Comme le dit le célèbre adage : « L’attaque fait gagner les matchs, la défense fait gagner les titres. » Et si les Celtics l’ont emporté l’année dernière face aux Lakers, c’est en grande partie grâce à leur défense.
Si les Celtics sont revenus au premier plan, c’est aussi grâce à leur défense. Du 14 au 22 janvier, Boston a disputé cinq rencontres, et n’a jamais encaissé plus de 87 points. La nuit dernière, face aux Pistons, ils n’ont encaissé que 78 points.
Alors, comment fonctionne la défense des Celtics et pourquoi est-elle aussi efficace ?
C’est notre premier grand dossier tactique.
Bonne lecture.
Voici les quelques observations que j’ai pu faire après avoir vu le match des Celtics contre les Jazz du 15 Décembre dernier. Tout d’abord, il faut noter que l’équipe de Boston est constituée de joueurs extrêmement physiques et athlétiques. Garnett, Pierce, Perkins et les autres sont de bons défenseurs en un contre un qui peuvent résister au physique de n’importe quel adversaire. Sauf cas exceptionnel (Kobe lors des Finales…), les prises à deux sont donc rarement nécessaires. Même si cela semble anodin au premier abord, le fait que chaque joueur puisse défendre en un contre un permet de vouer ceux qui sont loin de la balle à d’autres tâches.
1- Une zone à l’américaine
La défense des Celtics reposent ainsi sur deux constantes : empêcher l’accès au panier et couper les lignes de passe. Si ces deux conditions sont respectées, les shoots s’éloignent du cercle et, l’agressivité aidant, le pourcentage diminue automatiquement. Bien sûr, Boston n’est pas la première équipe à avoir eu l’idée d’éloigner leurs adversaires du cercle. Pourtant, les Celtics y arrivent remarquablement. J’ai entendu dire que Boston utilisait la défense de zone. Avec la règle interdisant au défenseur de rester plus de 3 secondes dans sa raquette, cette défense est difficile à mettre en place en NBA, même si on la voit apparaître de temps à autre et de plus en plus souvent depuis son autorisation par la Ligue en 2001. En vérité, les Celtics n’utilisent pas spécifiquement la défense de zone mais plutôt ce que j’appellerai une « zone américaine ».
Pour comprendre cette notion, il faut voir que le principal avantage de la défense de zone est de toujours offrir une présence intérieure interdisant l’accès au cercle. Les règles américaines étant ce qu’elles sont, il est impossible d’offrir une présence intérieure unique. La parade des Celtics, cette « zone américaine », est dans le fait d’offrir plusieurs alternatives qui se succèdent et qui offrent, en cumulé, une présence intérieure en continu. En profitant des mouvements de leurs adversaires et en s’éloignant du joueur qu’ils marquent pour un instant, les Celtics prennent possession de la raquette et bloquent le chemin du panier.
2- Des trappes au poste haut
Souvent, les Celtics trappent leurs adversaires, c’est-à-dire qu’ils viennent à deux sur le porteur du ballon pour ralentir le cheminement de la balle, provoquer des pertes de balle ou encore obliger le joueur à faire de mauvais choix. Dans le match contre les Jazz, ils l’ont souvent fait après un écran poste haut, spécialité mormone, pour éviter le célèbre pick’n’roll des hommes de l’Utah.
3- Grande mobilité sur les écrans
En plus de trapper, les Celtics changeaient constamment sur les écrans pour ne pas être pris de vitesse et j’ai été étonné de voir avec quelle rapidité ils interchangeaient à nouveau pour ne pas laisser aux Jazz l’avantage de taille poste bas.
4- Se concentrer sur le côté ballon
Les observateurs ont noté l’apparition cette saison d’une nouvelle défense chez les Lakers, la « strong-side zone defense », en fait une 1-2-2 où le joueur de pointe est mobile et où les deux joueurs côté faible (côté non-ballon) restent proches de la raquette. Cette défense a beaucoup impressionné en début de saison et de nombreux fans y ont vu une filiation avec la défense des Celtics de l’an dernier. Toutefois, il existe des différences notables, les Celtics défendant ainsi beaucoup plus en un contre un.
La « strong-side defense » des Celtics consiste à focaliser ses forces côté fort, donc côté ballon. Lorsque la balle est sur un des côtés, le Celtic sur le porteur du ballon défend toujours en un contre un tandis que deux partenaires derrière lui lâchent légèrement leurs joueurs pour former un triangle défensif que l’adversaire doit contourner. Cette stratégie bloque le chemin du panier mais crée une zone faible à l’opposé. Cependant, celle-ci étant rarement accessible d’une seule passe, cela permet en général à la défense des Celtics de se replacer avant que la balle n’y arrive.
Couper les lignes de passe, interdire l’accès au panier. Voilà les deux priorités des Celtics. S’ils y arrivent, c’est grâce à un mouvement constant et une volonté de toujours placer l’adversaire derrière soi. C’est aussi grâce à la confiance qu’ont les cinq titulaires entre eux. On le voit lorsque les remplaçants apparaissent sur le terrain. Dès lors, ceux-ci regardent le positionnement de l’autre, anticipent les failles. Pas de ça chez les cinq titulaires. Ils s’occupent de leur joueur, de leur zone, de leur tâche avec une totale confiance dans ce que fait l’autre. Si un panier est encaissé, chacun sait quelle est sa responsabilité.
Bien sûr, la défense des Celtics n’est pas parfaite et parfois la ligne de fond est un peu oubliée. L’extrême rudesse de Perkins n’est pas toujours sanctionnée, tout comme l’usage que les Celtics font de leurs mains qui leur servent souvent à accrocher le bras du joueur qui vient de faire la différence. Mais cela montre surtout l’envie du groupe, qu’ils n’ont pas perdue après avoir gagné leur titre.
Face à Boston, pas de panier facile
Alors, qu’est-ce que c’est, au final, la défense des Celtics ? C’est rendre le facile difficile et le difficile impossible. En n’accordant aucun panier facile. En commettant des fautes sur les lay-ups que beaucoup d’autres équipes jugeraient comme déjà pris. En bloquant l’accès à la raquette. En repoussant les shoots à la périphérie. La défense des Celtics, c’est obliger l’adversaire à faire la passe de plus, à faire le choix de plus, à faire l’effort de plus. Pour faire l’erreur de trop.
Prochain dossier : la défense des Warriors. (no kidding !)