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Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques 2000 à Sydney, de bronze aux Championnats d’Europe en 2005, Fred Weis fut un cadre de l’équipe de France de basket durant huit ans, entre 1999 et 2007. L’ancien joueur du Limoges CSP et de Malaga cumule 100 sélections à son compteur. Aujourd’hui retraité, il reste un observateur très avisé du basket français et européen. Comme l’an passé pour l’Eurobasket, il s’installe avec nous pour suivre ces Jeux Olympiques.

Puisque tu nous as déjà donné ton opinion sur la finale entre Team USA et la Serbie, revenons sur les équipes de la « petite finale ». Es-tu déçu de la performance des Espagnols face à Team USA, pas si loin de l’exploit alors qu’ils n’ont pas livré leur meilleure performance ?

C’était assez curieux comme rencontre : je les imaginais faire un meilleur match que ça. Après, de l’écran, on ne ressent pas la pression physique que peuvent imposer les Américains et c’est peut-être pour cette raison qu’ils ont déjoué. Je m’attendais à mieux de leur part.

Ce sont peut-être les derniers Jeux de Pau Gasol, forcément motivé et de l’autre côté, les Australiens sortent d’une grosse déconvenue face aux Serbes. Penses-tu que les « Boomers » peuvent se ressourcer pour provoquer l’Espagne ?

Après la France, mon autre équipe de coeur est l’Espagne donc je souhaite vraiment que l’Espagne gagne ce match. Elle le mérite, elle a joué ses matchs à fond malgré ce petit bémol face à Team USA. J’adorerais qu’elle termine avec une médaille et pour le basket européen, ce serait une bonne chose.

Malgré ta déception liée à la formule et au manque d’enjeu de la poule A, que penses-tu globalement de ces Jeux Olympiques ?

Il y avait des équipes magnifiques, il y a eu de très bons matchs même si, en effet, je déplore que dans la poule A, on ait pu calculer dès le troisième match. Malgré cela, très franchement, en termes de qualité de jeu, il y a eu des matchs magnifiques. C’était exceptionnel à regarder et quand tu vois la Croatie, très bonne sur ce tournoi, l’Argentine qui fait aussi de très bons Jeux, le Brésil qui vient titiller un peu tout le monde… J’ai trouvé ces oppositions très intéressantes. Mon seul bémol reste donc ces phases de poule à améliorer.

Au regard du résultat des quarts de finale et des équipes présentes dans le dernier carré, peut-on honnêtement émettre des regrets pour notre sélection en dehors de son seul niveau général, sans doute en-deçà de nos espérances ?

L’équipe de France était courte et finalement, dans le dernier carré, tu as trois équipes de sa poule. C’était donc une poule relevée et malheureusement, je pense que l’équipe de France finit là où elle méritait de finir. On ne peut pas être déçu de ce point de vue là, en tout cas.

Elle a certes fini avec l’argent lors du dernier Eurobasket mais elle s’écroule encore en quart de finale cette année. Que manque t-il à cette génération lituanienne pour passer un vrai cap ?

Il lui manque surtout de la constance parce qu’ils gagnent leur trois premiers matchs et ils perdent leurs trois suivants. C’est une équipe qui dispose de beaucoup de talent mais qui doit continuer à travailler, être plus sérieuse et plus appliquée parce qu’elle est capable de complètement dégoupiller. Aux Jeux, c’est normal de perdre contre l’Espagne mais pas de perdre de 50 points. Il est donc légitime de s’interroger sur leur mental : de l’extérieur, il semble qu’ils soient très friables, ces Lituaniens.

Beaucoup de joueurs arrêtent ou vont mettre fin à leur carrière internationale. Comment envisages-tu les évolutions des rapports de force sur les scènes continentale et mondiale ?

L’Espagne a aussi une génération vieillissante. Après, j’ai beaucoup aimé la Croatie. Personnellement, je suis amoureux de Dario Saric avec la Croatie. J’adore ce joueur, il est extraordinaire, il sait tout faire. Franchement, je ne le connaissais pas à ce niveau là, je l’avais bien évidemment déjà vu jouer mais sur ces Jeux, il a été une vraie révélation. Et je te vois venir, en effet, il ne vaut mieux pas comparer Dario Saric et Nicolas Batum. Ce ne serait pas flatteur pour Nico. Si la Lituanie se met la tête à l’endroit, il y a moyen qu’elle progresse. Mais en même temps, sur les nouvelles générations, je vais me répéter, celle qui a le plus de potentiel, c’est la France. N’oublions pas non plus la Serbie, c’est vrai, j’adore cette équipe, surtout son coach (Sasha Djordjevic) parce que j’ai joué contre lui, c’est quelqu’un que je respecte énormément et il a fait progresser cette équipe. C’est et ce sera une équipe très dangereuse.

Puisque tu en parles et même si nous l’avons déjà évoqué brièvement, peux-tu détailler ce que tu penses de l’avenir de notre sélection nationale ?

Je pense que la France restera compétitive. On perd certes trois ou quatre joueurs importants mais vieillissants alors que nous allons récupérer du sang neuf. Je crois beaucoup en Adrien Moerman pour l’équipe de France, en Thomas Heurtel, tu as Nando De Colo qui va prendre encore plus d’ampleur dans cette équipe puisqu’il n’y aura plus le « partage du pouvoir ». Il y a des pivots à intégrer, aussi. Partir avec un seul pivot comme cette année, ce n’est pas possible. Même si je fais une croix sur Joakim Noah, on a des pivots en train d’émerger : Ian Mahinmi, Alexis Ajinça… Je pense qu’on a un vrai potentiel sur ce poste. Si tu sors Rudy Gobert en match, il faut qu’on puisse avoir un vrai pivot pour le remplacer. On ne peut pas continuer de jongler avec des 4/5. Joffrey Lauvergne est un excellent joueur mais son vrai poste est ailier-fort. Si tu alignes un vrai 5 avec Joffrey Lauvergne décalé en 4, avec Adrien Moerman en plus, je trouve que tu commences à avoir une belle équipe.

Je ne pense pas qu’on régresse réellement. Il y a du talent et du potentiel. Après, il y aura sans doute une ou deux années moins bonnes le temps que tout se mette bien en place mais je pense que l’avenir s’annonce radieux. Je pense que la Fédération (la FFBB) représente bien plus un soutien qu’elle ne le faisait à mon époque. Je m’entends très bien avec Jean-Pierre Suitat (président de la FFBB) et (rires) c’est rare que ce soit le cas avec quelqu’un de la Fédé. Je pense qu’il fait beaucoup pour que le basket progresse. Maintenant, j’insiste, il faudra sans doute un temps d’adaptation pour que tout s’installe. Et je ne dis pas qu’on sera les meilleurs, les plus beaux mais potentiellement, on aura encore de gros coups à jouer.

Il semblerait que Vincent Collet soit le candidat privilégié pour sa propre succession. Qu’en penses-tu ?

Le sélectionneur a déjà montré ce qu’il était capable de faire. S’il était reconduit, à lui de s’adapter à ses nouveaux joueurs. On ne peut pas jeter bébé avec l’eau du bain. S’ils continuent tous ensemble, c’est en leur âme et conscience et je pense que Vincent Collet est capable de faire autre chose avec cette sélection. C’est un nouveau cycle avec les joueurs. J’étais plutôt d’avis de tout changer mais si lui s’en sent capable, c’est tout de même le coach qui a eu le plus de résultats avec l’équipe de France, donc on ne peut pas non plus cracher sur tout.

Propos recueillis par Jérémy Le Bescont

(Remerciements à adidas)