Alors que le « Big Three » est devenu la norme pour tenter de gagner un titre (Miami, San Antonio, Boston, LA Lakers…), j’ai remarqué que Houston préférait depuis plusieurs décennies miser sur un « Big Two », appelé plus généralement les « One-Two Punch ». Dans les années 80, il s’agissait de la paire Sampson-Olajuwon, puis dans les années 90, du célèbre duo Olajuwon-Drexler. Au milieu des années 2000, et après l’échec d’un « Big Three » composé d’Olajuwon-Barkley-Pippen, les dirigeants remontent un « Big Two » avec Yao Ming et Tracy McGrady. Malheureusement, les deux All-Stars, trop fragiles, passeront plus de temps à l’infirmerie que sur les parquets.
Finalement, il faudra attendre l’été 2013 pour que Houston remonte un « Big Two » digne de ce nom, et il se compose de James Harden et Dwight Howard. Que penser de cette association ?
D’abord, je remarque que Houston apprécie les duos composés d’un extérieur et d’un pivot. C’était le cas de Drexler-Olajuwon, mais aussi de Ming-McGrady, et donc de Harden-Howard. C’est aussi la spécialité des Lakers avec Bryant-Shaq, puis Bryant-Gasol, mais aussi Magic-Jabbar, puis Magic-Divac. Ce choix permet ainsi d’équilibrer l’attaque avec un extérieur et un intérieur forts, comme San Antonio. Je trouve ça plus malin que d’avoir deux intérieurs forts (Gasol – Randolph ; Love – Pekovic ; Boozer – Noah ; Drummond – Monroe) ou deux extérieurs forts (Durant – Westbrook). Plus malin car le danger est plus varié, et permet de faire bouger la défense, et même de s’adapter selon les défenses et les adversaires. Il y a des soirs où Houston insistera sur Howard pour faire la différence. D’autres où tous les ballons passeront pas Harden.
Houston préfère les « Big Two »
En fait, à y regarder de plus près, je trouve que le duo Harden-Howard est une version moderne et très ressemblante du tandem Drexler-Olajuwon. Bien sûr, les deux tandems sont pour l’instant incomparables puisqu’on a d’un côté deux Hall Of Famers, champions NBA, et de l’autre deux joueurs qui ont comme unique palmarès collectif, une finale NBA jouée.
Mais je note tout de même que comme Drexler, Harden est un arrière complet, moins grand, mais plus adroit de loin. Harden est plus créatif, capable de mener le jeu, alors que Drexler penchait davantage sur les ailes. Quant à Howard, même s’il n’a pas le niveau d’un Olajuwon (surtout en attaque), c’est aussi un pivot défensif, plus athlétique qu’Olajuwon mais en revanche moins bon sur l’homme. « The Dream » était capable d’éteindre un adversaire en homme à homme par sa défense en « overplay » ou par sa mobilité et ses appuis. Howard est d’abord un intimidateur par sa détente, efficace en deuxième lame, et davantage concentré sur le rebond défensif.
Un dernier mot sur l’âge des deux duos. En 1995, « The Dream » et « The Glyde » avaient déjà 32 ans. Howard et Harden ont respectivement 28 et 24 ans, et ils sont sous contrat au moins jusqu’en 2017. Autant dire que les deux All-Stars ont largement le temps d’imiter leurs prédécesseurs en allant chercher un titre ensemble.
Comme en 1994 et 1995, Houston mise sur deux meneurs qui ne sont pas des stars
Au-delà de la comparaison, le plus important, c’est que ces deux-là, en quelques mois, sont parvenus à replacer les Rockets sur la carte de la NBA, au point d’en faire des outsiders pour le titre. Je crois qu’aujourd’hui, aucune équipe de l’Ouest ne souhaite tomber sur Houston au premier tour, tant cette équipe combine vitesse, adresse et puissance. Meilleure équipe de la NBA depuis le début de l’année 2014, Houston vient de taper Miami et Indiana, et ce qui est intéressant, c’est que l’équipe a gagné en lucidité et maturité. L’attaque flamboyante est toujours là, mais je trouve que les Rockets gèrent mieux les temps faibles. Je trouve aussi que Kevin McHale manage parfaitement son effectif où chacun sait ce qu’il a à faire. Ça me rappelle d’ailleurs les Rockets de Rudy T. où la hiérarchie était très claire, et acceptée de tous. Je remarque aussi que Houston n’a pas de vedette au poste de meneur, mais deux bons meneurs complémentaires, comme c’était le cas avec Kenny Smith et Sam Cassell lors des deux titres.
Le manque d’expérience peut peser en playoffs
La différence, et ça peut peser en playoffs, c’est que ces Rockets sont très inexpérimentés. Il manque un vieux grognard. L’équivalent d’un Chauncey Billups ou d’un Ray Allen, voire d’un Dikembe Mutombo ou un Shane Battier comme en 2008. Sur toutes les lignes, c’est jeune et/ou inexpérimenté, et je crains que San Antonio ou OKC, voire Golden State et LA Clippers, en profitent en playoffs. Pour moi, Houston n’est pas encore capable de gagner un match défensivement. C’était la force des Rockets des années 90, cette capacité d’adaptation qui leur permettait de jouer les yeux dans les yeux avec les Suns, mais aussi de mettre les barbelés face aux Knicks. Lorsque les Rockets 2014 en seront capables, on aura alors un favori pour le titre. D’ailleurs, je les aurais bien vus faire appel à Metta World Peace comme joker pour les playoffs. Mais ça n’en prend pas le chemin…
Stats Olajuwon – Drexler en 1995
Olajuwon : 27.8 pts, 10.8 rbds, 3.5 pds, 3.4 cts/m
Drexler : 21.4 pts, 7.0 rbds, 4.4 pds/m.
Stats Howard – Harden en 2014
Howard : 18.9 pts, 12.4 rbds, 1.8 pd, 1.8 ct/m.
Harden : 24.6 pts, 4.6 rbds, 5.7 pds/m.