lakers Vlade Divac, et il affichait un meilleur pourcentage aux tirs que Drazen Petrovic (R.I.P.), la gâchette diabolique des New Jersey Nets.
A cette époque, les basketteurs NBA nés en dehors du territoire américain se comptent sur les doigts des deux mains et les Européens sont très vite confinés aux seconds rôles. Tous sauf Schrempf (2,08 m pour 106 kg). Le natif de Leverkusen, alors âgé de 28 ans, peut évoluer à tous les postes ou presque. Cette année-là, il s’affiche à 18.1 points, 9 rebonds, 4.1 passes, 52% aux tirs et 81.8% aux lancers francs. Detlef enlève le titre de meilleur 6e homme à Dan Majerle (Suns). L’année précédente, il avait terminé 2e derrière Ricky Pierce, désormais à Seattle.
« Si Detlef ne remporte pas le trophée cette année, ce sera un véritable scandale », avait prévenu Bob Hill, le coach d’Indiana, successeur de Dick Versace, remercié en cours de saison.
Celui que ses partenaires surnomment « Det the Threat » (Det la menace) sait tout faire. Il peut marquer des deux mains. Il peut monter la balle comme un meneur ou aller taffer dans la raquette, il est suffisamment grand pour cela. Il a souvent l’avantage dans les situations de 1 contre 1 car il est plus rapide que les ailiers forts et plus fort que les ailiers shooteurs. Il peut driver proprement, passer avec précision, shooter de loin avec un taux de réussite élevé… Bref, de l’or en barres. En NBA, deux joueurs seulement sont capables, comme lui, d’évoluer aux postes 1 à 4 : Magic Johnson et le Bullet John Williams. Mais même un Magic ne le fait pas tous les soirs.
« Detlef n’est pas vraiment un joueur européen », expliqua un jour Dick Motta, son entraîneur aux Mavericks, sa première équipe outre-Atlantique. « Il ne joue pas comme eux. Il y a du funk dans son jeu, une dimension playground. »
Il joue comme un basketteur US qu’il est presque
S’il ne fait pas partie du cinq de base, Schrempf est tout bonnement le meilleur rebondeur des Pacers et le deuxième joueur de l’équipe le plus utilisé. Il se classe 2e aux lancers francs réussis et 3e meilleur scoreur derrière Reggie Miller et Chuck Person. Contre Atlanta le 26 mars 1991, il a réalisé un triple-double (16 pts, 12 pds, 11 rbds), perf énormissime pour un 6e homme. Laissez Schrempf esseulé à 5 m du panier, il tentera le tir. Mettez Petrovic dans la même situation, son premier réflexe sera de dribbler et de pénétrer vers un gros paquet d’intérieurs. C’est la petite touche européenne du jeu de Detlef. Pour le reste, il joue comme un basketteur US. Ce qu’il est presque.
« Je n’ai pas eu le même parcours que les autres joueurs venus du Vieux Continent. J’ai fait mon lycée ici, puis l’université. J’ai suivi le cursus traditionnel. Pour passer directement de l’Europe à la NBA, il y a une période d’adaptation très difficile et pas seulement pour le basket. Les villes, les hôtels, les voyages, la vie en général : tout est très différent de ce que les Européens connaissent. La plupart sont de grands shooteurs. Drazen (Petrovic) en est un mais il connaît de gros problèmes en défense. Moi, j’ai vécu ici tellement longtemps que je me suis adapté et que j’ai appris toutes les ficelles du jeu US. »
Schrempf est arrivé aux States 11 ans plus tôt. Dans le cadre d’un échange scolaire, il intègre à 17 ans la Centralia High School, dans l’Etat de Washington, au Nord-Ouest des USA. Il souhaite passer une année outre-Atlantique pour améliorer à la fois son anglais et son basket. Il doit ensuite rentrer en Allemagne et continuer ses études tout en jouant avec Leverkusen. Il n’était pas du tout prévu qu’il décroche une bourse de 4 ans dans la fac de Washington et encore moins qu’il fasse carrière en NBA. Chez les Tigers, à la Centralia High School, Detlef affiche une moyenne de 15.9 points et 12 rebonds. Son école remporte le titre de championne de l’Etat aux dépens des Blazers de la Timberline High School (25 victoires pour 1 défaite). C’est là, dans sa saison senior, qu’il se fait remarquer par le légendaire coach Marv Harsman (94 ans), seul entraîneur de Division I NCAA à lui offrir une bourse, en 1981. Il ne l’a jamais regretté et alla jusqu’à déclarer que Schrempf fut le meilleur joueur qu’il ait entraîné durant 40 années.
Etudiant en business international et membre de la confrérie Phi Delta Theta, Detlef se met à rêver de la NBA quand il compile 15.8 points (55.8% aux tirs), 8 rebonds et 4.2 passes durant sa saison senior au college, en 1984-85. On le présente comme le nouveau Larry Bird et si la comparaison est prématurée – et hasardeuse -, ses aspirations à devenir pro, elles, ne le sont pas. Les Mavericks le draftent au 1er tour en 1985 (8e choix). Cette année-là, Dallas avait trois premiers tours. Il y eut donc Schrempf et deux pivots, Bill Wennington (St. John’s, 16e choix) et… l’Allemand Uwe Blab (Indiana, 17e choix).
Indiana, le nouveau départ
Sur le papier, ç’a de la gueule mais dans la pratique, la formule fait chou blanc. Les Texans alignent deux stars indestructibles : Mark Aguirre et l’Américano-Panaméen Rolando Blackman. Sam Perkins (24 ans) a été champion NCAA avec North Carolina et Michael Jordan. Le meneur Derek Harper est dans sa troisième saison. Dale Ellis (25 ans) et Jay Vincent (26 ans) piaffent d’impatience sur le banc. Le coach, Dick Motta, ne fait quasiment jamais confiance aux rookies. Schrempf, flanqué du n°32, est catalogué comme un arrière remplaçant. Il ne dépassera pas les 9.3 points de moyenne pendant trois saisons. Son seul titre de gloire est de terminer 2e derrière Larry Bird au concours de tirs à 3 points du All-Star Week-end 1987 à Seattle (il participa une deuxième fois au contest en 1988 à Chicago).
Le gâchis se poursuit jusqu’à son transfert à Indiana le 21 février 1989, contre le pivot vétéran Herb Williams. Dick Versace, l’entraîneur des Pacers, était opposé à sa venue. Personne ne savait vraiment de quoi était capable Detlef. Lui-même ne le sait pas en débarquant dans une équipe à la rue, qui en est à son quatrième coach au cours du même exercice (Versace succéda à George Irvine qui avait succédé à Mel Daniels qui avait succédé au mythique Jack Ramsay). Il y a, dans cet effectif, quelques noms qui passeront à la postérité : Chuck Person (meilleur marqueur), Reggie Miller bien sûr, Wayman Tisdale (R.I.P.), Vern Fleming, le pivot néerlandais Rik Smits, l’actuel coach des Bucks Scott Skiles ou encore l’actuel coach des Wizards Randy Wittman.
« Quand j’ai été transféré, je me suis dit que c’était la meilleure chose qui pouvait arriver à ma carrière », commente Detlef dont la situation ne changea guère lorsque John MacLeod succéda à Dick Motta sur le banc des Mavs en 1987. « Je voulais oublier Dallas et repartir de zéro. Comme si je venais tout juste d’être drafté. Dick Versace m’a donné un rôle plus créatif sur le terrain et ç’a marché. »
En cette année 1990-91 qui voit les Pacers équilibrer leur bilan (41-41) avec un nouveau changement de coach en cours de route (Bob Hill remplaça Versace après un 9-16), Schrempf a gagné la confiance du staff. C’est la troisième option offensive derrière l’inamovible doublette Miller-Person. Dans cette formation d’Indiana qui prendra un abonnement aux playoffs (sept participations consécutives entre 1990 et 96), l’Allemand est une pièce importante du dispositif. En 1989, il avait paraphé un contrat de 10 ans estimé à 12 millions de dollars. Le pestiféré des Mavericks est à présent l’un des joueurs les plus populaires des Pacers. Il s’éclate dans sa nouvelle vie. Marié et papa d’un garçon d’un an, Detlef s’est installé en dehors d’Indianapolis, dans les quartiers résidentiels de Carmel.
Seattle, paradis aux allures d’enfer quotidien
Ne voyez pas dans sa coupe en brosse une extravagance capillaire ou un début de rébellion, Schrempf est un homme sérieux et plutôt réservé, discret. Il ne connaît qu’un seul mot : « Arbeit ». C’est un véritable perfectionniste, concentré sur son métier (l’efficacité allemande sans doute). Il n’est parti qu’une seule fois en vacances pour faire une croisière. C’est un dingue de l’entraînement et un adepte de la musculation, même pendant la saison.
« C’est l’un des joueurs les plus complets que j’aie jamais côtoyés », s’exclame Reggie Miller.
Le 1er novembre 1993, après quatre saisons dans l’Indiana, le néo-All-Star change de tunique, deux titres de Meilleur 6e homme en poche. George Karl, le plus Européen des coaches NBA – il a entraîné le Real Madrid pendant une saison -, le voulait. Indiana expédie Schrempf, seul joueur de la Ligue dans le Top 25 pour les points (19.1), les rebonds (9.5) et les passes (6), à Seattle, futur Oklahoma City Thunder, contre Derrick McKey et Gerald Paddio. L’ailier venu d’outre-Rhin quitte la franchise de « Circle City » avec un total de 354 matches disputés entre février 1989 et juin 1993 (16.7 pts de moyenne). A partir du printemps 1990, elle disputa systématiquement les playoffs mais le trio Reggie Miller-Chuck Person-Rik Smits ne l’emmena jamais au-delà du 1er tour (0-3 contre Detroit, 2-3 contre Boston, 0-3 contre Boston, 1-3 contre New York). Tradé à Minnesota, Person quitta Indianapolis un an avant Schrempf, en 1992.
En cette année 1993, les Supersonics de Seattle sont une franchise en pleine ascension. Depuis trois ans, la courbe des victoires s’arrondit : à l’équilibre sous les ordres de K.C. Jones en 1991, « Emerald City » vient de poster deux saisons à 47 et 55 victoires. L’équipe n’est plus très loin de la vérité : battue au 1er tour des playoffs (3-2 par Portland) puis en demi-finales de Conférence Ouest (4-1 par Utah), elle a accroché les Suns de Charles Barkley en finale de Conférence Ouest (3-4). C’est là que Gary Payton, par sa défense sur Kevin Johnson, gagna son surnom « The Glove ». Six joueurs ont tourné à plus de 10 points sur l’ensemble des playoffs 1993 : Ricky Pierce, Shawn Kemp, Sam Perkins, Gary Payton, Derrick McKey et Eddie Johnson.
Schrempf sait qu’il débarque dans un autre monde. Un paradis aux allures d’enfer quotidien.
« On m’avait tout dit sur les joueurs mais tant que tu n’as pas vécu tout ça de l’intérieur, tu ne peux pas comprendre. Seattle a un jeu basé sur la rapidité. Pour que l’équipe soit au top, le coach a doublé tous les postes. Forcément, chacun se dit qu’il peut avoir plus de temps de jeu que son partenaire. La tension est permanente… »
Pour un rien, un pugilat éclate au vestiaire entre coéquipiers. Parfois, l’entraînement se transforme en partie de playground, chacun faisant son petit numéro. A la fin d’un match, le coach n’a pas besoin de faire un speech, les joueurs se sont déjà jetés sur la feuille de stats. Un cirque pas vraiment marrant. L’absence d’un leader naturel ne fait qu’accentuer le décalage. Schrempf calme ses nerfs une fois à la maison : son épouse Mary, ancienne sprinteuse de 110 m haies membre de l’équipe nationale allemande, et ses deux enfants le font rigoler plus facilement. Bienvenue dans la Pacific division…
Pas de complexes par rapport à ses origines
Au moment de régler d’addition, ce sont surtout les adversaires qui trinquent. Sur le parquet, les petites frappes sont de vrais diablotins. Le jeu de l’équipe repose sur la prise de risques. Detlef cartonne comme il peut. Il terminera meilleur scoreur des Sonics (18.6 pts à 52%) sur les cinq matches du 1er tour des playoffs 1994 mais cela lui fait une belle jambe : Denver, tête de série n°8, a créé l’une des plus grosses surprises de l’histoire en se payant (3-2) le n°1 de la Ligue, crédité de 63 victoires en saison régulière.
« Après les engueulades habituelles au locker room, chacun de nous a eu tellement honte, surtout en voyant Houston remporter le titre, que nous nous sommes dit : « Plus jamais ça ! » »
La thérapie de groupe semble porter ses fruits.
« Nous sommes plus sereins. Des affinités se sont créées et plus personne n’a besoin de prouver quoi que ce soit », témoigne l’Allemand.
Au All-Star Game 1995 à Phoenix, ils sont trois Sonics à faire la fête : Gary Payton, Detlef Schrempf et Shawn Kemp. Tout un symbole. Pourquoi le second, qui se classera 2e en NBA avec un pourcentage de réussite à 3 points ahurissant (51.4), reste-t-il le meilleur des Européens ?
« Parce qu’il n’a pas du tout une mentalité européenne », répond Dick Motta, son ancien coach à Dallas. « Il joue comme s’il était sur un playground, il ne doute de rien et surtout, il ne fait pas de complexes par rapport à ses origines. »
Ça ne vous rappelle pas un meneur français ? C’est bien connu, l’enfer est pavé de bonnes intentions. L’exercice 1994-95 accouche d’une deuxième désillusion collective : l’équipe de George Karl, 3e attaque de la Ligue, finit 2e de la division Pacific mais ne survit pas à un 1er tour face aux Lakers, 3es de la poule (1-3). Individuellement, c’est une forme de consécration pour Schrempf. L’Allemand se glisse dans le troisième meilleur cinq All-NBA aux côtés de grosses pointures : Clyde Drexler, Reggie Miller, Dennis Rodman et Hakeem Olajuwon.
En quittant le Tacoma Dome pour la KeyArena, les Sonics vont se refaire une virginité. Ils changent de maillot, le marron remplaçant le jaune en accompagnement du vert. L’arrivée d’Hersey Hawkins en provenance de Charlotte est également déterminante. Echangé contre l’ailier swingman Kendall Gill, le shooting guard médaillé de bronze aux J.O. de Séoul (1988) apporte son adresse extérieure et son expérience. La première ne faisait pas forcément défaut à Seattle. Le métier, oui.
« Je sais que nous avons l’une des meilleures équipes NBA », fait savoir le blondinet du groupe qui loupera 19 matches à cause d’une fracture à la jambe gauche. « Nous sommes désormais assez grands pour savoir comment aller chercher le titre. »
Kukoc-Schrempf, Panthère contre Panzer
Le « Sonic Boom » vaut à la capitale mondiale du café d’accueillir les Finales NBA 1996, les troisièmes de son histoire (Seattle perdit 4-3 contre les Washington Bullets en 1978 et s’imposa 4-1 contre le même adversaire en 1979). La meilleure équipe de tous les temps, sûrement, celle des 72 victoires en « regular season », impose son implacable domination en six manches mais ce Chicago-Seattle valait le coup d’œil et pas seulement pour l’opposition de deux top défenseurs, Michael Jordan et Gary Payton. Il mettait aussi aux prises deux des plus beaux specimen du basket européen, sixièmes hommes patentés : Toni Kukoc et Detlef Schrempf. La panthère contre le Panzer. Prodige du Vieux Continent contre Européen formaté US.
Un Européen champion NBA, ce n’est plus un rêve. Bon, Zan Tabak a certes été champion sous le maillot des Rockets en 1995 mais on parle de joueurs européens avec un véritable impact. Kukoc et Schrempf sont adversaires. L’un des deux sera forcément sacré. Toni affiche 27 balais, Detlef 33. Leur jeu ? Similaire : basé sur la créativité, la polyvalence et l’adresse « from downtown ». Seuls leurs parcours vers les sommets ont différé. A 17 ans, l’adolescent de Leverkusen profita donc d’un séjour linguistique aux States pour se faire enrôler dans un lycée. Université de Washington, Dallas, Indiana, Seattle. Parcours éloquent, deux titres de meilleur 6e homme coup sur coup.
Il fut aussi en son temps le premier Européen convoqué pour un All-Star Game, en 1993 à Salt Lake City. Il y aura trois sélections au total (1993, 95, 97). Le plus Américain des Européens, installé en NBA depuis ce fameux 26 octobre 1985, a vu la colonie du Vieux Continent s’agrandir au fil des saisons. Rik Smits (1988), Drazen Petrovic (1989), Sarunas Marciulionis (1989), Vlade Divac (1989), Stojko Vrankrovic (1990), Dino Radja (1993), Gheorghe Muresan (1993), Zan Tabak (1994), Arvydas Sabonis (1995) et quelques autres passés en coup de vent, comme Zarko Paspalj (une saison aux Spurs en 1989-90)… Mais à l’exception de Tabak, aucun n’effleura du doigt le titre NBA comme Toni Kukoc.
Inventive, adroite, complète, la « Panthère » faisait partie de la jeune génération de Split qui mit le basket européen à ses pieds à la fin des années 80 et au début des années 90. Inlassablement courtisé par les Bulls, Kukoc s’offrit une virée en Italie, à Trévise, en 1991-93 (finale d’Euroligue perdue contre le CSP Limoges) avant de traverser l’Atlantique. Quelques mois plus tard, Michael Jordan prenait congé de la NBA. Toni se retrouva propulsé sur le devant de la scène avec un salaire supérieur à celui de Scottie Pippen, qui en prit ombrage. « Pip » faillit prendre la porte après une bouderie passée à la postérité lors des playoffs 1994.
Fan de Joe Montana et Boris Becker
Le retour de « MJ » et l’arrivée de Dennis Rodman en 1995 relèguent Kukoc au rang de 6e homme. Un rôle dont il s’accommodera : dans sa troisième saison NBA, il rafle le titre de « Sixth man of the year » (13.1 pts, 4 rbds, 3.5 pds). Les deux Européens les plus populaires de la Ligue, qui jouent au même poste, sont donc sur le même piédestal à l’entame des Finales 1996. A ceci près que Detlef, lui, est désormais un titulaire à part entière (60 fois starter sur 63, Schrempf a schtroumphé 17.1 pts, 5.2 rbds et 4.4 pds).
Avant cette saison 1995-96, Detlef passait encore pour le meilleur Européen de NBA. Aussi bon rebondeur que Toni. Moins bon passeur et intercepteur mais plus adroit, de près et de loin comme aux lancers. La Finale Bulls-Sonics validera le passage de témoin. Elle renvoie les deux hommes dos à dos (16.3 pts de moyenne pour Schrempf, 3e meilleur scoreur des Sonics ; 13 pts pour Kukoc, 3e meilleur scoreur des Bulls) mais Chicago a repris le pouvoir et l’avenir appartient au n°7, plus jeune, on l’a dit, de six ans.
Grand fan du quarterback légendaire des 49ers Joe Montana et de son compatriote tennisman Boris Becker, l’Allemand passera trois saisons de plus à Seattle en se maintenant au-dessus des 15 points par match. Les rêves de grandeur des Sonics sont partis en fumée depuis longtemps. Shawn Kemp, chagriné par le pont d’or offert au pivot besogneux Jim McIlvaine, provoque son transfert en septembre 1997. En 1998, c’est le coach, George Karl, qui prend la porte après une deuxième élimination en demi-finales de Conférence Ouest. Libéré le 2 août 1999, à 36 ans, Schrempf s’engage le même jour dans une équipe de Portland qui empile les stars pour tenter de contrer la domination annoncée du duo Kobe Bryant-Shaquille O’Neal à Los Angeles.
Les Trail Blazers s’offrent un roster de rêve : Scottie Pippen, Rasheed Wallace, Steve Smith, Damon Stoudamire, Arvydas Sabonis, Bonzi Wells, Greg Anthony, Brian Grant, Jermaine O’Neal, Stacey Augmon… « The best team money can buy », résume, envieux, le coach des Lakers Phil Jackson. Detlef, qui hérite du n°12 après avoir porté le 32 à Dallas et le 11 à Indiana et Seattle, n’a rien d’autre à faire que de couper les citrons (7.5 pts).
Candidat pour relancer une équipe à Seattle ?
Mais c’est Portland qui rit jaune dans le Match 7 de la finale de Conférence Ouest 2000, perdu avec une avance de 15 points à l’entame du quatrième quart-temps (de 73-58 à 85-89 avec un 31-11 encaissé en 11 minutes). Schrempf restera une année de plus dans l’Oregon pour assister au crash spectaculaire d’un casting hollywoodien. Sa carrière s’achève tristement, à 38 ans, avec un sweep au 1er tour des playoffs, toujours face aux Lakers, dans sa 14e campagne de postseason. Son compteur s’arrête à 1 136 rencontres de saison régulière et 114 dans les prolongations.
Le 6e homme idéal participa, avec l’Allemagne, aux Jeux Olympiques 1984 et 1992 et aux championnats d’Europe 1983 et 1985. Il se classa 8e à Los Angeles (18.9 pts), 7e à Barcelone (23.1 pts), 8e en France (19.9 pts) et 5e chez lui (24.4 pts). En 1983, il participa également au championnat du monde Juniors en Espagne, où la Mannschaft termina 5e. Dans l’équipe des USA lauréate évoluaient notamment Scott Skiles, Kenny Walker et Larry Krystkowiak, éphémère coach des Bucks en 2007-08.
En janvier 2006, Schrempf fut engagé comme assistant coach des Sonics par Bob Hill, qui l’avait entraîné à Indiana. Hill fut renvoyé en 2007. Detlef se trouva un nouveau costume : il devint directeur du marketing de Coldstream Capital, une société de gestion de fortune à Seattle. On réentendit parler de lui en septembre 2010 à l’occasion d’un accident sans gravité. Detlef fut heurté par une voiture alors qu’il circulait sur une route à vélo. Il rebondit sur le pare-brise avant de tomber sur le bitume. Plus de peur que de mal : il s’en tira avec quelques points de suture à l’épaule droite.
La fondation Detlef Schrempf (https://www.detlef.com/) a été créée en 1996 pour mener des œuvres de charité à Seattle. Le nom de l’Allemand est avancé, comme celui de Gary Payton, à chaque fois que la recréation d’une équipe dans le Nord-Ouest des Etats-Unis est évoquée… Preuve ultime de sa notoriété comme figure locale.
Les Allemands en NBA
– Frido Frey (New York, 1946-47)
– Uwe Blab (Dallas 1985-89, Golden State 1989-90, San Antonio 1990)
– Detlef Schrempf (Dallas 1985-89, Indiana 1989-93, Seattle 1993-99, Portland 1999-2001)
– Christian Welp (Philadelphie 1987-89, San Antonio 1989-90, Golden State 1990)
– Shawn Bradley (Philadelphie 1993-95, New Jersey Nets 1995-97, Dallas 1997-2005)
– Dirk Nowitzki (Dallas 1998-2012)
– Chris Kaman (L.A. Clippers 2003-11, New Orleans 2011-12)
Stats
13.9 pts, 6.2 rbds, 3.4 pds, 0.8 int, 0.3 ct
49.1% aux tirs, 38.4% à 3 pts, 80.3% aux lancers francs
Records
36 points contre Golden State le 8.12.92
23 rebonds à Orlando le 11.2.92
14 passes à Sacramento le 10.12.92
4 interceptions (14 fois)
3 contres (2 fois)
Palmarès
All-Star : 1993, 95, 97
Meilleur 6e homme : 1991, 92
All-NBA Third Team : 1995
Gains en carrière
30,4 M$
Mix
https://www.youtube.com/watch?
Posterizé par Michael Jordan
https://www.youtube.com/watch?