Michael Malone, Nikola Jokic et Jamal Murray. Le « Big Three » des Nuggets a mené Denver à son premier titre après une saison et des playoffs dominateurs.
Avant de s’offrir le scalp du Heat lors des Finals, les néo-champions ont rapidement pris le large dans leur conférence, s’extirpant d’une jungle d’adversaires englués dans une parité historique. Malgré des playoffs remplis de surprise à l’Est comme à l’Ouest, c’est finalement la meilleure équipe de l’Ouest qui a triomphé. Comme souvent, le champion se trouvait d’ailleurs dans le Top 3 de sa conférence…
Chacun à leur façon, Mike Malone, Nikola Jokic et Jamal Murray ont en tout cas été déterminants dans cette quête du titre et leur célébration, après leur victoire étriquée du Game 5 contre Miami, en disait long sur le chemin parcouru par ces Nuggets pour atteindre les sommets de la NBA…
Les larmes de Jamal Murray, symboliques pour les Nuggets
Le 12 avril 2021 à San Francisco, dans un Chase Center vide de spectateurs, Jamal Murray s’écroule en allant au « layup » dans la dernière minute d’un match de saison régulière face aux Warriors.
Il se rompt les ligaments croisés et versera beaucoup de larmes les jours suivants, alors qu’il restera éloigné des parquets pendant… 539 jours, ratant toute la saison 2021/22.
Plus de deux ans plus tard, ce sont des larmes de joie qui étaient visibles sur les joues du Canadien dans la foulée de son premier titre NBA, terminant ces Finals 2023 avec 21.4 points, 10.0 passes décisives et 6.2 rebonds de moyenne (à des pourcentages de réussite de 45/39/93).
« C’est dur de mettre de mots sur ce que j’ai ressenti sur le podium, c’est dur maintenant, j’ai du mal à tout garder à l’intérieur », répétait-il en conférence de presse. « Tout est venu d’un coup, de mon parcours, de la célébration avec les gars, de profiter du moment, de ma blessure, de ma rééducation, de mes doutes… C’est ce pour quoi j’ai travaillé toute ma vie ! »
Cette équipe de Denver a ainsi dû essuyer coup dur après coup dur. Outre le genou de Jamal Murray, Michael Porter Jr. a lui été opéré du dos à deux reprises depuis son arrivée dans la ligue, le privant de son année rookie et de quasiment toute la saison dernière. Et, tel Murray, « MPJ » a été déterminant cette saison, pendant les playoffs et lors du Game 5, finissant avec 13 rebonds au compteur.
Malgré de nombreux obstacles et échecs, les dirigeants des Nuggets ont préféré jouer la continuité, alors qu’ils auraient pu virer Michael Malone ou transférer Jamal Murray. Leur titre confirme que cette stratégie pèse lourd quand il s’agit de gagner un titre. Avant eux, les Warriors ou les Bucks ont aussi construit leur équipe via la Draft.
Tandis que les transferts de stars et les changements d’entraîneur sont fréquents en NBA, la franchise du Colorado a donc opté pour une stabilité gagnante.
« L’expérience qu’on a eu est centrale dans notre évolution, mais vous devez réussir à apprendre de ces expériences. L’expérience seule n’apporte rien, contrairement à ce que vous en faites », résumait Nikola Jokic, concernant les blessures auxquelles son équipe a été confrontée ces dernières années.
La joie de Michael Malone
L’image de Michael Malone, porté en triomphe par les frères Jokic avec un sourire indélébile gravé sur son visage, restera sans nul doute comme l’un des symboles de la victoire de Denver. Derrière ce sourire se cache en fait une vision que l’entraineur et ses dirigeants avaient depuis l’arrivée d’Aaron Gordon en mars 2021. Mais ce pari, finalement gagnant, a mis du temps à le devenir.
« Coach Mike » a débarqué chez les Nuggets en juin 2015, après avoir été limogé quelques mois auparavant (et à la surprise de tous) par les Kings. Le même été, un pivot serbe drafté au second tour l’année précédente, dans l’anonymat le plus complet, faisait aussi son arrivée dans les Rocheuses. Un ans plus tard, c’est Jamal Murray qui était drafté.
Lentement, mais sûrement, Denver a ainsi compris que ces deux joueurs avaient quelque chose de spécial…
« Pat Riley a dit quelque chose il y a plusieurs années. Je l’avais accroché dans mon bureau quand j’étais le coach de Sacramento et ça parle de l’évolution de joueurs et des équipes en NBA », déclarait Michael Malone. « [Ça parle] de la façon dont vous passez d’un inconnu à quelqu’un de prometteur, de quelqu’un de prometteur à gagnant, de gagnant à prétendant au titre, de prétendant au titre à champion et, la dernière marche, c’est de champion à dynastie. »
Après deux échecs en 2017 puis 2018, il faudra cependant attendre quatre saisons, et 2018/19, pour voir les Nuggets accrocher les playoffs. Ils atteindront ensuite la finale de conférence dans la « bulle » d’Orlando, en 2020, après avoir remonté deux retards de 1-3 et pour remporter leurs deux premières séries.
« Parfois, votre rêve est retardé de quelques années, mais on a persévéré et ajouté les pièces manquantes… »
Il y avait sans conteste un feu sacré dans cette jeune équipe… malheureusement tamisé par les blessures à répétition. Nikola Jokic avaient beau enchaîner les performances incroyables, glanant deux trophées de MVP en 2021 puis 2022, les Nuggets n’avaient juste aucune chance en playoffs.
« Michael [Porter Jr.] est encore un jeune joueur, il va continuer de progresser. Le récupérer lui, mais aussi Jamal [Murray], c’est vraiment ce que j’avais en tête il y a quelques années, quand on a récupéré Aaron Gordon », expliquait Michael Malone. « Parfois, votre rêve est retardé de quelques années, mais on a persévéré et ajouté les pièces manquantes. C’est une sensation incroyable. »
Le sourire de « Coach Mike », c’est celui d’un inventeur un peu déjanté qui avait vu tout le potentiel de son groupe avant tout le monde et qui savourait de ne plus avoir à répéter haut et fort ce dont il était témoin tous les jours. Denver en est là grâce à son duo de stars et des « role players » choisis avec minutie au fil des années, donc son avenir est tout autant radieux que le sourire de son entraîneur…
« Quand j’ai été transféré, on a tous vu immédiatement que l’on pouvait accomplir quelque chose de spécial », rapportait Aaron Gordon. « Toutes les pièces du puzzle étaient là et puis, évidemment il y a eu des blessures. Mais on a signé [Bruce Brown] et [Kentavious Caldwell-Pope] et, avec ces recrutements, c’était terminé ! »
Le sérieux des Nuggets illustré par Nikola Jokic
30.2 points, 14.0 rebonds et 7.2 passes de moyenne. Voici la ligne de stats, pour le moins incroyable, de Nikola Jokic au cours de ses premières Finals. Assez, bien sûr, pour qu’il remporte à l’unanimité le trophée tant convoité de MVP de la série.
Après le triomphe de son équipe, le « Joker », qui avait tenu les siens à bout de bras dans ce Game 5, est resté en retrait. D’abord, il est allé saluer tous les membres du Heat, avant de célébrer ce titre avec sa famille. Son travail était terminé.
« On a été bon dans notre travail, on a gagné le trophée. C’est super mais il n’y a pas que ça dans la vie », rappelait le néo-MVP des Finals. « Ok, j’ai gagné. Pardon, nous avons gagné. Mais ce n’est pas la chose la plus importante dans ma vie. Personne n’aime son travail, peut être que certains si, mais ce sont des menteurs (il rigole). La plus belle chose que nous avons réussi à accomplir, c’est ce dont nous pensions être capables et que personne d’autre, en dehors de notre vestiaire, ne pensait être possible. Ça, c’est la plus belle chose que je retiens de cette saison. »
Le travail et le sérieux de Nikola Jokic sont centraux dans le succès des Nuggets. Malgré son allergie des projecteurs, le double MVP de la saison régulière a bien voulu accepter ce rôle, et le supporter sur ses (larges) épaules.
Quand il a été raillé pour sa défense, il a fait les progrès nécessaires pour ne plus être un handicap pour ses coéquipiers. Quand sa condition physique a été montrée du doigt, il a travaillé dur afin de changer et d’arriver prêt pour assumer le statut d’un « franchise player ». Il a porté cette équipe en l’absence de Jamal Murray et Michael Porter Jr. puis il s’est transformé en machine indéfendable, choisissant quand attaquer pour lui et quand servir ses partenaires, sans rechigner à devenir un scoreur au besoin.
« Je l’ai déjà dit plusieurs fois par le passé mais Nikola, même ce soir, donne juste l’impression de disputer un autre match. Il n’a jamais changé malgré tout son succès et il ne changera jamais : c’est juste sa nature », décrivait tendrement Michael Malone. « J’aime Nikola. Depuis huit ans. J’aime Jamal [Murray]. Depuis sept ans. On a connu beaucoup de hauts et de bas, mais on n’a jamais abandonné. »
À travers Michael Malone, Nikola Jokic et Jamal Murray, les Nuggets ont posé les bases d’un futur vainqueur, peut-être même d’une future dynastie. Ils ont persévéré dans les moments difficiles, sans jamais perdre de vue leur potentiel, et huit ans plus tard, huit ans de travail acharné, de larmes et de joie, Denver se retrouve sur le toit de la NBA. Et compte bien y rester.
Propos recueillis à Denver.
Tirs | Rebonds | |||||||||||||
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Joueurs | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Bp | Int | Ct | Fte | Pts |
Nikola Jokic | 70 | 36.7 | 57.6 | 41.7 | 80.0 | 2.9 | 9.9 | 12.7 | 10.2 | 3.3 | 1.8 | 0.6 | 2.3 | 29.6 |
Jamal Murray | 67 | 36.1 | 47.4 | 39.3 | 88.6 | 0.7 | 3.2 | 3.9 | 6.0 | 2.1 | 1.4 | 0.5 | 1.9 | 21.4 |
Michael Porter, Jr. | 77 | 33.7 | 50.4 | 39.5 | 76.8 | 1.8 | 5.2 | 7.0 | 2.1 | 1.4 | 0.6 | 0.5 | 2.0 | 18.2 |
Christian Braun | 79 | 33.9 | 58.0 | 39.7 | 82.7 | 1.2 | 3.9 | 5.2 | 2.6 | 1.0 | 1.1 | 0.5 | 2.2 | 15.4 |
Aaron Gordon | 51 | 28.4 | 53.1 | 43.6 | 81.0 | 1.6 | 3.3 | 4.8 | 3.2 | 1.4 | 0.5 | 0.3 | 1.6 | 14.7 |
Russell Westbrook | 75 | 27.9 | 44.9 | 32.3 | 66.1 | 1.4 | 3.6 | 4.9 | 6.1 | 3.2 | 1.4 | 0.5 | 2.5 | 13.3 |
Julian Strawther | 65 | 21.3 | 43.2 | 34.9 | 82.2 | 0.3 | 1.9 | 2.2 | 1.3 | 0.9 | 0.6 | 0.2 | 2.3 | 9.0 |
Peyton Watson | 68 | 24.3 | 47.7 | 35.3 | 69.3 | 0.7 | 2.7 | 3.4 | 1.4 | 0.8 | 0.7 | 1.4 | 1.8 | 8.1 |
Jalen Pickett | 49 | 13.6 | 42.8 | 39.6 | 75.0 | 0.3 | 1.1 | 1.4 | 2.2 | 0.5 | 0.4 | 0.1 | 0.8 | 4.1 |
Deandre Jordan | 56 | 12.3 | 65.0 | 0.0 | 42.2 | 1.5 | 3.6 | 5.1 | 0.9 | 0.7 | 0.3 | 0.5 | 1.3 | 3.7 |
Dario Saric | 16 | 13.1 | 36.2 | 26.9 | 70.0 | 0.9 | 2.3 | 3.1 | 1.4 | 0.9 | 0.4 | 0.1 | 1.2 | 3.5 |
Zeke Nnaji | 57 | 10.7 | 49.6 | 32.7 | 61.4 | 0.6 | 1.0 | 1.6 | 0.4 | 0.2 | 0.4 | 0.7 | 1.1 | 3.2 |
Hunter Tyson | 51 | 7.8 | 37.5 | 31.1 | 75.0 | 0.5 | 1.0 | 1.5 | 0.4 | 0.3 | 0.2 | 0.1 | 0.9 | 2.6 |
Vlatko Cancar | 13 | 10.4 | 38.5 | 26.7 | 0.0 | 0.5 | 2.0 | 2.5 | 0.7 | 0.8 | 0.2 | 0.2 | 0.8 | 1.8 |
P.j. Hall | 19 | 3.5 | 58.3 | 25.0 | 75.0 | 0.3 | 0.8 | 1.2 | 0.2 | 0.1 | 0.0 | 0.2 | 0.6 | 1.7 |
Trey Alexander | 24 | 4.9 | 31.7 | 17.6 | 75.0 | 0.0 | 0.5 | 0.5 | 0.5 | 0.2 | 0.1 | 0.0 | 0.4 | 1.3 |
Spencer Jones | 20 | 6.2 | 32.4 | 5.9 | 100.0 | 0.4 | 0.5 | 0.9 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.9 | 1.3 |