LeBron James face aux Warriors, acte V. Pour la cinquième fois après 2015, 2016, 2017 et 2018, le « King » et les « Dubs » croisent le fer en playoffs mais, cette fois-ci, ce n’est pas au stade des Finals ni dans une série qui implique les Cavaliers, mais bien en demi-finale de conférence, à l’Ouest, et avec les Lakers.
Cinq ans plus tard, beaucoup de choses ont évolué, à commencer par le « supporting cast » de LeBron James, qui est aujourd’hui principalement entouré par Anthony Davis à Los Angeles. Quant au « Big Three » de Golden State, il donne l’impression de se rapprocher progressivement d’une fin de cycle et nul doute que Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green adoreraient boucler la boucle avec une cinquième bague, et un second « back-to-back ».
Pour ce faire, il faudra donc passer sur le corps de ces Lakers transformés depuis la « trade deadline », au point de faire chuter les Grizzlies sans trop de problème au premier tour, alors que LeBron James doit assurément rêver d’être le premier à faire tomber les hommes de Steve Kerr dans la conférence Ouest (19-0 depuis 2015 !).
Toujours au premier tour, on a d’ailleurs cru que les Kings allaient être l’équipe qui rendrait les Warriors beaucoup moins « fine in the West », mais le Game 7 a finalement tourné à l’avantage des champions en titre, tandis que Stephen Curry a démontré qu’il restait un joueur unique et phénoménal. Il n’empêche que cette série à rallonge peut laisser des traces sur les organismes, alors que l’enchaînement est très rapide et que les rencontres se dérouleront maintenant tous les deux jours.
Pour l’anecdote, on notera que ce n’est que la seconde fois de l’histoire, après 1987 (Rockets/Sonics en demi-finale de conférence), qu’une tête de série numéro 6 et une tête de série numéro 7 se rencontrent en playoffs. Symbole de cette campagne où les « upsets » s’accumulent.
PRESENTATION DES WARRIORS
Les titulaires : S. Curry, K. Thompson, A. Wiggins, Dr. Green, K. Looney
Les remplaçants : J. Poole, G. Payton II, D. DiVincenzo, M. Moody, A. Lamb, J. Kuminga, Ja. Green
Les absents : A. Iguodala
Le coach : S. Kerr
On prend les mêmes et on recommence… Au sortir de leur titre acquis face aux Celtics, les Warriors ont fait le choix de repartir avec une base globalement identique et, malgré cette stabilité, ils ont peiné à rester installés dans les hauteurs de l’Ouest. Il faut dire que le banc des champions en titre a perdu de son éclat, alors que les blessures et les absences des uns ou des autres ont aussi fragilisé l’ensemble. Sauf que le vécu du cinq majeur de Steve Kerr, couplé à l’expérience et la culture de la gagne de la franchise, permet à Golden State de maintenir un niveau élevé de compétitivité en playoffs et d’y franchir des tours.
POINTS FORTS
– L’expérience des playoffs. Avec six participations aux Finals, pour quatre titres, les Warriors ont mis en place une véritable dynastie depuis 2015 et l’ossature de celle-ci (Steve Kerr, Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green et Andre Iguodala) est toujours bien présente. Malgré une 6e place et une saison en dents de scie, il est impossible d’ignorer le fait que Golden State reste l’équipe la plus expérimentée de la ligue et, au-delà du Game 7, la série face aux Kings l’a prouvée puisque le cinq majeur des « Dubs » a comme souvent répondu présent (+44 de différentiel). Preuve que le coeur du champion bat encore.
– L’adresse à 3-points. Derrière Stephen Curry, Klay Thompson et Jordan Poole, les Warriors tentent le plus de tirs à 3-points en NBA cette saison et ils sont aussi la deuxième équipe la plus adroite de la ligue à ce niveau. La bande de Steve Kerr se procure ces tentatives lointaines grâce à un jeu fait de mouvement, d’altruisme et de rythme, mais elle a toutefois pris la fâcheuse habitude d’en abuser. L’obstacle Kings est passé non sans exceller dans le domaine, mais la défense des Lakers pourrait leur compliquer un peu plus la tâche. Sauf que, cette fois-ci, en cas de concours de 3-points, on aura tendance à miser sur les snipers de Golden State.
– L’avantage du terrain. Contrairement au premier tour, les Warriors joueront au maximum quatre matchs à domicile, et non trois, puisqu’ils se sont classés devant les Lakers en saison régulière. Le double « upset » de Golden State et Los Angeles contre Sacramento et Memphis a rendu ce cas de figure possible et cela risque de faire les affaires des hommes de Steve Kerr, plus à l’aise à la maison (35-9) que loin de leurs bases (13-32) cette saison. Surtout en cas de série qui s’étire sur sept matchs…
POINTS FAIBLES
– La profondeur de banc. Contrairement aux autres années, on ne peut pas dire que Steve Kerr peut compter sur une « second unit » de qualité ou, en tout cas, productive et influente. Derrière l’irrégulier Jordan Poole et le soldat Gary Payton II, il y a Donte DiVincenzo qui peine à avoir le même apport qu’en fin de saison régulière, Moses Moody utilisé avec parcimonie, alors que l’on se demande si Jonathan Kuminga saura répondre présent quand son coach fera appel à lui face aux grands gabarits des Lakers. Sans doute l’un des points de bascule de la série, car Los Angeles possède en l’état des rotations plus influentes.
– Les pertes de balle. C’est un thème récurrent et historique pour les Warriors. Chaque année, ils font partie des cancres de la ligue dans ce domaine et, cette saison, c’est encore le cas. S’ils ne corrigent pas cette tendance contre Los Angeles, ils se mettront en danger. Mais l’avantage, c’est que les Lakers perdent aussi pas mal de balles et que, même si cela pourrait offrir des munitions supplémentaires à une attaque qui adore s’en nourrir avec LeBron James à la baguette, les coéquipiers de Stephen Curry risquent d’avoir de nombreuses situations de transition où ils pourront punir. D’où l’importance de gagner cette bataille des possessions…
– Un manque de régularité. Pendant toute la saison, les Warriors ont manqué de rigueur et de concentration. Ils ont rarement su jouer pendant 48 minutes. Des erreurs qui peuvent se payer cash en playoffs, d’autant plus face à une équipe emmenée par le cérébral LeBron James. Les tauliers des « Dubs » ont clamé haut et fort que tout serait réglé quand les choses sérieuses allaient débuter, mais ces mauvaises habitudes n’ont évidemment pas complètement disparu comme par magie. Gare à ne pas se faire rappeler plus sérieusement à l’ordre par ces Lakers, lors d’un éventuel Game 7 ou même bien plus tôt…
PRÉSENTATION DES LAKERS
Les titulaires : D. Russell, A. Reaves, L. James, J. Vanderbilt, A. Davis
Les remplaçants : D. Schröder, Ma. Beasley, L. Walker IV, T. Brown Jr, R. Hachimura, W. Gabriel, M. Bamba, T. Thompson
Absents : /
Le coach : D. Ham
Tronquée par les blessures des uns et des autres, la saison des Lakers a cependant été sauvée par les échanges effectués en cours de route, qui ont notamment permis d’obtenir D’Angelo Russell, Jarred Vanderbilt et Rui Hachimura. De quoi entourer LeBron James et Anthony Davis avec des profils plus complémentaires à leur jeu et influents que ne l’étaient Russell Westbrook, Patrick Beverley, Kendrick Nunn ou encore Thomas Bryant. Jusqu’à présent, cela se traduit sur le parquet, puisque le collectif angeleno cartonne avec cinq joueurs différents à 15+ points de moyenne au premier tour. Un effectif bien armé, donc.
POINTS FORTS
– Un collectif en place. Aussi surprenant que cela puisse paraître, malgré les présences de LeBron James et Anthony Davis, les Lakers ont connu cinq meilleurs scoreurs différents sur les six matchs de leur premier tour. Entre son duo LeBron/Davis bien sûr, mais également D’Angelo Russell, Austin Reaves ou l’étonnant Rui Hachimura en sortie de banc, Darvin Ham semble avoir trouvé un bel équilibre collectivement et, aujourd’hui, on se demande tout simplement si cet effectif de Los Angeles n’est pas le mieux armé depuis le titre dans la « bulle » d’Orlando, ou carrément sous l’ère-James…
– Une défense de qualité. Dans le sillage du tentaculaire Anthony Davis, qui ne cesse d’accumuler les contres depuis le début des playoffs (26 au total !), les Lakers proposent des séquences défensives pour le moins étouffantes, puisque tout le monde fait les efforts pour le bien du collectif (103 points encaissés sur 100 possessions). La faiblesse demeure dans le « backcourt », ce qui peut inquiéter face aux « Splash Bros », mais dans le « frontcourt », la taille, la polyvalence et la puissance des « Purple & Gold » peut en gêner plus d’un. À commencer par les Warriors, pas réputés pour dominer dans la peinture sous Steve Kerr.
– La dynamique. Grâce au travail et à l’audace de Rob Pelinka, les Lakers ont renversé une situation mal embarquée à partir de la « trade deadline ». À tel point qu’ils se sont imposés comme la meilleure équipe de la conférence Ouest après le All-Star Break, alors que LeBron James a pourtant manqué un mois de compétition. Forts d’une défense efficace et d’une adresse à 3-points en hausse, les Californiens ont lancé pour de bon leur saison et ils se dressent en épouvantails de ces playoffs, car ils restent guidés par deux des 10/15 meilleurs joueurs de la ligue, eux-mêmes épaulés par une belle armée de « role players » en confiance.
POINTS FAIBLES
– Une adresse à 3-points fluctuante. Les arrivées de D’Angelo Russell et Malik Beasley leur ont certes apporté plus de danger derrière l’arc, mais les Lakers restent capables de connaître de sérieux trous d’air dans ce domaine, ce qui ne profite évidemment pas à leur jeu qui a besoin d’espace, pour laisser LeBron James et Anthony Davis manoeuvrer comme il le faut. Les progrès sont là depuis le All-Star, mais ce n’est pas encore au niveau des meilleures équipes de la ligue et, contre les Warriors, il le faudra pour faire fructifier leurs bonnes possessions défensives, car la domination intérieure ne suffira probablement pas.
– Les minutes sans Anthony Davis. Plus que jamais, les Lakers semblent dépendants de leur intérieur dans ces playoffs. On a ainsi affaire à une équipe totalement différente quand « AD » est là et quand il n’est pas là, lui qui affiche le meilleur différentiel du premier tour (+69). Jusqu’à présent, il n’est donc guère surprenant de constater que Los Angeles s’est retrouvé en difficulté, mais a tenu, dès que Davis a pris quelques minutes de repos face aux Grizzlies. D’autant que Darvin Ham faisait le choix de passer en « small ball » à ce moment-là, plutôt que de tenter l’option Mo Bamba, Wenyen Gabriel voire Tristan Thompson…
– La santé. Depuis la mise en place de leur association LeBron James – Anthony Davis, les Lakers ont remporté un titre, échoué en playoffs quand Davis s’est blessé, puis raté les playoffs quand les pépins physiques de LeBron et Davis ont (re)fait surface. Au complet, on pourrait donc dire qu’ils n’ont pas encore trouvé plus fort qu’eux et, s’ils veulent aller loin cette année, il leur faudra espérer que leur duo majeur reste à 100% ou, du moins, sur ses deux jambes suffisamment longtemps. Pas impossible, mais pas garanti pour autant, pour ces profils fragiles…
LES CLÉS DE LA SÉRIE
– Le physique de Los Angeles. Historiquement, les Warriors ne sont pas à l’aise quand il leur faut défier des équipes où les joueurs de grande taille pullulent et, côté Lakers, c’est justement l’une des forces de l’effectif, avec Anthony Davis, LeBron James, Jarred Vanderbilt, Rui Hachimura et Wenyen Gabriel, sans oublier Mo Bamba et Tristan Thompson, qui culminent tous à 2m05, ou plus. On se demande ainsi comment les attaquants de Golden State vont s’adapter à la forêt de bras –et notamment ceux de Davis– qui se dressera devant eux près du cercle, après un « pick-and-roll » par exemple. D’où l’importance du tir à mi-distance ?
– L’apport de Kevon Looney. Dominateur sous les panneaux face à Domantas Sabonis, le soldat de Steve Kerr va rencontrer maintenant un joueur d’un autre calibre : Anthony Davis. Un « AD » qui ne sera pas le seul grand à se frotter aux intérieurs des Warriors qui, comme à leur habitude, risquent de souffrir contre des gabarits imposants et, ce, malgré la présence d’un « Loon » qui peut faire du dégât au rebond, mais qui va aussi être plus embêté que contre Sacramento. Or, si le seul pivot de métier de Golden State ne peut pas peser, notamment à cause de son absence de shoot, la bataille de la peinture va être à sens unique.
– Le ciblage des maillons faibles en défense. Jordan Poole d’un côté, D’Angelo Russell de l’autre. Nul doute que, dans le « backcourt », les deux joueurs seront les cibles privilégiées des attaquants sur « pick-and-roll » et donc en isolation. Reste à savoir lequel de ces deux joueurs saura limiter au maximum les multiples offensives adverses avec un apport conséquent de l’autre côté, même si l’on imagine que des éléments comme Donte DiVincenzo et Gary Payton II ou Dennis Schröder et Austin Reaves auront un rôle important à jouer dans chaque camp.
– Le contrôle de la ligne des 3-points. On l’a dit, mais les Warriors sont réputés pour la qualité de leurs shooteurs extérieurs, tandis qu’en comparaison, les Lakers font figure de mauvais élève de la ligue à ce niveau. Sauf que, dans une série de playoffs si indécise, l’équipe qui shootera le mieux, ou saura en tout cas le mieux tirer profit des munitions dont elle bénéficiera (par rapport au premier tour, surtout), s’offrira un avantage certain en vue de la qualification. À noter, cependant, que Los Angeles sait faire oublier sa maladresse en allant sur la ligne des lancers, alors que Golden State peine à s’y présenter aussi régulièrement.
SAISON RÉGULIÈRE
Los Angeles 3-1
– 18 octobre : Golden State – Los Angeles (123-109)
– 11 février : Golden State – Los Angeles (103-109)
– 23 février : Los Angeles – Golden State (124-111)
– 5 mars : Los Angeles – Golden State (113-105)
VERDICT
Là encore, il nous semble bien difficile de prédire l’issue de cette série, tant Warriors et Lakers nous paraissent proches l’un de l’autre. L’une des données importantes, c’est que les champions en titre possèdent l’avantage du terrain et un mental à toute épreuve, ce qui n’en rendra que plus compliquée la mission de LeBron James et ses coéquipiers, qui auront toutefois eu quelques jours de repos supplémentaires bienvenus.
En l’état, on ose pourtant se ranger du côté de Golden State, car on suppose que l’expérience, le calme, la sérénité et la régularité sous pression de Stephen Curry et consorts saura dompter et faire craquer à l’usure ce Los Angeles-là. Encore plus avec l’avantage du terrain en faveur des hommes de Steve Kerr et s’ils retrouvent un minimum de réussite extérieure comparé au premier tour.
Pour Los Angeles, la qualification passera forcément par une entame de série au même niveau que leur défense : irréprochable, en chipant pourquoi pas le Game 1 grâce aux jambes lourdes adverses. Mais il faudra bien sûr que le duo LeBron James – Anthony Davis domine davantage qu’au premier tour, sans que cela n’affecte la productivité de leurs coéquipiers en soutien, et que la raquette soit verrouillée comme rarement, histoire de compenser cette adresse à 3-points pas toujours au rendez-vous.
Mais cela fait peut-être un peu trop de conditions à réunir pour passer un tel obstacle, dans une demi-finale de conférence…
Golden State 4-3
CALENDRIER
Game 1 : à Golden State, mardi 2 mai (04h00, dans la nuit de mardi à mercredi).
Game 2 : à Golden State, jeudi 4 mai (03h00, dans la nuit de jeudi à vendredi).
Game 3 : à Los Angeles, samedi 6 mai (02h30, dans la nuit de samedi à dimanche).
Game 4 : à Los Angeles, lundi 8 mai (04h00, dans la nuit de lundi à mardi).
Game 5* : à Golden State, mercredi 10 mai (à déterminer, dans la nuit de mercredi à jeudi).
Game 6* : à Los Angeles, vendredi 12 mai (à déterminer, dans la nuit de vendredi à samedi).
Game 7* : à Golden State, dimanche 14 mai (à déterminer, dans la nuit de dimanche à lundi).
* Si nécessaire.