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Comme chaque année, notre photographe Thomas Savoja effectue un « road trip » aux Etats-Unis, pour nous emmener dans les coulisses de la NBA et de la NCAA. Après une première étape à Charleston, en Caroline du Sud, direction la Georgie pour découvrir l’envers du décor chez les Hawks.

ATLANTA, Ga – Voilà déjà deux jours que j’ai pris mes quartiers à Downtown Atlanta. Me voici donc en Géorgie ! J’avoue que ça me fait plaisir d’humer l’air du sud même si Atlanta n’est peut être pas la plus authentique des métropoles sudistes.
Capitale de l’état depuis 1868, la ville a été fondée en 1837 puis rasée par un incendie durant la guerre de Sécession. Elle a ensuite été totalement reconstruite et est désormais le cœur commerçant du sud-ouest américain, accueillant notamment le siège de Coca-Cola ou de CNN.
L’agglomération compte un peu plus de 5 millions d’habitants dont une forte proportion d’Afro-Américains (54%) et elle est en plein développement avec une croissance de 25% ces 10 dernières années. Atlanta s’étend sur une haute excroissance de granit et se détache sur un fond verdoyant de collines boisées. Depuis l’autoroute, la vision des gratte-ciels étincelants qui peuplent le centre-ville est des plus évocatrices avec cet arrière plan de verdure !

Ce soir, je couvrirai le déplacement des Boston Celtics à la Philips Arena et je dispose au préalable d’une journée complète pour découvrir la ville. Je débute ma promenade par Midtown où se trouve le campus de l’université de Gerogia Tech avant d’aller à pied jusqu’à l’agréable Piedmont Park, havre de verdure entouré de jolie maisons typiquement sudistes. Puis je fais une pause culturelle au High Museum of Fine Art dont j’apprécie les collections d’art Américain.
Au niveau shopping, rien de vaut un crochet par le quartier « hype » de Buckhead, temple des centres commerciaux et des restaurants à la mode mais à quelques jours du Black Friday, je m’abstiendrais de faire trop de folies !
De retour à Dowtown je fais l’impasse sur le « World of Coca Cola » préférant déambuler dans le parc du centenaire olympique créé à l’occasion des JO de 1996 avant de remonter dans ma chambre située dans le gigantesque complexe du CNN center et jouissant d’une vue imprenable sur le skyline d’Atlanta.

L’heure du match approchant je descends par l’ascenseur panoramique de mon hôtel et accède directement à la Philips Arena depuis les galeries commerçantes du CNN Center. Mais l’entrée média est située dans les entrailles de la salle ce qui m’oblige à passer par d’obscures souterrains pour y parvenir.
Cette soirée s’annonce particulière puisqu’à la mi-temps de la rencontre, un hommage sera rendu au grand Dikembe Mutumbo, ancien pivot de l’équipe de 1996 à 2000 dont le maillot sera retiré pour fêter son intronisation au Hall of Fame du Basket. C’est le 4éme joueur des Hawks à recevoir cet honneur après Bob Pettit, Lou Hudson et Dominique Wilkins dont la statue en bronze trône à l’entré de l’Arena. Il y a donc de l’électricité dans l’air !

Après une rapide collation en salle de presse, je file sur le parquet pour prendre la température de la salle. J’y croise du beau linge en la personne de Kevin Willis l’ancien pivot de l’équipe dans une tenue entièrement cuir quelque peu suspecte. Jae Crowder sous les ordres de son préparateur physique sue déjà à grosses gouttes alors que nous sommes plus d’une heure avant le tip off !
Côté Hawks, le shooter Kyle Korver est attendu de pied ferme par une brochette d’admiratrices qui lui arrachent une séance d’autographes auquel il consent avec détachement. Une chorale de teenagers interprète ensuite « God bless America » devant une foule encore éparse.

J’ai repéré la place qui m’est assignée en tant que photographe derrière la ligne de fond. Elle est directement attenante au banc des Hawks. Je ne pourrais pas être plus près de l’action ! Le match est retransmis sur TNT et qui vois-je arriver dans un costume gris impeccable s’installer à la table de commentaire : Reggie Miller l’ex shooter fou des Pacers. Le gars n’a pas pris une ride ! Ses deux acolytes ont des costumes rouges vifs très « corporate » !
Dikembe Mutumbo a fait son apparition sur le bord du terrain. Il est comme chez lui ici à Atlanta serrant des mains et distribuant des accolades à tout va ! L’ambiance monte petit à petit dans la salle. Quelques fans triés sur le volet ont le privilège de pouvoir faire une haie d’honneurs aux joueurs d’Atlanta qui s’apprêtent à rentrer sur le parquet. Puis c’est le tour des hymnes et de la présentation des équipes dans un show laser des plus spectaculaires.

C’est parti pour le match ! Les Hawks ne sont pas sportivement dans une très bonne spirale puisqu’ils viennent de perdre 4 de leurs 5 derniers matchs et ils ont besoin de se refaire une santé. La dernière défaite face aux Cavs a été particulièrement douloureuse avec l’éjection de leur coach Mike Budenholzer. Mais ce soir le duo Jeff Teague – Paul Millsap va faire le métier en faisant preuve d’une belle intensité tout au long du match.

Le jeune allemand Dennis Schroeder est intenable sur le banc. Dès qu’il y a un panier pour les Hawks il jaillit pour exprimer sa joie et manque de me piétiner ! Kent Bazmore qui est en tenue de ville à ses côtés n’est pas en reste et il balance des vannes en permanence !
Le jeu des Hawks parait beaucoup plus fluide que celui des Celtics qui émergent essentiellement grâce à la combativité de Isiah Thomas et Avery Bradley. C’est désormais la mi-temps et la cérémonie en l’honneur de Dikembe Mutumbo peut débuter. Les personnalités se succèdent sur le parquet pour vanter ses mérites à commencer par le commissionnaire NBA Adam Silver, puis le maire d’Atlanta Kasim Reed qui le fait à l’occasion citoyen d’honneur de la ville et enfin son ancien coéquipier et ami Steve Smith. Puis c’est au tour de Mutumbo de s’exprimer humblement de sa voix rocailleuse inimitable avant que ne soit dévoilé au plafond de la salle le fameux maillot floqué du numéro 55.

La partie a repris. Kelly Olynyk ressemble plus à un bucheron qu’à un joueur de Basket ! Le Suisse Thabo Sefolosha est venu s’assoir par terre à côté de moi. Il me dit avoir mal au dos et à la cheville mais qu’il ne compte pas sur moi pour un massage ! Du coup il bavarde avec les fans et leur distribue des serviettes NBA.
Je découvre que Mike Muscala, le pivot des Hawks a un tatouage Mario Bros sur l’épaule gauche ! Et que dire des multiples petits bonhommes jaunes tatoués sur les bras de Mike Scott ?
Dans le dernier quart-temps, les Hawks réussissent à faire la différence grâce à un 18-3 décisif. Les voici largement devant (100-80) avec six minutes à jouer après un shoot primé de Jeff Teague.

« On a fait des séances d’entrainement très intenses toute la semaine. Lors des sessions vidéo, on a insisté sur le besoin de jouer plus dur. C’est ce que l’on a fait ce soir. On a été plus compétitif. Il faut que les adversaires aient peur de nous. Il faut surtout que l’on soit plus agressif en défense » rapportera Jeff Teague après la rencontre.

C’est le « garbage time » et il aura finalement fallu 16 matchs pour que Tim Hardaway Jr fasse enfin ses débuts avec les Hawks ce soir, marquant au passage ses premiers points. Echangé aux Knicks contre un premier tour de Draft, il avait jusqu’ici eu du mal à convaincre son coach à l’entrainement.
Le rookie des Celtics R.J. Hunter qui a brillé à un kilomètre d’ici à l’Université de Georgia State inscrira 12 points soit son record en carrière pour ces débuts pros à Atlanta !

Au final, Paul Millsap inscrira 25 points et Teague en ajoutera 16 et les Hawks laminent les Celtics 121-97 en étant devant quasiment tout le match ! Côté Celtics, Avery Bradley a réussi un bon match en marquant 15 de ses 25 points en première mi-temps. Le petit meneur Isaiah Thomas a marqué 14 points de son côté alors que les Celtics réputés pour leur défense solide ont pris l’eau sur le match. Atlanta a réussi 56.3 % de ses shoots ce qui est un record pour eux cette saison et pour un adversaire des Celtics.

Le coach des Celtics Brad Stevens n’est pas vraiment surpris de la performance médiocre de ses joueurs.

« Je l’ai vu venir » dira-t-il en conférence d’après match. « On n’a pas très bien joué ces derniers jours. On a besoin de se reconnecter et de jouer plus collectif. On a fait beaucoup trop de choses de façon individuelle. Quand votre défense est une passoire c’est que vous n’êtes pas une vrai équipe ».

C’est tout de même un sacré spectacle que ces matchs NBA et je mesure ce soir le privilège que j’ai de pouvoir les suivre ainsi de l’intérieur. Prochaine étape, Orlando, à nouveau pour de la NBA.

A voir : l’ensemble des photos Hawks – Celtics