Les blogs de la rédaction

Avec 12/13 aux tirs lors de son dernier match face aux Grizzlies, Kawhi Leonard a égalé son record de points en carrière avec 26 unités. Au-delà du chiffre qui peut étonner quand on connaît le talent du joueur, c’est l’impression de maîtrise ahurissante qui m’est restée après ce récital. La perfection… ou presque !

Sans jamais rien forcer, en contrôle permanent, l’artiste Leonard a inlassablement reproduit le geste parfait du shooteur dans la périphérie. De préférence à droite de la tête de raquette, l’ailier des Spurs a dézingué sans coup férir les pauvres Grizzlies.

A l’instar de l’homme de Vitruve d’un autre Leonard, Kawhi est la preuve vivante que science et art peuvent faire bon ménage. Aussi beau à voir jouer que diablement efficace, je pense sincèrement que Kawhi Leonard est le prototype idéal du basketteur moderne.

Un défenseur hors pair

Prenons d’abord notre homme à sa base. Sélectionné au 15e rang de la draft 2011 par les Pacers avant que les Spurs ne mettent rapidement le grappin dessus en échange de George Hill, Kawhi Leonard était alors essentiellement reconnu pour ses prouesses défensives. A la manière d’un Scottie Pippen à sa sortie de Central Arkansas…

Fort d’une envergure hallucinante de 2m21 (pour une taille de 2m00), Leonard est un défenseur féroce. Capable de tenir sur les pénétrations comme de contester les déplacements, il est probablement, à l’heure actuelle, le pire ennemi des Kevin Durant ou autre LeBron James. Tenant par exemple King James à 7/21 lors du match 3 des dernières finales, Leonard est capable d’éteindre les meilleurs artificiers de la ligue.

Les chiffres en attestent également avec un différentiel de 5 points (sur 100 possessions) quand Kawhi est sur le terrain pour défendre le plomb (102 points encaissés sans lui, 97 avec). En l’occurrence, face aux Grizzlies, le numéro 2 de San Antonio a effectivement joué les libéros pour venir aider sur Zach Randolph et Marc Gasol. En défense flottante dès que la balle allait à l’intérieur, Leonard a parfaitement su utiliser ses longs segments pour ralentir l’attaque (déjà lentos) de Memphis… ou carrément causer des pertes de balle.

Un chantier en bonne voie en attaque

Privé de terrain pendant un mois à cause d’une blessure au doigt, Kawhi Leonard est revenu à la charge à la fin février. Plus efficace que jamais ainsi qu’on vous en avait parlé, shotchart à l’appui, le californien de naissance poursuit son apprentissage du très haut niveau. Il continue de répéter inlassablement ses gammes à l’entraînement et depuis son retour, ça paye avec 15 points, 6 rebonds et 2 passes de moyenne… mais surtout des taux de réussite partout à la hausse !

Avec 55% de réussite à deux points, 48% à trois points et 88% aux lancers, Leonard a remis les choses au clair au niveau de son tir. Entre l’avant et l’après All Star Break, ça donne donc respectivement : +4% à deux points, +13% à trois points, et +14% aux lancers. Remis en place, son doigt lui a semble-t-il permis de peaufiner sa gestuelle de shooteur. Un mal pour un bien donc !

Mais si ses performance offensives sont en nette hausse, cela n’a pas empêché les analystes d’ESPN de placer Leonard au 14e rang des 25 meilleurs joueurs de moins de 25 ans. Pour Amin Elhassan par exemple, l’ailier des Spurs n’a pas la carrure d’un franchise player. Au mieux, il est un très bon attaquant de complément…

Une progression constante

Ce ne sont là que billevesées et piètres interprétations à mon sens ! A 22 ans seulement, il semble effectivement bien difficile de « pousser Kawhi sous le bus » en lui offrant la franchise des Spurs sur un plateau d’argent. Extrêmement mature après avoir perdu son père à 17 ans notamment, Leonard est couvé dans le cocon texan. La réalité est que San Antonio fera la transition entre son Big Three et Leonard de manière graduelle, sans rien précipiter.

Et, au contraire, la progression de Leonard est constante. De 8 à 12 points entre ses campagnes rookie et sophomore, sa moyenne de points en est cette année à 13 unités… et donc à 15 si l’on s’intéresse à la période depuis le dernier All Star Break, ce qui semble être le niveau réel du joueur en pleine possession de ses moyens dans la dernière ligne droite de la saison. Fidèle à son école, Kawhi sait que c’est par une attention aux détails qu’il atteindra le nirvana.

« Pendant ma blessure, j’ai regardé comment jouait notre équipe pour voir à quels niveaux je pourrais aider » confie-t-il dans USA Today. « Que ce soit dans les victoires ou les défaites, je me suis intéressé à voir ce que je pourrais faire pour aider nos trois leaders. Maintenant, j’essaye d’être plus actif sur le terrain et notamment en attaque, et puis j’essaye d’apporter toujours autant d’énergie en défense pour que l’on débute les matchs en force. Je modifie de petites choses, rien de vraiment majeur… Des petits détails. »

Encore brut de décoffrage pour ses deux premières saisons, Kawhi Leonard a franchi un cap cette saison… ne serait-ce que dans sa lecture du jeu du fait de son repos forcé après sa blessure ! Plus efficace aux tirs et laissant de plus en plus le jeu venir à lui, Leonard a tout pour pousser les Spurs vers une cinquième couronne. Tony Parker, Manu Ginobili et Tim Duncan (et notre Boris national) espèrent bien que cela sera plus tôt que plus tard…