Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques 2000 à Sydney, de bronze aux Championnats d’Europe en 2005, Fred Weis fut un cadre de l’équipe de France de basket durant huit ans, entre 1999 et 2007. L’ancien joueur du Limoges CSP et de Malaga cumule 100 sélections à son compteur. Aujourd’hui retraité, il reste un observateur très avisé du basket français et européen. Il est notre consultant tout au long de cet Eurobasket 2015.
On annonçait un match plus compliqué que face à la Bosnie. En l’occurrence, cela s’est encore joué de peu : un tir à trois-points manqué de Marcin Gortat.
Non, c’est certain. Après, l’équipe de Pologne était très agréable à regarder, ils jouent bien au basket, c’était une équipe riche avec de bons intérieurs. À l’extérieur, Adam Waczynski a fait fort aussi. Forcément, c’était plus dur que la Bosnie mais le principal reste d’avoir gagné.
Vincent Collet avait déclaré que l’attaque ne donnerait pas le titre à la France. Ce soir, défensivement, elle a au moins répondu présent.
Oui car finalement, la Pologne dispose d’un vrai arsenal offensif et les Français ont su les limiter, alors qu’en attaque, elle était bien moins dedans que face à la Bosnie.
« Il y a deux joueurs importants : Nando De Colo et Mike Gelabale »
Contrairement au match face à la Bosnie, ce sont les cadres qui ont cette fois tenu la boutique : Tony Parker, Boris Diaw, Nando De Colo, Mike Gelabale, voire même Rudy Gobert.
Tu as raison de citer ceux-ci mais honnêtement, pour moi, il y a eu deux joueurs vraiment importants : Nando De Colo et Mike Gelabale. Nando De Colo est vraiment un métronome, il est présent quand il faut, il met les tirs importants et puis, il y a Mike Gelabale qui est sorti de sa boite. Il a aussi mis les tirs nécessaires, il a exécuté le match parfait, il a vraiment pesé sur le match des deux côtés. Poste bas, il a vraiment été excellent. Il a fait un match comme je ne l’avais pas vu faire depuis longtemps, en postant, en jouant l’avantage de taille sur ses adversaires.
En revanche, en termes de production chiffrée, la Pologne a pris plus de rebonds, fait plus de passes, elle a tiré au même pourcentage. La France n’aurait-elle pas dû être d’un niveau supérieur à son adversaire ?
La Pologne n’était vraiment pas si facile à manoeuvrer que ça, avec de bons passages offensifs. Nos pivots ont eu de bonnes séquences, je pense notamment à Rudy Gobert. On a un gros potentiel intérieur, il va falloir le travailler. Maintenant, on a un jour de repos, cela va permettre de se reposer mais on arrive avec trois victoires et c’est très intéressant.
« C’est compliqué de garder de l’énergie au bout de trois matchs »
Même si les joueurs ont pu se reposer face à la Bosnie, est-ce que les trois matchs en trois jours ont pesé sur eux ?
Oui, je pense qu’ils avaient un peu les jambes lourdes mais franchement, je crois que tout le monde se donne à fond dans cette équipe, personne n’en garde sous la pédale. Dans ces conditions, c’est compliqué de garder de l’énergie au bout de trois matchs. Je crois que tout le monde était content d’avoir ce jour de repos. Cela va faire du bien physiquement mais aussi mentalement. Je le rappelle : il y a beaucoup de pression, cela crée beaucoup de fatigue.
Si, comme tu le dis, tout le monde se donne à fond, la marge de la France sur ses adversaires n’est-elle pas plus réduite que ce que nous pouvions imaginer ?
Elle gagne une fois après prolongation, une autre fois de trois points. Mis à part le match contre la Bosnie, ça se joue de très peu. Pourtant, l’équipe se donne à fond mais les résultats ne sont pas forcément ceux que l’on espérait voir. Maintenant, je pense que lorsque cela va monter en pression, il y aura du mieux.
« J’espère que ce sera une formalité face à la Russie »
Demain, la France affrontera la Russie, laquelle a perdu face à la Finlande. Ce match te préoccupe t-il ?
Très franchement, la Russie n’est pas au même niveau. J’espère que ce match sera une formalité afin que les titulaires puissent se reposer et aborder la rencontre face à Israël, un match que je pense être plus compliqué. C’est l’objectif pour bien finir le premier tour, se reposer et préparer la suite.
Le huitième de finale sera face à un adversaire du groupe B. Est-ce qu’il peut être question de calculer afin d’éviter l’adversaire le plus dangereux ?
Sincèrement, il ne doit pas être question de calcul. Les joueurs sont censés être compétitifs, préparés pour n’importe quel adversaire. Si l’on veut être champion d’Europe, il faut être prêt à affronter n’importe qui.
Propos recueillis par Jérémy Le Bescont