Depuis deux décennies, plus de la moitié des équipes de la NBA a changé de propriétaire – en attendant les Celtics, qui vont le faire très prochainement – mais il y a encore quelques dinosaures. On peut penser à Jerry Reinsdorf, propriétaire des Bulls depuis 1988, ou à la famille Allen à Portland (1985), qui elle aussi va passer la main. Néanmoins, le doyen en NBA, c’est Herb Simon, 90 ans et qui gère les Pacers depuis 1983.
C’est simple : aucun joueur actuel n’était né quand Herb Simon a racheté la franchise d’Indiana puisque le plus vieux joueur de la ligue, c’est LeBron James, qui a vu le jour le 30 décembre 1984…
Comment ce gamin du Bronx a-t-il racheté les Pacers au premier tiers des années 1980 ? Pour commencer, il faut se souvenir qu’en 1977, la franchise avait été sauvée par un événement inédit, une idée un peu folle et totalement expérimentale : un téléthon ! Ce fut rocambolesque, mais les Pacers sont ainsi restés dans l’Indiana.
Le seul à faire une offre en 1983
Sauf que, sportivement, la franchise ne décolle pas. Alors qu’elle enchaînait les titres en ABA, elle n’est qu’une franchise du ventre mou depuis son intégration en NBA et enchaîne les saisons avec une trentaine de victoires au compteur. Après la saison 1982/83, terminée avec 20 succès et seulement 4 814 spectateurs de moyenne dans la Market Square Arena (qui peut en contenir 16 000), les propriétaires perdent patience et décident de vendre.
Le 5 avril 1983, la franchise est mise en vente et, pour montrer leur détermination, Sam Nassi et Frank Mariani annoncent que si elle ne trouve pas preneur, la franchise sera simplement redonnée à la NBA !
Herb Simon, qui a fait fortune dans l’exploitation de centres commerciaux, et son frère Mel sont intéressés. Ils vont à New York mi-avril pour rencontrer le patron de la NBA, Larry O’Brien. La concurrence n’est pas féroce : personne ne veut investir dans les Pacers. Sauf que lui et son frère ne veulent pas devenir les seuls propriétaires de la franchise, ayant une préférence pour faire partie d’un groupe d’investisseurs. Qui ne viendra jamais. Résultat : les frères Simon mettent autour de 11 millions de dollars pour prendre les commandes des Pacers et effacer les dettes.
L’homme change un peu de vie avec ce choix et se retrouve à détenir une franchise NBA. « Ils étaient en train de construire leur entreprise, et tout le monde a dû s’adapter à ce genre de rôle pour la famille et au fait d’être associé à une franchise historique de la NBA. C’était un parcours du combattant pour lui », expliquait son fils, Steve Simon, dans un article consacré à son père en février 2024.
« J’en sais assez sur le basket pour savoir que je n’en sais pas assez »
« Il était un peu mal à l’aise avec l’idée de cet article », précisait d’ailleurs le fils de Herb Simon, qui avait mis, après son rachat, une décennie à parler à la presse locale. « Je préfère qu’il en soit ainsi », avait répondu le propriétaire des Pacers quand le journaliste de l’Indy Star, Bill Benner, lui avait glissé que cela faisait dix ans qu’il attendait de pouvoir lui consacrer un article.
S’il est modeste dans la presse, il l’est également dans les bureaux de sa franchise. « J’en sais assez sur le basket pour savoir que je n’en sais pas assez », avait-il annoncé dès 1983. « Il dit au GM Kevin Pritchard qu’il travaille pour lui », insiste Steve Simon. « Il est conscient que si on est GM d’une équipe, alors on connaît bien la NBA », ajoute Donnie Walsh, ancien GM des Pacers. « Il va vous dire : ‘c’est pour ça que vous êtes là’. »
En 2024, Herb Simon avait réalisé un rêve en ramenant le All-Star Game à Indianopolis, pour la première fois depuis 1985. Son dernier rêve, remporter le titre. Peut-être est-ce pour dans les prochains jours, face au Thunder ?
« Il dira que ce n’est pas pour lui, c’est pour ceux avec lesquels on est en relation. Et les fans évidemment », commentait son fils en février 2024 sur une possible bague de champion. « On veut épater nos fans, on veut qu’ils fêtent ça et soient heureux. Je ne peux pas imaginer quelque chose de plus excitant pour lui. »