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Les blogs de la rédaction

Jasikevicius, le prochain Sarunas du Hall of Fame

Par  — 

lacb_57_02_013_blb_bar_jasikevicius_mSarunas, c’est celui qui va vite. Le charmant prénom qui fleure bon les embruns de la Mer Baltique provient du vieux Lituanien ‘sarus’ qui signifie rapide… Mais en l’occurrence, le vieux Lituanien ne va plus aussi vite qu’avant. Ne saute plus aussi haut. Ne tient plus le coup.

À 38 ans, Sarunas Jasikevicius a décidé de tirer sa révérence après 16 années passées sur les parquets du monde entier. Il sera désormais assistant/coach dans sa ville natale de Kaunas, au Zalgiris, où il vient de terminer la saison avec un ultime trophée.

L’histoire retiendra qu’à l’été 2014, un Sarunas (Marciulionis) a fait son entrée dans le Saint des Saints, le Hall of Fame de Springfield, alors qu’un autre Sarunas (Jasikevicius) décidait de tirer le rideau sur son immense carrière. Ô Lituanie, terre de basket s’il en est…

Un grand malade… de la veine des Bird, Jordan, Kobe

Que ce soit sous la tunique verte de son pays, celles jaunes des Warriors et des Pacers lors de son court passage NBA, ou des nombreuses qu’il a portées pendant sa glorieuse carrière en Europe, Sarunas Jasikevicius a incarné une férocité et une compétitivité rares. De la veine des Larry Bird, Michael Jordan et Kobe Bryant. Un malade !

Aucune démonstration ne fut plus belle que sa performance olympique à Athènes, en 2004 : 28 points contre les Etats-Unis d’un Tim Duncan battu et passablement irrité (son fameux « FIBA sucks » prononcé par la suite résonne encore à mes oreilles de jouvenceau). Enfilant trois paniers primés consécutivement, Sarunas Jasikevicius a tué les Américains à lui seul.

Comme une séance d’exorcisme grandeur nature. Un acte des plus prémédités – surtout depuis son tir pour la gagne raté à Sydney en 2000, contre ces mêmes yankees. Et le gazier n’est pas du genre à se dégonfler. Ecoutez-le au sortir de son triomphe face à Team USA.

« J’étais free agent en Europe et je n’ai jamais reçu d’offres NBA. Pas la moindre. On a dit que certaines équipes étaient intéressées mais il n’y a jamais eu la moindre offre, même au minimum. Donc, j’en conclus que je ne suis pas un joueur pour la NBA, parce que ces gars-là savent ce qu’ils font. Si 30 équipes pensent que tu n’es pas bon, tu n’es pas bon. »

Le sourire en coin, l’oeil brillant, la dégaine assurée. Zlatan avant l’heure, Saras se fout du qu’en-dira-t-on. Quand il rabroue un Lamar Odom un peu trop vocal quand il va shooter ses lancers-francs, le génie lituanien sort d’un doublé en Euroligue, avec le Barça pour le premier et avec le Maccabi pour le deuxième. C’est comme si LeBron James avait remporté le titre l’an passé à Miami et qu’il allait à nouveau décrocher la timbale l’an prochain avec les Cavaliers.

Unique joueur à avoir remporté le Graal continental avec trois clubs différents, Saras a également réussi à faire la passe de trois. Trois couronnes continentales de suite, un véritable règne en plein coeur des années 2000.

Viscéralement lituanien

Rendez-vous compte : sur la seule année 2003, il a fait le plein. Il a remporté le championnat d’Espagne et la Coupe du Roi au niveau national, l’Euroligue au niveau continental et l’Eurobasket au niveau international. Le tout en étant nommé MVP en Espagne et au championnat d’Europe suédois. Elu sportif de l’année en Lituanie, il sera également désigné joueur européen de l’année. Une véritable razzia !

Alors, un Lamar Odom bougon ? Saras a vite fait de le remettre à sa place.

Jasikevicius1

Porte-drapeau aux JO de Pékin en 2008

C’est bien simple : partout où il est passé, il a gagné ! Sarunas Jasikevicius est un gagneur. Il a ça dans le sang. Quatre titres continentaux, neuf championnats nationaux et dix coupes dans cinq pays différents : l’addition est salée. Sacré champion en Espagne, en Grèce, en Turquie ou, chez lui, en Lituanie pour son ultime saison, Saras a une armoire à trophées bien remplie (et c’est sans parler des reconnaissances individuelles). Mais s’il ne devait en garder qu’un seul, sa réponse fuse.

« Le titre de champion d’Europe en 2003. Parce qu’il a marqué à jamais l’histoire du basket lituanien et fait date pour les générations futures. »

Après Marciulionis qui a également fait part de son attachement viscéral à sa patrie pendant son discours d’intronisation, Jasikevicius a incarné la Lituanie pendant plus d’une décennie sur la scène internationale, étant même désigné porte-drapeau de sa délégation pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Il est aussi devenu le seul lituanien de l’histoire à représenter son pays durant quatre Olympiades consécutives. Un nouvel exploit méconnu de la carrière de Jasikevicius.

Un Roi d’Europe sans succès en NBA

En ayant ainsi tout remporté sur le Vieux Continent, Saras devrait effectivement suivre la voie tracée par son aîné vers Springfield… et ce, malgré son « échec » en NBA. Probablement, la seule faute de frappe dans l’impeccable CV du meneur balte.

« Je n’ai jamais pu jouer mon style de basket en NBA. Il y avait d’autres équipes intéressées, et pas uniquement les Cavaliers. J’aurais pu aller au Jazz ou chez les Blazers et les choses auraient pu être bien différentes. En plus, j’ai commis une erreur l’été qui a précédé ma première année en NBA. Après deux saisons au Maccabi, j’avais besoin de faire une coupure et donc, je me suis reposé pendant un bon moment. Trop longtemps, j’ajouterai. Au lieu de ça, j’aurais dû commencer ma préparation un mois avant la reprise. Mais bon, on ne peut pas toujours prendre les bonnes décisions. J’ai quelques regrets mais je ne peux pas me plaindre. J’ai réussi une belle carrière et j’ai gagné beaucoup de titres. »

Comme Antoine Rigaudeau, Sarunas Jasikevicius n’a jamais pu exprimer son talent pleinement dans la ligue américaine. Arrivé sur le tard, il était (comme Rigaudeau) un Roi d’Europe humilié de ne pas obtenir un traitement décent de la part des franchises NBA. Déjà à sa sortie de Maryland, Saras n’avait pas reçu le moindre intérêt de la part des franchises NBA et à sa venue en 2005, Jasikevicius ne joue que les doublures de Jamaal Tinsley, voire d’Anthony Johnson. Une drôle de transition pour celui que l’Europe vénérait !

Incapable de s’adapter à la vitesse et à la dimension physique du jeu américain, il est revenu en Europe pour un nouveau Triplé, cette fois en Grèce (après l’Espagne et l’Israël). Au sein du grand Pana, il remporte ce qui sera son dernier titre d’Euroligue, avec au passage, 14 points et 4 passes sur les deux matchs décisifs du Final Four (dont un 7/11 saignant à trois points). Jacky le Vicieux a encore frappé !

De Kaunas à Kaunas

Ayant eu le luxe de pouvoir repasser par la case catalane du Barça, pour se rappeler au bon souvenir des socios, Sarunas a finalement bouclé la boucle en beauté en revenant au pays, et mieux encore, dans sa ville de Kaunas pour terminer sa carrière… en beauté, évidemment, avec un ultime titre de champion, son 9e en 16 saisons. Un ratio plutôt coquet !

Champion parmi les champions, aussi détestable qu’admirable selon si on a le malheur de croiser sa route dans un tournoi à élimination directe, Sarunas Jasikevicius est probablement le plus digne héritier de la grande lignée des légendes lituaniennes. Après Arvydas Sabonis. Après Sarunas Marciulionis. Il y aura Sarunas Jasikevicius…

« J’appréhendais un peu d’arrêter ma carrière. Comme je l’ai toujours dit, j’avais le meilleur boulot du monde. On aime tous plus ou moins le basket, et là on était payé pour y jouer. Faire partie d’un groupe de douze joueurs marrants, c’est génial. Ce n’était certes pas la bataille de Tannenberg mais pour chaque combat, j’ai toujours été bien entouré. Que vouloir de plus. C’était super. »

Comme dirait l’autre…

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